mardi 1 février 2011

Valérie Pécresse, le malaise.

Le procès de Jacques Chirac, accusé de prise illégale d'intérêts et de détournement de fonds, aura lieu à partir du 7 mars 2011, devant le tribunal correctionnel de Paris.
Interrogé sur ce qu'elle pensait du prochain procès, Valérie Pécresse, après avoir louvoyé pour répondre à la question du journaliste du Monde, a  répondu :
« Je ressens, vis-à-vis de ce procès, un malaise. »
Malaise qu'elle explique en reprenant les propos d'Arnaud Montebourg qui avait dit que ce procès, qui s'ouvrait 20 ans après les faits, venait trop tard.
Un malaise ? C'est tout ? C'est trop ou pas assez ! Et cela trahit bien comme il est difficile d'affirmer son opinion dans un gouvernement qui, si vous l'osez, n'hésite pas à vous convoquer de toute urgence pour vous faire remonter les bretelles par le premier ministre. Mais, rassurez-vous, Valérie Pécresse ne se contente pas de nous donner un bilan de santé :
« Je pense en plus que le préjudice a été réparé vis-à-vis de la Mairie de Paris. On a tourné la page »
Tiens ! Ainsi, pour notre ministre de la République Française, la Justice se rendrait à coups d'argent ? Ne serait-ce pas oublié que la Justice n'est ni un produit ni un service et qu'à ce titre elle ne se rend pas à coups de cartes de crédit, de chèque bancaire ou de monnaie sonnante et trébuchante. La justice n'est pas un marchandage !
Le préjudice ? Mais lequel ? Celui fait à la Ville de Paris a certes été réparé financièrement . Mais qu'en est-il du préjudice fait à la Nation par un de ses élus qui en aurait contourné les lois ? Qu'en est-il du préjudice causé à tous les chômeurs qui, si les emplois n'avaient pas été squatté par des amis ou des militants, aurait peut-être trouvé un travail ?
Décidément, cette approche pragmatique, réaliste, dont se glorifient les membres du gouvernement, et certains ultralibéraux qui sévissent actuellement en France, manque cruellement de dimension morale, de sens de l'État, et de responsabilité de ses actes. Le maire de Paris, en acceptant un accord financier, en guise d'indemnités pour le préjudice subi, donne l'impression qu'il ne veut pas de ce procès. Pourquoi ? Pourquoi un élu de la République accepte-t-il de se substituer à la décision de la justice et de limiter ce qui est caractérisé comme un délit, à une simple question d'argent.
Il ne sert à rien, comme le fait Valérie Pécresse, de rappeler - en tordant quelque peu la vérité lorsqu'elle prétend que Jacques Chirac a été plébiscité - que Jacques Chirac a été Président de la République. Bien au contraire, cela aggrave les choses au regard des charges et lui seul les poursuites judiciaires.
Il ne sert à rien de rappeler qu'il est vieux et que le procès vient bien tard, car il ne faut tout de même pas oublier que, si ce procès a mis si longtemps à s'ouvrir devant un tribunal, c'est probablement parce que l'administration de la justice, chapeauté par des amis politiques de Jacques Chirac, a fait son maximum pour que les différentes instructions ralentissent le processus.
Il ne sert à rien, comme le font certains, de faire des allusions sur l'état de santé de Jacques Chirac. Je pense que si les juges ont un doute sur le sujet, ils ont les moyens de lever ce doute. Du reste, si Jacques Chirac est réellement malade, au point de ne pas pouvoir assister à son procès, il devrait démissionner du conseil constitutionnel et de toutes les charges et qu'il pourrait encore occuper. Il ne faut tout de même pas oublier, non plus, que si Jacques Chirac est convoqué devant les juges c'est parce qu'il est accusé de prise illégale d'intérêts et de détournement de fonds . Ce qui vaudrait à n'importe quel citoyen de base un procès dans les cinq ans après la découverte des faits, et une condamnation extrêmement sévère.
Alors certes, Jacques Chirac est un monsieur de 78 ans, qui se dit aujourd'hui même en bonne santé, qui a certainement eu une vie passionnante, peu usante physiquement et probablement très enrichissante. Il n'en demeure pas moins que comme tout citoyen français qu'il est devenu depuis qu'il n'est plus président de la république, il est justiciable.
Alors certes, Jacques Chirac, pour la plupart des charges qui pèsent contre lui n'est certainement pas intervenu directement et n'a pas commis seul délit qu'on lui reproche. Il ne faut cependant pas oublier que si il est poursuivi aujourd'hui, c'est parce que à l'époque des faits, il avait, de par sa position de maire de Paris, la responsabilité légale de tous les actes qui s'accomplissaient dans l'administration de la Ville de Paris dont il avait la tutelle. Car, que ce soit les maires, les ministres, ou le chef de l'État, on oublie trop souvent que, de par leurs fonctions, ils sont les responsables suprêmes des administrations dont ils ont la tutelle en tant que maire, le ministre, où que chef de l'État. C'est en leur nom et avec leurs délégations de signature que toute la hiérarchie administrative agit. Ce n'est pas pour rien que le législateur en a décidé ainsi. C'est pour, en cas de poursuites judiciaires, avoir un responsable à punir. Ce que normalement, notre personnel politique, ne peut ignorer.
Alors,à ceux qui ont un malaise en entendant qu'un monsieur de 78 ans va « passer en justice », si ils ont réellement besoin de manifester leur compassion, je signale qu'il y a actuellement un vieux monsieur de 88 ans qui rencontre énormément de problèmes, alors qu'il a travaillé 50 ans, durement, sur les chantiers de France, et qu'à l'heure actuelle, pour gagner quelques sous, ils posent encore du carrelage chez tous ceux qui veulent bien le faire travailler.
Si Mme Pécresse, ou d'autres, ressent le besoin de se pencher avec compassion sur le sort de personnes âgées qui rencontrent des difficultés, je leur suggère de prendre contact avec les différents ministres qui ont en charge le bon fonctionnement de leurs administrations de tutelle et de faire en sorte que ce vieux monsieur puisse enfin vivre en paix.
Sources: Le Monde; France-Soir; Nice-Matin; Le Parisien

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