vendredi 18 février 2011

DSK: une stratégie gaullienne

Ça fait un bout de temps que je me demande à quoi rime le flou artistique dans lequel Dominique Strauss-Kahn - et son entourage politique, y compris au sein du parti socialiste- nous maintient depuis l'annonce qu'il y aura des primaires pour déterminer le meilleur candidat aux élections présidentielles de 2012.

J'ai d'abord essayé d'analyser calmement sa situation, les enjeux qu'il y avait pour lui à déclarer ou à ne pas déclarer sa candidature.
Puis j'ai observé son action au sein du Fonds Monétaire International , les directives de cet organisme, parti prenante de la mondialisation non démocratique (dans la mesure où les dirigeants du FMI, de l'OCDE, de l'ONU, etc. ne sont pas élus par les peuples mais par des corporations), les différentes déclarations du candidat Dominique Strauss-Kahn aux précédentes primaires socialistes, ses actions  en tant que ministre sous la présidence de François Mitterrand, les positions qu'il prenait en matière de réforme économique européenne et française, notamment celle des retraites . Enfin, j'ai essayé d'établir un dialogue avec certains partisans de Dominique Strauss-Kahn, au sein desquels j’ai retrouvé , à ma grande surprise, de nombreux ex soutiens de François Bayrou Clignement d'œil.

De tout ceci, j'en arrive à un constat qui a mis longtemps à émerger mais qui s'impose maintenant à moi comme une évidence :

Faute de pouvoir être présent sur le terrain politique français, Dominique Strauss-Kahn est en train d'utiliser la même technique que celle qu'utilisa en son temps le général De Gaulle.  À savoir que, confortablement installé, à l'étranger, dans des bureaux londoniens, entouré d'autres décideurs internationaux, ce dernier non seulement préparait la libération du territoire français mais également sa prise de pouvoir en France. Pendant ce temps, le peuple français, et en particulier les résistants, risquaient leur vie, souffraient des représailles et des effets immédiats de la guerre d'invasion. Par un réseau habile de communication, De Gaulle a, petit à petit, réussi à s'imposer comme “la voix” et “le sauveur” de la France, ce qu'il n'aurait certainement pas réussi à faire une dizaine d'années avant, si il s'était présenté à des élections. Eh bien voyez-vous, Dominique Strauss-Kahn fait exactement la même chose.

  • Il ne vient pas se battre en France pour les Français, contrairement à Ségolène Royal.
  • Il utilise un réseau bien établi basé sur des organismes de communication, des médias, les instituts de sondage, pour préparer le terrain, et l'opinion, et apparaitre comme le sauveur qui viendra bouter hors de France les envahisseurs ultralibéraux et racistes.
  • Comme De Gaulle, il fait ainsi oublier à tout le monde qu'il n'a pas de véritable programme « personnalisé » pour la France et qu'en fait il travaille actuellement pour ceux-là mêmes qui sont à l'origine de la crise sociale et économique que les Français subissent.
  • Comme De Gaulle qui trouvait sa légitimité dans le fait d'être général, Dominique Strauss-Kahn trouve sa légitimité dans le fait d’être directeur du FMI. Il peut apparaitre comme quelqu'un qui a suffisamment de distance avec le marasme politique dans lequel notre personnel politique patauge
  • Comme pour De Gaulle, certains de ses proches vont s'appliquer à écarter avec plus ou moins de doigté, certains prétendants au poste suprême, afin que leur poulain trouve place nette en arrivant.
  • Et pour agrémenter le tout, la moindre de ses petites phrases reprise à l'envi lui permet, comme le faisait la radio 'libre" de l'époque, d'être présent en France sans être obligé d'y venir. Autre avantage, et non des moindres, c'est que lorsqu'il vient en France, les médias, les agences de presse, telles des midinettes en folie , vont reprendre le moindre de ses petits mots, le moindre de ses petits gestes et s'en faire l'écho.

Et le plus fort, c'est que comme en 1944, la stratégie pourrait marcher et pour les mêmes raisons :
- l'immense fatigue des Français,

- l'immense pauvreté sociale, économique, morale et intellectuelle dans lesquelles depuis plus de 10 ans, de pseudo guerre économique en pseudo compétitivité, la droite libérale embourbe le pays et ses habitants,

- le désarroi profond face à une élite politique sans vergogne qui ne se cache même plus de briguer un mandat électoral uniquement pour profiter d'avantages   et de privilèges  par la mondialisation,
- le besoin de paix et d'avenir pour oublier le marasme de vie que les dirigeants des 30 dernières années n'ont voulu orienter que vers la production et la consommation, n'hésitant pas à prôner l'exode, aujourd'hui appelée mobilité professionnelle,et l'exclusion sociale de ceux qui n'étaient pas aux normes.

Oui, quand bien même les 30 années qui viennent de passer n'ont pas, comme la dernière guerre mondiale, généré des millions de morts - du moins en France- des destructions physiques massives de ville, d'usines, force est de constater qu'elles ont produit au sein de la population la même profonde dépression.

Alors, oui, on pourrait penser que la stratégie du général De Gaulle pourrait servir à DSK pour parvenir à être désigné candidat de la gauche en 2012 et peut-être être élu président de la République.

Sauf qu'il ne faut pas oublier qu'à la fin de la seconde guerre mondiale, une fois l'euphorie de la libération passée, tout général De Gaulle qu'il était, le « sauveur » de la France s'est vu imposer, au travers du plan Marshall, un plan de redressement économique par une puissance étrangère,les États-Unis, qui en a profité pour nous imposer son modèle d'organisation du travail, ses industries et ses produits, l'hégémonie de sa monnaie, etc. Heureusement pour nous que le Conseil National de la Résistance a su imposer à ce moment-là son projet social et constitutionnel !

Je ne vois pas, alors que nous somme quasiment dans la même situation que celle de l'immédiat après guerre, à quel titre Dominique Strauss-Kahn, tout président du FMI, ou “ brillant économiste”  , ou “ fin stratège “  qu'il puisse être, pourrait faire mieux - ou pire - que le général De Gaulle. Son programme électorale sera-t-il un plan Marshall new look?

Je me méfie énormément de cette mondialisation et de cette gouvernance mondiale dont beaucoup nous parlent, et à laquelle Dominique Strauss-Kahn coopére en étant directeur du FMI, sans jamais aborder à aucun moment la question de l'élection de représentants du peuple dans ses instances. En dehors du parallèle avec la stratégie gaullienne, quand j'entends dire que Dominique Strauss-Kahn souhaiterait être désigné comme le candidat socialiste sans avoir à passer par les élections primaires , quand je lis que certains de ses soutiens incitent des candidats déclarés à retirer leur candidature pour laisser le champ libre à Dominique Strauss-Kahn, ce manque d'esprit démocratique, de respect du processus électif, provoque chez moi une méfiance énorme et un rejet massif de la candidature de Dominique Strauss-Kahn.

Sources: FMI; Libération; Les Moutons enragés; France2; Challenges; France5; Observatoire des inégalités;Herodote; L’Express; Arte; Le Post

1 commentaire:

  1. Vous avez entierement raison de comparer sa strategie a D.G..Esperons,commes lui en 58,qu'il ne reussise pas son coup d'etat(sondagier).A dieu ne plaise.

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