samedi 5 février 2011

Ruth Elkrief et la mauvaise foi.

Ruth Elkrief, animatrice de la chaine de télévision BFM TV, a cru bon de "s'attaquer" à Ségolène Royal lors de son billet d'humeur du 4 février.

Au prétexte que Ségolène Royal avait gentiment averti Nicolas Hulot qu'une candidature médiatique ne marchait pas, Ruth Elkrief a cru bon de rappeler que Ségolène Royal n'avait pas hésité à médiatiser sa candidature. Ce faisant, indirectement, notre animatrice accuse Ségolène Royal d'être mauvaise foi.

Crédit: Youtube L'humeur du 4 février

Malheureusement pour elle, au travers de ce billet d'humeur, c'est toute la mauvaise foi de Ruth Elkrief qui est mise en évidence.

Car voilà une journaliste politique expérimentée, pas une débutante dans son métier, qui commence sa rubrique en ventant les exploits sportifs de N.Hulot sans se demander si ses exploits :

1- sont suffisant pour faire de N.Hulot un Président de la République digne de ce nom.

2- sont vraiment des exploits qu'on peut attribuer à Nicolas Hulot uniquement, dans la mesure ou ils sont accomplis avec une équipe de tournage, de nombreux consultants, assistants et donc ne sont pas individuels

3- réalisés un peu partout dans le monde, nécessitant du matériel, des déplacements en avion et en hélicoptère ou en bateau, donc polluants, ne sont pas en totale contradiction avec l'étiquette politique que serait censé représenter N.Hulot
A mon avis, c'est le minimum syndical qu'on aurait pu attendre d'un journaliste politique qui se respecte et qui respecte le principe de neutralité de la charte éthique des journalistes.

Mais croyant attaquer subtilement la candidate aux prochaines élections présidentielle, Ruth Elkrief, présente un "acte d'accusation", censé illustrer que S.Royal, a largement utilisé ce type de candidature. Notons au passage, que dans son intervention, Ségolène Royal ne nie absolument pas qu'elle a fait l'expérience d'une candidature médiatique. Elle dit très simplement :

"Les gens croient qu'être président, c'est toujours plus facile que ça parait. C'est un long travail, (…) il faut un projet, ça ne s'improvise pas...les candidatures médiatiques n'ont jamais réussi. Maintenant, on verra. Il [Nicolas Hulot . ndlr]est connu grâce à ses émissions sur TF1 essentiellement. (…) Porter un pays, ce n'est pas comme porter une émission de télé ... Il est très sympathique au demeurant"
il n'y a, dans les propos de Ségolène Royal, rien qui permette de dire que cette dernière est de mauvaise foi, comme le sous-entend  Ruth Elkrief.

Mais cette dernière, probablement victime d'une brève amnésie, oublie deux choses qu'en tant que journaliste elle ne peut oublier:

1- Ségolène Royal, qui est très loin d'être une imbécile, elle, sait mieux que quiconque que ce type de candidature ne marche pas. Elle en a fait l'expérience, il y a déjà plusieurs années et en a tiré les conséquences. Il faut être aveugle ou borné pour ne pas avoir constaté que depuis déjà deux ans, Ségolène Royal a totalement changé de stratégie, de façon de communiquer, s'est séparée des mauvais conseillers en communication et en images qui l'entouraient, et que depuis, chacune de ses interventions ne porte que sur ses propositions et ses réalisations principalement dans le cadre de son mandat politique de président de la région Poitou-Charentes. Elle est donc très loin, depuis deux ans, d'une candidature médiatique uniquement basée sur l'image et l'apparence.

2- Dans l'expression "candidature médiatique", il y a « médiatique ». Ce qui veut dire qu'une telle candidature ne peut se faire que si les médias jouent le jeu... les médias et les journalistes qui y travaillent. La candidature médiatique est donc "un jeu" entre un candidat et des journalistes qui, pour alimenter les journaux et leur permettre de gagner de l'argent, recherchent les déclarations de tel ou tel candidat fait et n'hésitent pas à enfreindre parfois la loi, pour glaner une information ou une photo garantissant le scoop. Jeu dans lequel, effectivement candidat et journaliste peuvent se mettre d'accord ou pas. Mais aussi, jeu dans lequel le poids des responsabilités, si critique il doit y avoir, pèse tout autant sur le candidat que sur le journaliste. Si j'ose dire, la candidature médiatique est une boucle au sein de laquelle candidat et journaliste doit normalement trouver leur compte. Boucle dans laquelle il y a interdépendance entre candidats et journalistes.

Mais de cela, Ruth Elkrief ne nous a pas parlé, jouant la "Jean-Michel Apathie en jupons", croyant pointer du doigt la mauvaise foi de Ségolène Royal, et au final ne faisant qu'une chose : nous démontrer sa propre mauvaise foi. Car il faut être d'une sacrée mauvaise foi, pour prétendre que Ségolène Royal accuse Nicolas Hulot de « candidature médiatique » ( que je sache, ça n'est pas un délit reconnu par la loi), que les exploits sportifs de Nicolas Hulot en font un bon candidat à la présidence de la République, que sa prétendue écologie affichée, médiatisée, en fait le « pape de l'écologie », que Ségolène Royal aurait nié avoir par le passé utilisé les médias en tant que candidate, et, plus grave, que les journalistes dans le jeu de la médiatisation sont des agneaux naïfs qu'on manipule.

N'étant pas naïve que moi-même, j'ai tout à fait conscience que  Ruth Elkrief, dans son billet d'humeur, ne poursuivait pas un objectif journalistique d'information, mais qu'elle entendait bien apporter son obole à "l'antiroyalisme primaire" et, ce faisant satisfaire son employeur. Mais je trouve cela dommage car il arrive parfois que  Ruth Elkrief se montre un peu plus professionnelle et intéressante.
Source : YouTube ; Le Monde

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3 commentaires:

  1. Ne regardez plus la télévision ! C'est le lieu ou la propagande tire et vise toujours dans le même sens .... et ou des "gourous" sont mandatés par les patrons de presse pour diffuser tous les conservatismes des milieux d'affaires et politiques . Un faux pluralisme de façade est utilisé pour tourner en dérision les pensées innovantes et dé-crédibiliser ceux ou celles qui sont les pionniers d'une démocratie rendue au peuple . Ségolène Royal est emblématique d'une nouvelle façon de faire et penser la politique qui déstabilise l'ordre établi et dérange ce journalisme de "confort" et de passivité . Sortons pour voir ce qui se passe et participons : cette télé confisquée est devenue caduque ...Vive internet et Wikileaks !

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  2. Très bon article de chez Louise.Je ne connaissais pas cette journaliste de bfmtv,je ne suis pas prêt de lui être fidèle.Comme journaliste fidèle au fric de nos dirigeants ,elle peut rejoindre le camp,apathie denisot,alkabach,pernaud,duhamel,barbier,demorand et consord .Il y en a tellement,tellement!Pouah!

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  3. Chez Louise,
    Ruth Elkrief oublie également que Ségolène Royal n'a pas été inventée par les Médias mais qu'elle est une femme politique; elle ne fait que ça depuis qu'elle a quitté les bancs de l'école: 7 ans au cabinet de François Mitterrand,ministre à différents gouvernements de Gauche,élue et re-élue députée, Présidente de Région: elle n'était donc pas une candidature médiatique, mais une candidate médiatisée ou qui a médiatisé son action politique pour la faire connaître et pour se faire nationalement et internationalement connaître. Elle ne sortait pas de nulle part. Se présenter aux Présidentielles est l'aboutissement logique d'un plan de carrière politique menée avec détermination et cohérence depuis plus de trente ans.
    Ruth Elkrief fait donc preuve à la fois d'ignorance grave de la part d'une journaliste, et de mauvaise foi.

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