jeudi 31 mars 2011

Pour une réforme du système politique et électoral français

Les élections cantonales sont terminées, les présidents de conseils généraux sont élus, le spectacle politique affligeant de partis politiques en flagrant délit de racolage électoral, auquel nous avons pu assister depuis quelques semaines, est donc en sommeil jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

Si un millier de nos concitoyens  a acquis, grâce à nos bulletins de vote, la certitude que pendant 3 ans il ne serait pas obligé d'aller pointer au chômage, quelques millions d'autres concitoyens, inscrits sur les listes électorales, ont préféré, en s’abstenant d’aller voter, de signifier au monde politique actuel leur lassitude de se voir traiter comme des « consommateurs du candidat qu'on essaie de nous vendre comme un nouveau yaourt » et non comme des électeurs adultes, capables de choisir et désireux de le faire dans un panel de candidats le plus exhaustif et représentatifs possible.

Les résultats concernant les votes de ces élections cantonales de 2011 sont significatifs, non pas de la dépolitisation des électeurs français, mais bien, de mon point de vue, du peu de diversité de candidatures et de la « normalisation/standardisation » des discours politiques.

Les dernières élections européennes avaient connu un taux d'abstention supérieure à 59,37 %, sans que cela n'alerte outre mesure les différents partis politiques présents sur l'échiquier électoral français.Pourtant, 44,4 millions d'électeurs avaient fait la démarche d'aller s'inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter. Cela veut dire clairement qu'il n'y a aucun désintérêt pour la vie politique et pour l'acte de voter. Néanmoins, quand bien même les élections cantonales ne concernaient que 21,4 millions d'électeurs, puisqu'il ne s'agissait que d'un renouvèlement de certains sièges, le taux d'abstention des dernières élections cantonales a atteint 55,03 % lors du second tour, après s'être élevé à 55,68 % au premier tour. 0,65 % de baisse de l'abstention. Voilà le résultat de ce que la gauche a appelé le front républicain face la montée de l'extrême droite. On ne peut pas vraiment dire que les grands leaders de gauche qui se sont exprimés entre les deux tours aient recueillis un franc succès.

Bien entendu, comme d'habitude, sur les différents plateaux de télévision qui présentait dimanche dernier, une soirée électorale, les leaders politiques se sont bien gardés de commenter ce taux d'abstention inquiétant.

Pour la plupart ils se sont contentés de prétendre qu'ils avaient gagné, ou du moins qu'ils n'avaient pas perdu, d'accuser leurs adversaires politiques d'être responsable tous les maux et, pour mieux encore dégouter les quelques téléspectateurs qui assistaient à leur prestation, ont très vite fait diversion en se projetant sur l'élection présidentielle de 2012. Voilà donc le triste spectacle que nous ont offert nos hommes et nos femmes politiques, alors même que plus de la moitié des personnes inscrites sur les listes électorales avait préféré s'abstenir de voter.

Bien entendu, parmi les militants et le personnel politique qui ont commenté l'abstention, certains se sont montrés dogmatiques allant jusqu'à prétendre que : « le vote n'est pas simplement un droit, c'est un devoir ». Affirmation totalement fausse, vous pouvez éplucher tous les codes électoraux et la Constitution française, le vote est un droit est uniquement un droit et comme tous les droits chaque citoyen est entièrement libre d’en disposer, de s'en servir ou de ne pas s'en servir.

Pour mieux montrer leur indignation face à l'incivisme de leurs concitoyens, d'autres ont cru bon de préciser qu'à l'heure ou dans le monde arabe certain sont prêts à mourir pour obtenir le droit de vote, s'abstenir de voter pour les cantonales était purement et simplement une honte. Je voudrais signaler à ceux la que dans la plupart des pays arabes dans lesquelles des « révolutions » ont lieu actuellement, les peuples ont le droit de vote et que si ils manifestent, ça n'est pas pour l'obtenir mais tout simplement parce que certains de leurs dirigeants ont dévoyé la Démocratie et fortement dénaturée le vote des citoyens.

Très peu des commentateurs ont cherché à comprendre les causes de l'abstention massive que connaît la France depuis bientôt plus de trois ans.Trop fatigant peut être…

Pensez donc, il fallait s'intéresser non pas aux « sondages PMU » sur l'élection présidentielle qui aura lieu dans un an et demi, mais aux enquêtes qui ont suivi immédiatement le vote des cantonales. À ce titre, le baromètre du Cevipof est particulièrement intéressant. On y découvre que :

  • 67 % des personnes sondées n'ont ni confiance dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays.
  • 78 % des personnes sondées estiment que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens.
  • 68 % des personnes sondées pensent que la droite et la gauche, une fois au pouvoir, mène la même politique
  • 89 % des personnes sondées pensent que les marchés financiers sont plus puissants que les états. 74 % des Français pensent que l'Europe et ses traités brident l'action du gouvernement
  • 96 % des personnes sondées pensent que le vrai pouvoir est exercé par les banquiers et les financiers. 88 % pensent que le vrai pouvoir est exercé par les patrons du CAC 40, 80 % qu'il est exercé par les médias et 85 % qu'il est exercé par l'union européenne

Il y a donc une défiance réelle et maintenant fortement ancrée chez les électeurs à l'encontre du système et du personnel politique français.
Le système politique est perçu comme impuissant à changer le rapport de forces avec le pouvoir économique et financier et le personnel politique est perçu comme « peu sincère et peu honnête ».

Ainsi donc, les électeurs français ont une perception négative du personnel politique et développe une méfiance certaine envers ses compétences à gouverner que ce soit à l'échelon local, régional ou national.

Sur le plan sociodémographique, on note que l'abstention des jeunes générations est beaucoup plus importante que celle des plus âgés. Le personnel politique est perçu comme uniforme, unidogme, et incapable de « changer la vie » des citoyens. Il est remarquable que ce soit les jeunes générations, confrontées depuis leur naissance à des crises économiques à répétition, fragilisées dans leur emploi, dans leur protection sociale, privées petit à petit du droit à être soigné et éduqué convenablement, qui déclare s'abstenir massivement. En cela, il me parait extrêmement important de bien comprendre que leur abstention n'est pas de l'incivisme mais bel et bien un acte politique qu'il faut bien se garder de stigmatiser et de mépriser. N'oublions pas que ces jeunes générations sont actuellement sacrifiées par le même personnel et système politique qui prétend les motiver à aller voter.

Quelques commentateurs ont essayé de trouver des solutions pour faire en sorte que le taux d'abstention diminue. Parmi ces solutions, la plus autoritaire que l'on puisse faire a été énoncé par Laurent Fabius et quelques autres : rendre le vote obligatoire.

Au regard des résultats des différentes enquêtes menées après les élections européennes, les élections régionales et cantonales, on comprend très vite que Laurent Fabius est totalement “à côté de la plaque” et qu'il n'entend rien aux motivations des abstentionnistes. La solution du vote obligatoire parait surréaliste quand on envisage de l'appliquer à une population qui considère que ses représentants n'ont plus aucun pouvoir. Dans cette perspective, le vote obligatoire ne serait plus qu'une formalité administrative visant à rendre l'élection conforme à une définition bureaucratique de la démocratie. Et comme je l'ai entendu lors d'un entretien, si l'on part dans cette « dérive autoritariste, pourquoi pas rendre la consommation, la procréation, le militantisme obligatoire !

Plus sérieusement, on comprend bien que derrière cette proposition, Laurent Fabius exprime sa crainte de l'impact d'une forte abstention sur la mécanique électorale et la fragilisation de la légitimité des élus qu’elle induit.  Mais faute de remettre en cause les mécanismes électoraux qu'il a contribué à mettre en place, avec les résultats désastreux que nous connaissons aujourd'hui, Laurent Fabius préfère contraindre ses concitoyens a aller voter à tout prix, quand bien même ce sera pour mettre un bulletin blanc dans l'enveloppe.

Une autre solution proposée consisterait à prendre en compte le vote blanc afin de pallier aux imperfections du système électoral actuel.

Outre le fait que la reconnaissance du vote blanc est un sujet qui a souvent été évoqué mais que, depuis le milieu du XIXe siècle, et ce quelle que soit la majorité présidentielle, on n'a jamais essayé d'appliquer, force est de constater que le vote blanc n'est plus considéré comme un choix électoral possible. Il fut un temps où les législateurs étaient plus fidèles à une certaine idée de la Démocratie et reconnaissaient, à travers le vote, le droit d'expression et de révocation des représentants des électeurs. Il semble qu'actuellement le vote ne soit plus considéré que comme un moyen de révoquer les élus en place, à des périodes régulières, généralement fixé à 5 ans. Ce qui a conduit les législateurs à traiter le vote blanc de façon assez paradoxale: il est comptabilisé dans l'énoncé du scrutin, puis oublié dans le calcul des résultats des élections.
Reconnaitre le vote blanc, veut dire qu'il va falloir élargir le droit de révocation , inhérents d'ailleurs au concept de démocratie (gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple). Cela va nécessiter également une requalification juridique  et une prise en compte des motivations du vote blanc.
D'après un sondage du centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique , les motivations d'un vote blanc sont principalement :

  • le refus des candidats en présence par 36 % des personnes sondées
  • une hostilité à l'égard de la politique pour 35 % des personnes sondées
  • une difficulté à choisir entre les candidats pour 20 % des personnes sondées
  • un désintérêt (13 % des personnes sondées)
  • le manque d'information pour 11 % des personnes sondées

Majoritairement, les personnes qui votent blanc n'ont pas trouvé parmi les candidats qui se présentent à l'élection celui ou celle qu'ils jugent apte à les représenter. Ce résultat concernant le vote blanc est à rapprocher des sondages sur l'abstention car il s'agit bien là des qualités et aptitudes des candidats tels que les perçoivent les électeurs. Il y a donc là matière à réflexion et un changement radical pour les aspirants et politiciens de métiers.

L'argument de la difficulté de choix entre des candidats, lors du vote blanc, est à rapprocher du sentiment des abstentionnistes que la droite et la gauche, une fois au pouvoir, mène la même politique. Là aussi, les appareils et le personnel politiques - si ils veulent, conformément à leur mission constitutionnelle, favoriser l'expression pleine et entière de la Démocratie - doivent impérativement modifier en profondeur leur manière de servir leurs concitoyens. Pour certains d'entre eux, malheureusement très nombreux, c'est une révolution qu’ils vont devoir faire, car ils ont depuis très longtemps pris l'habitude de se servir de leurs concitoyens et non plus de les servir. En seront-ils capables de leur plein gré ou faudra-t-il que les citoyens les y obligent, tel est l'ampleur du problème auquel nous somme confronté actuellement?

Article 28. Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures.

Au regard des résultats des élections cantonales de 2011, on peut se demander si à droite comme à gauche, certains ont bien compris que l'abstention massive, comme le dit Arnaud Montebourg, est

"un sérieux message d'incroyance et de désamour à l'encontre des partis de gouvernement ou aspirant à le redevenir ».

Il va donc falloir réformer le système politique et cela ne peut plus attendre.

Cela peut passer, comme le propose Marc Vasseur, par une remise à plat des différents échelons politiques, par une généralisation de la proportionnelle à tous les scrutins, par une limitation de tous les mandats dans le temps . A cela j'ajouterai, entre autres, une interdiction formelle de cumuler les mandats quel qu'il soit - locaux, régionaux ou nationaux, électoraux ou privés - l'impossibilité pour un élu de se présenter à une autre élection- nationale ou européenne-  tant que son mandat n'est pas arrivé à échéance, une parité socioprofessionnelle représentative du poids réel de chaque catégorie dans la population française, afin que nos assemblées ne ressemblent plus à des « clubs de professions libérales et de riches héritiers », l'instauration de jurys populaires seuls habilités à exercer les contrôles - qu'il porte sur les conflits d'intérêts ou sur les finances publiques - de l'exercice du pouvoir qu'il soit exécutif législatif ou judiciaire, local ou national.
Faute de ces réformes indispensables du système politique actuel, comme l'a très justement dit Ségolène Royal au sujet de l'abstention :

"Aucun démocrate ne peut s’en réjouir. Il ne s’agit pas d’un mouvement d’humeur. Les citoyens se sentent vraiment dépossédés.Un puissant effort de rénovation de la démocratie doit être fait. La politique doit être juste et morale. La gauche doit porter une véritable alternative enthousiasmante. Tels sont les défis que nous devrons relever dans les mois qui viennent si l’on veut que les gens reviennent participer pour choisir une autre voie en 2012".

Si malheureusement les appareils politiques, et surtout la gauche française, n'entreprennent pas très vite ces changements et ne s'engagent pas solennellement à introduire en priorité les modifications du système et du code électoral qui s'imposent, il est à craindre ( ou à espérer) que de plus en plus de citoyens français, même parmi ceux qui sont les plus engagés politiquement, ne transforme leur abstentionnisme et/ou leur vote blanc en révolution...


Une pétition est en ligne pour obtenir la reconnaissance du vote blanc. Pour la signer, c'est ici

Sources : Le Parisien ; l'Express ; Cevifop ; Revue de l'actualité juridique française; Le Monde; Des Idées et des Rêves ; Marc Vasseur ; le Figaro

 

mercredi 30 mars 2011

Je sais où est passée Ségolène Royal!

Certains médias commencent à se désintéresser du produit markéting Marine Le Pen, et faute de pouvoir encenser DSK ou Martine Aubry (car cela montrerait trop crument vers qui va leur préférence) , font mine de s'inquiéter, comme le fait l'Express  , de la discrétion médiatique de Ségolène Royal.

Ce faisant, ils oublient totalement il ne tient qu'à eux, en tant que média, le relais d'information, de parler de la campagne de terrain de Ségolène Royal est en train de mener... À moins qu'ils admettent implicitement qu'ils sont aux ordres des hommes et femmes politiques et que lorsqu'ils publient un article c'est pour répondre à une commande.
Et en titrant : « où est passée Ségolène Royal ? », certains médias semblent laisser entendre que la candidate déclarée à l'élection présidentielle de 2012 n'est plus en campagne, alors que c'est eux même qui ne font pas leur travail. Peut-être est-ce que cela est lié, comme le souligne le sociologue Dominique Wolton, au fait que d'innombrables sondages parus dans les médias soit n'inclus pas Ségolène Royal dans la possibilité de choix proposé aux personnes sondées, soit la déclarent hors course . Une hypothèse qui renforce fortement la décrédibilisation des principaux médias dans l'opinion publique. Car se faire dicter son actualité par des organismes de sondages lorsqu'on a la prétention d'être un média important et indépendant, ça n'est tout de même pas très honorable...

Mais un autre aspect de ce type de questions sur l'actualité de Ségolène Royal, est aussi significatif de cette mentalité qui règne actuellement, non seulement dans les médias mais également dans les entreprises : la prédominance du « se montrer » sur le « travailler », du « paraitre » sur « l'être ».

En effet, un des tristes constats que l'on peut faire actuellement dans le monde de l'entreprise, notamment chez les cadres, c'est qu'il est plus important d'afficher une présence forte lors des réunions que d'afficher des résultats satisfaisants en ce qui concerne son travail de manager d'équipe. Certes, en matière de projets de carrière personnelle, assister à une multitude de réunions au cours desquelles on pourra faire des ronds de jambes et ainsi courtiser le patron, est nettement plus productif pour une carrière que de savoir mobiliser, motiver et s'occuper des problèmes quotidiens des membres d'une équipe de productions.

Et il en va de même pour nos hommes et femmes politiques qui, reconnaissons-le une bonne fois pour toutes, sont nettement plus préoccupés, pour la plupart, par leur carrière au sein des appareils politiques, par leurs élections, que par les problèmes quotidiens de leurs concitoyens.

Alors, non, Ségolène Royal n'a rien abandonné, elle fait vraiment de la politique de terrain, elle maintient le cap qu'elle a fixé:

  • en ne se prêtant plus aux querelles internes du parti socialiste. Querelles qui, reconnaissons-le, démontre parfaitement à quel point ce parti est totalement déconnecté de la réalité des citoyens, à quel point il est engoncé dans une stratégie de communication électorale uniquement étayée par des petits calculs sordides et claniques.
  • en se tournant vers les Français grâce à des déplacements en province qui lui permette de rencontrer et d'écouter ses concitoyens. Comportement qui a pour immense avantage de permettre à la candidate Ségolène Royal d'avoir une connaissance des besoins des Français n'ont filtrée par des organismes de sondages dont on ignore les commanditaires, les méthodes, et les motivations finales...
  • en travaillant les dossiers sur le fond, notamment en s'investissant dans les universités d'été, que ce soit celle sur la "Crise de l'Euro" , celle sur la valeur travail ou sur la justice, au cours desquelles des intervenants tous plus brillants les uns que les autres permettent de faire évoluer les connaissances adhérents sur des domaines aussi variés que la crise de l'euro  , la valeur travail  , où la Justice .

Et donc, Ségolène Royal, dans une déclaration faite mardi , résume très bien la condition primordiale d'une victoire de la gauche à l'élection présidentielle et à l'élection législative de 2012 :

« L'heure n'est pas à lancer des pétitions ou des vraies fausses candidatures, je pense que l'heure est au travail (pour) incarner une alternance ».

Il est donc parfaitement inutile que les grands médias s'attendent à ce qu'elle entre dans le petit jeu des croche-patte auquel se livrent certains irresponsable de gauche, et notamment du parti socialiste. Elle l'a réaffirmé mardi :

"J'ai dit ce que j'avais à dire et je redirai le moment venu le sens de (ma) candidature, au moment du dépôt officiel des candidatures à l'investiture socialiste pour la présidentielle”.

Voilà, Mesdames et Messieurs des médias, cessez donc de vous poser des questions sans intérêt pour vos lecteurs, de vous perdre en conjectures. Ségolène Royal est sur le terrain, là où devrait être tout homme ou femme politique digne de ce nom, et non en train de faire du lobbying médiatique.

Je conçois que cela puisse être frustrant pour certains journalistes qui ont la prétention de faire et défaire les hommes et femmes politiques, pour ceux qui entendent bien jouer de leur pouvoir d'information pour créer un lien de subordination avec quelques carriéristes politiques ont tout simplement pour améliorer leur vente de journaux, mais il semble bien que Ségolène Royal ait décidée de se passer de vos services et de vous ramener au rôle qui est le vôtre : celui d'informer et non d'interpréter l'information ou de manipuler l'opinion.

Sources : l'Express ; Dailymotion ; le JDD ; Wat Tv

Primaires socialistes: Signer une déclaration «d'adhésion aux valeurs de la gauche», oui, mais lesquelles?

Signer une déclaration «d'adhésion aux valeurs de la gauche» telle est une des conditions pour pouvoir voter lors des primaires socialistes .

Personnellement je veux bien me soumettre à cette condition, comme à celle de payer un euro ou d'être inscrite sur les listes électorales, mais je voudrais que ces valeurs soient inscrites en toute lettre sur le document que je signerait.

Car en matière de valeur, il me semble que d'un parti constitutif de la gauche française à l'autre,  les valeurs sont très fluctuantes et que si on emploi les mêmes mots, on ne leur donne pas toujours le même sens. Alors, avant de mettre mon bulletin dans l'urne, j'aimerais que ceux qui sollicitent ma voix définissent quelques concepts, et en priorité ce qu'ils mettent derrière le mot gauche!

Est-ce que la gauche inclut le PC et le NPA ou les exclut comme le PS et EELV l'ont fait pour lors des dernières élections cantonales ?

Et ces fameuses valeurs de gauche, auxquelles je suis sensée adhérer, incluent-elles le respect de la volonté des électeurs ou pas ? Autorisent-elles la mesquinerie d'un "qui va garder les enfants" comme se fut dit en 2007?

Est-ce que le procès d'intention fait parti des valeurs de la gauche, comme se fut le cas récemment pour A.Montebourg et l'affaire Guerini - Celui qui a réussi à faire de Martine Aubry la reine du PS -  ou est-ce qu'il en est fermement exclu?

Est-ce qu'adhérer aux valeurs de gauche inclut de faire des courbettes approfondies et durables, et de collaborer activement à la coalition  banques /MEDEF/ FMI /OCDE ?

Est- ce que partager des valeurs de gauche cela consiste à soutenir fermement toute action visant à défendre la laïcité ou à se dédire,  lorsque l'UMP fait les gros yeux parce qu'un des signataires d'une pétition lui déplait?

Enfin est-ce que les valeurs de gauche sont bien "liberté, égalité, fraternité", et non leur version pervertie droite que sont le libéralisme, l’égalitarisme, la charité ou l’assistanat?

Tout ceci DOIT être précisé clairement et sans ambigüité au lieu de lancer des appels Appel à mobilisation à gauche  ou de se gargariser des dites valeurs sans jamais les définir.

Parce que créer une dynamique c'est bien  , mais créer une dynamique sur des mots trompeurs, c'est casse gueule, la meilleur preuve en est ce qui arrive à l'UMP et à son icône actuellement  !

Sources: Le Figaro; L’Express; La Dépêche; Rue89; Intox2007; Le Canard Républicain; LCi; Le Point; Valeurs de Gauche

lundi 14 mars 2011

Et voici Dominique "Mégagaffe"!

On connaissait DSK  dans "Le Messie" , DSK dans "appelez moi Désiré" , on connait désormais DSK dans "Mégagaffe"!

Si en France le  documentaire sur Dominique Strauss-Kahn diffusé dimanche sur ­Canal + a relancé les spéculations hasardeuses  et parfois d'excellentes analyses sur le “buzz du vide” qui a précédé la diffusion du documentaire , en Grèce il a provoqué une véritable colère de l'opinion publique grecque.

Colère provoquée par la séquence dans laquelle on voit le directeur général du FMI jouant la compréhension face aux invectives des manifestants grecs à Athènes, puis quelques instants après affirmant : «La réalité, c'est que ces gens-là, ils sont dans la merde. Et gravement… Mais, eux-mêmes, ils ont un peu bricolé, ils n'ont pas payé d'impôts, c'est un peu le sport national ici : ça truande un maximum…»  .

Inutile de vous préciser que dans un pays qui n'avait déjà pas apprécié en décembre le cynisme de DSK , qui se sent  humilié  par l'ingérence répétée du FMI dans ses affaires intérieures, ce " ça truande un maximum…» a été très mal perçu par tous les grecques unanimement.

Depuis dimanche, les extraits du documentaire de Canal+ sont diffusées en  boucle sur les télévisions grecques.Les réactions , parfois violentes des éditorialistes et politiciens se multiplient dans la presse écrite, les journaux télévisés, les émissions politiques. Dans le quotidien Ta Nea , le directeur de rédaction se montre un des moins critiques envers DSK «Venant d'un socialiste, qui en plus, veut être président de la République française, c'est trop ! Il dénigre les sacrifices du peuple grec face à la sévérité du plan de rigueur imposé par le FMI ".

Après avoir promis en début d'année 2010 que le peuple grec n'avait rien à craindre du FMI  et avoir prouvé par la suite qu'il avait en réalité tout à en craindre, DSK vient de démontrer  le mépris qu'il ressent pour ceux là même qu'il entend plier à sa doctrine prétendument social-démocrate . Il nous prouve également que sur le plan humain et sur celui des relations internationales, il ne vaut pas grand chose!

Et c'est cet homme qui, dans le domaine international et dans le domaine Social, ne vaut pas mieux que Nicolas Sarkozy, cet homme qui est aussi matois qu'une Marine Le Pen, qu'un groupe de “fans intoxiqués à la com médiatique” voudrait mettre au sommet de l'Etat Français?

Allez rien que pour rafraichir la mémoire de ceux qui pensent qu’une propagande, habilement relayée par des médias amis, peut faire, deux fois de suite, élire un candidat qui méprise les citoyens et ne conçoit les sacrifices que de leur côté, juste une petite vidéo  pour lutter contre leurs perte de sens commun!

Crédit: Dailymotion

Sources: Libération; Canal+ ; DavidM; Socio13; Le Point; Le Figaro; L'Express

 

samedi 12 mars 2011

Camarades “DSKistes”, je vous demande de vous arrêter !

Il est des moments dans la vie, et surtout dans la vie politique, où il faut savoir s'arrêter. De toute évidence les hommes et femmes politiques qui soutiennent Dominique Strauss-Kahn ont oublié ce principe. Ils le démontrent une fois de plus ces derniers jours en tentant désespérément de discréditer le processus des élections primaires qui permettront de désigner le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012.
Ce faisant, alors que la primaire socialiste doit avoir lieu entre le 9 et le 16 octobre prochain , alors que le Parti Socialiste pourrait communiquer largement sur la plate-forme de programme socialiste qui a quasiment fini de construire , les opposants à la primaire socialiste ne font que nuire au rassemblement de la gauche autour de cette plate-forme de programme électoral.

Car oui, il s'agit véritablement d'une nuisance, d'une dégradation, intentionnelle ou pas, de la dynamique de rassemblement dont la gauche a absolument besoin pour pouvoir, en 2012, reconquérir le pouvoir en France et, espérons-le, donner aux plus démunis d'entre nous une chance de voir leur avenir et celui de leurs enfants plus souriant qu'il ne l'est depuis 10 ans .
Une dégradation car cette remise en question nombriliste, mesquine, qui renie une décision collective, simplement parce que le héros de ces "messieurs et dames" n'a pas le courage de prendre une décision, impact négativement le corps électoral.

Et que dire, que penser de ceux qui, à court d'arguments, mettent en avant la menace que pourraient représenter les primaires pour les partenaires du PS . Les mêmes partenaires qui, dès l'annonce de possibles primaires, devant l'arrogance de socialistes qui prétendaient tout diriger, ont annoncé qu'ils ne participeraient en aucun cas à ces primaires!

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, lancés dans une mauvaise campagne markéting pour vendre leur "produit DSK », ces soutiens "hystérisés" sont en train de nuire gravement au Parti Socialiste et à un éventuel rassemblement de toute la Gauche. Manifestement d'aucuns ont l'air de souhaiter que le rassemblement ne se fasse qu'entre leur "clan" au sein du Parti Socialiste et Europe écologie - les Verts , excluant ainsi bon nombre de partis de gauche et pensant probablement que les électeurs de ces partis se soumettront aux diktats du vote utile.

À mon humble avis, tout ce petit monde se trompe énormément en pensant qu'il va pouvoir se "répartir le gâteau entre gens du même monde" qui se seront cooptés loin des regards indiscrets des électeurs.

  • Il n'est qu'à lire, dans les médias en ligne, les commentaires qui suivent les déclarations de ceux qui soutiennent DSK pour comprendre que les électeurs, en entendant cela, pensent que les socialistes sont des « faux culs ».
  • Il n'est qu'à lire les commentaires pour comprendre que pour bon nombre d'électeurs et de sympathisants de gauche, ces socialistes la déçoivent la population. Car les électeurs attendent des socialistes avant tout un programme qui réponde à leurs préoccupations  et non pas un leader. La problématique du leader n'est pas celle des électeurs. Elle est celle d'apparatchik.
  • Il n'est qu'à lire les commentaires pour comprendre que quand on qualifie les primaires socialistes de «fausse bonne idée»  on ne fait qu'accroître l'impression que ce socialisme la est très éloignée des attentes du peuple et entend bien annexer ses pouvoirs. De même que prétendre qu' une dizaine de "candidats potentiels pourrait nuire à l'alternative"  est un argument  totalement fallacieux, antidémocratique, contraire aux principes de pluralisme et de représentativité de la volonté du peuple.
  • Enfin, il n'est qu'à lire les commentaires pour constater que les électeurs ne sont pas dupes et comprennent que ce qui affole  les soutiens de DSK, ça n'est pas tant le calendrier, mais le fait que pour gagner les élections, y compris la primaire socialiste, il va falloir présenter un programme, défendre des propositions bien trop à gauche pour un candidat qui a présidé le fonds monétaire international.

Bon nombre de commentateurs interprètent les hésitations de Dominique Strauss-Kahn et l'entêtement de ses soutiens à vouloir supprimer les primaires comme un manque de combattivité qui est perçue négativement. En effet, alors que le pays doit faire face, pour de nombreuses années encore, à une grave crise sociale, alors qu’il doit retrouver une Démocratie apaisée dans laquelle le peuple retrouve ses pouvoirs initiaux, alors qu’il doit affronter des changements considérables qui nécessitent courage et ténacité, comment pourrait-on faire confiance à quelqu'un qui n'a pas la franchise de se déclarer candidat et à des soutiens qui veulent s'émanciper de la légitimité électorale ? Comment faire confiance à des gens renâclent devant le premier obstacle qui se présente?

A cela, les soutiens de DSK ne savent et ne peuvent pas répondre.

Et probablement par dépit, ou parce qu'ils sont bien trop éloignés des électeurs, bien trop centré sur leurs petites stratégies de clan, bien trop imbus de leurs personnes pour tout simplement faire l'effort d'imaginer ce que les électeurs peuvent ressentir en les entendant , les soutiens de DSK cassent tout. Et je crains fort qu'ils soient déjà trop éloignés des valeurs socialistes pour prendre conscience qu'en agissant ainsi, ils ont, comme ils le firent en 2007, remis en marche la machine à perdre . De cela, j'espère que les électeurs vont se souvenir, non seulement au moment de l'élection présidentielle de 2012 - si les manouvres des DSKistes venaient à aboutir à la candidature unique de DSK sans passer par des primaires - mais surtout lors des élections législatives de 2012, pour ne pas réélire ces pseudo socialistes, puisque la plupart d'entre eux tirent le confort financier de leur petite vie de politiciens du cumul de mandats d'élus locaux et de parlementaires.  Car avec leurs prises de parole tonitruantes, les soutiens de Dominique Strauss-Kahn ont manifestement besoin que les électeurs leur rappellent qu'en Démocratie et en République la légitimité ne s'obtient que par le vote majoritaire du corps électoral en faveur d'un candidat et non, comme dans les oligarchies qu'ils illustrent très bien, par cooptation d'un clan.

Je pense que désormais, il faut qu'au Parti Socialiste, des voix s'élèvent pour signifier fermement aux aficionados de Dominique Strauss-Kahn que, comme l'a fait Jean-Marc Ayrault ,  il ne faut pas "remettre en cause" le processus de désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle.
N'en déplaise à ceux qui ont peur de perdre ces primaires, comme l'a indiqué la Première secrétaire du PS " les primaires seront un formidable outil de mobilisation des Français, non seulement pour gagner mais aussi pour nous aider à changer la France”.

Alors Messieurs et Mesdames qui soutenez Dominique Strauss-Kahn , je vous demande d'arrêter la machine à perdre que vous entretenez en remettant sans cesse en cause des décisions prises démocratiquement et je vous enjoint à garder votre sang-froid, car de toute évidence (sauf pour vous), le plus grand nombre des Français n'a certes pas besoin en ces temps difficiles d'hystériques idolâtres en plein délire markéting.

Sources : Le Monde ; le Figaro ; l'Express ; Pensez Bibi ; le Journal de Saône-et-Loire ;Le Parisien; Le JDD;Intox2007; Claude Bartolone ; Nice-Matin ; Public Sénat ; A perdre la raison ; Graoum ; le Point ; Parti Socialiste

vendredi 11 mars 2011

Cantonales: "La France à peur"!

Enfin quand je dis "la France à peur", c'est surtout les candidats de droite qui ont peur...d'afficher leur appartenance à la majorité présidentielle- voire à la droite en général- et leur soutien ( passé?) à Nicolas Sarkozy!

De quoi ont- ils peur?

Mais tout simplement de ne pas être élus si les électeurs se rendent compte que le candidats souriant et amène qui leur promet monts et merveilles ne fasse , une fois élu, comme Nicolas Sarkozy... A savoir, des promesses qu'il n'a aucune intentions de tenir.

Alors, pendant cette campagne électorale des cantonales, certains n'hésitent pas à avancer masqués et ne se présentent pas sous l'étiquette du parti majoritaire aux élections cantonales. D'autres, comme le Front National, produisent des photomontages faisant croire que des musulmans prient dans des endroits ou ils n'ont manifestement jamais prié  en produisant des photos, publiées sur le site de l'agence Nations Presse.  Cette agence , fondé par Jacques Vassieux et Louis Aliot (vice-président du Front national et récent copropriétaire avec Marine Le Pen d'une maison à Millas, dans les  Pyrénées-Orientales ) qui soutient Marine Le Pen, prétend "diffuser des informations précises, recoupées, aux sources mentionnées et en parfait accord avec l'esprit du Front national".

Bref cachoteries et trucages sont au menu électoral de la Droite Française...

Le Parisien dénombre que "sur quelque 2 000 cantons renouvelables, «1 000 candidats de droite aux élections cantonales ont oublié de mettre leur sigle UMP sur leur affiche électorale".

Mais le Parti Socialiste et le Parti Communiste veillent au grain.

Le Parti Socialiste établit , avec l'aide des citoyens français qui le veulent, le palmarès des trucs et astuces pour cacher son appartenance à l'UMP.
A vous donc d'alimenter le site dédié des "trucs et astuces" que le candidat de la majorité présidentiel de voter canton a trouvé pour masquer son appartenance à l'UMP.
Le Parti communiste, lui, nous demande de venir en aide à ces candidats sans identité politique et de les aider "à retrouver le chemin de leur identité”. Pour ce faire, les internautes peuvent imprimer des étiquettes «certifié UMP», «100% UMP» ou «Appellation d'origine contrôlée UMP», à coller ensuite sur les dites affiches.

Alors, mis à part l'affiche du FN qui fait l'objet d'un transmission  au procureur de la République, pour incitation à la haine raciale, les cachoteries  telles que ne pas annoncer sur les affiches de campagne  le nom du parti politique qui vous finance, ou  utiliser des subterfuges pour que vous ne vous posiez pas la question, sont totalement légal. Le code électoral fixe les dimensions des affiches mais il n'oblige pas les candidats à porter quelque mention que ce soit sur les affiches . Mais vous reconnaitrez que , entre les candidats Centristes ou UMP qui ne portent pas sur leurs affiches l'étiquette de leur parti politique et les candidats du Front National qui truquent les photos pour essayer d'apporter des preuves de leurs propos, la droite nous signifie clairement qu'elle a peur!

La droite nous montre également qu'elle n'hésite devant aucun procédé pour obtenir notre vote et surtout, dans le cas du FN, les subventions publiques .

Financement que les candidats centristes ou UMP se doivent d'obtenir pour" payer leur dime" au parti auquel ils ont fait totale allégeance, en contrepartie d'une “carrière pépère”, bien rémunérée, qui peut, allez savoir, les mener à un poste de sénateur!

Financement dont la FN a grand besoin pour éponger les dettes colossales que , malgré son micro parti , le Cotelec ,  Jean-Marie Le Pen a laissé au FN ! Financement dont Marine Le Pen a grand besoin pour pouvoir payer les 200.000 euros qu'elle doit à l'URSSAF . Une dette qui laisse à  penser que, contrairement à ce que Marine Le Pen ne cesse d'affirmer,  il n'y a pas que les immigrés qui  participent  «de la déstabilisation massive de notre système de protection sociale ".

Et donc , comme lorsque vous allez faire vos courses, je ne saurais trop vous conseiller de bien vérifier l'étiquette du "produit cantonale" qu'on veut vous faire payer, car comme le souligne François Hollande  ils serait bon que ces produits " sans étiquette" soient  immédiatement détruits… A moins que vous n’acceptiez que votre vote n’ait d’autre utilité que de payer les dettes du Front national ou de permettre à des politiciens inconnus de faire carrière à vos frais…

Sources: L’Express; Millas Blog; Le Parisien ; Parti Socialiste; Parti Communiste Français; Politique.net; Bakchich; Le Point; BFMTV;

samedi 5 mars 2011

La Peste noire est de retour!

Le "Landerneau politique" des médias et celui d'Internet, a été secoué samedi par l'annonce d'un sondage effectué par l'institut Harris Interactive pour «le Parisien» -«Aujourd'hui en France».

Dans ce sondage, dont on ne connaît pas encore les détails méthodologiques et les questions posées, Marine Le Pen arriverait en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle 2012, avec 23% des votes. Elle devancerait Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, crédités tous deux de 21%. On peut être tenté de se rassurer en constatant que 77% des sondés ne la choisiraient pas. Mais mon propos n'est pas d'analyser la méthodologie de sondage ni de l'interpréter. Je reviendrai sur le sujet des sondages, plus longuement, d'ici quelques temps.

Ce qui me surprend dans les réactions que j'ai pu lire venant de commentateurs politiques, de personnalités politiques, de militants ou d'électeurs de gauche, c'est qu'ils semblent découvrir tout à coup, à l'occasion de ce sondage, la montée en puissance de Marine Le Pen et des idées qu'elle véhicule depuis qu'elle mène campagne au nom du Front National. Personnellement tout ceci ne m'étonne pas. Cela fait plus de 10 ans que j'observe, consternée, la montée de l'adhésion de mes compatriotes, de toutes classes sociales confondues, aux idées simples, voire même simplistes, énoncées par les icônes du Front National. Et depuis le temps que j'observe également le discours  et l'action politique de l'UMP, des Centristes, et de certains leaders socialistes, le résultat de ce sondage s'explique parfaitement.

D'abord par le comportement du personnel politique de ces trois tendances de l'échiquier. Il n'est qu'à écouter leurs réactions, aujourd'hui même, pour comprendre qu'au lieu de s'intéresser à la manière de soigner les maux dont souffrent les Français, ils s'accusent mutuellement d'en être la cause, parfois même sans avoir établi au préalable un "diagnostic du mal". Ainsi, aujourd'hui, à droite comme à gauche, on considère Marine Le Pen comme une maladie propagée, au choix, par les socialistes et à leur laxisme vis-à-vis de l'immigration, ou par la stratégie de la peur que Nicolas Sarkozy a favorisée, provoquant ainsi la montée en puissance du Front National. En entendant cela, je pense à ce docteur Diafoirus qui, dans la pièce de Molière "le malade imaginaire ", masque son incompétence avec un discours en latin que personne ne peut comprendre.

Incompétence, car notre personnel politique confond la cause et l'effet, le symptôme et la maladie. Métaphoriquement, Marine Le Pen n'est que le symptôme final, le bubon , d'une Peste qui ronge la France depuis plus de 30 ans. Pour continuer la métaphore, comme tout "bubon" , Marine Le Pen et sa "doctrine" frontiste représentent l'hypertrophie excessivement développée d'une partie du corps social français qui réagit à la succession de "piqûres inflammatoires" que lui inflige le personnel politique. Toujours métaphoriquement, elle est le point de convergences "d"humeurs malignes" empoisonnées par un virus malsain.

Une Peste que nos "élites" intellectuelles et politiques propagent allègrement:

  • En montrant ouvertement leur dégoût profond pour la France, pour les ouvriers et les salariés les moins aisés, pour ses institutions, pour son Service Public.
  • En ne cachant plus leur mépris pour le débat contradictoire, pour les principes démocratiques, pour les plus faibles d'entre nous que, très souvent, ils considèrent comme incapable de penser, de réfléchir, d'espérer autre chose que la soupe insipide et révoltante que condescendent à leurs proposer des appareils politiques.

Une Peste qui contamine le pays tout entier;

  • Parce que le personnel politique de droite et de gauche ignore, ou veut ignorer, la réalité protéiforme à laquelle les Français sont confrontés.
  • Parce que les français en ont assez que des intellectuels cooptés et des politiciens incompétents leur disent, par médias interposés, ce qu'ils doivent penser . Ils en ont assez d'entendre ce petit monde énoncer pompeusement des diagnostics sans fin et surtout de ne jamais, au grand jamais, trouver, mettre en oeuvre des solutions pérennes et utiles à l'intérêt général et au bien-être de tous les citoyens.

Une Peste qui a envahi tout le corps social français écoeuré par les comportements de la classe politique - qui n'est désormais qu'une caste politique - plus préoccupée par le partage des postes d'élus que par la mission de mandataire de la volonté du peuple.

  • Une caste politique (à laquelle Marine Le Pen appartient), qui ne propose que le néant, tant elle est incapable de débattre, de trouver des solutions concrètes, de se dévouer au bien public, tant elle est accaparée par les combats de clans.
  • Une caste politique - essentiellement recrutée dans la haute et moyenne bourgeoisie - regroupée au sein de deux partis mastodontes, qui a totalement phagocyté la Démocratie et la représentativité, à tous les niveaux des institutions.
  • Une caste politique qui empêche que des courants politiques, mêmes extrémistes, puissent faire entendre leurs voix au sein des instances représentatives de notre République. Et pourtant, il eût été plus intelligent de permettre à des partis politiques, non inféodés au Parti Socialiste et à l'UMP, de siéger au Parlement. Dans le cas du Front National, les débats dans les hémicycles auraient certainement permis de montrer la faiblesse et les failles des argumentaires qu'il avance pour défendre ses thèses. Certes, cela n'aurait pas permis de se servir du Front National et de Marine Le Pen comme épouvantail qui permet tous les cinq ans de rabattre le troupeau des électeurs vers le vote utile !

Une Peste qui a pu s'installer sournoisement:

  • Parce que la droite, pas plus que la gauche, lorsqu'elle est au pouvoir ne pense à résoudre les problèmes qu'en en créant de nouveaux.
  • Parce que le personnel politique méprise les électeurs, en faisant, une fois élue, comme si il ne devait son pouvoir qu'à ses seules qualités.
  • Parce qu'en quelque sorte en méprisant ceux à qui il doit tout, le personnel politique ne fait qu'augmenter chaque jour davantage le nombre des mécontents et permet ainsi à la Peste de se répandre de plus en plus.
  • Parce que les militants « de base » et les sympathisants des partis politiques sont mécontents d'être méprisé, jamais écouté, tout juste bon à servir de panneaux publicitaires pour des candidats parachutés par des états-majors qui préfèrent les réunions secrètes, la petite cuisine électorale entre gens du même monde.
  • Parce que les électeurs sont mécontents de ces orgueilleux/ambitieux qui au lieu de répondre aux attentes, aux espérances des hommes, des femmes, des familles dont ils quémandent le bulletin de vote préfèrent faire allégeance à des lobbys, à des « chefs de clan » répétant inlassablement le modèle moyenâgeux des baronnies et renier dès qu'ils le peuvent les décisions référendaires du Peuple.

Et pourtant la Peste pourrait encore être évitée .

  1. Si l"inflammation du bubon" provient du constat désabusé des ouvriers, des employés, des cadres, des précaires, de tous ceux qui désormais n'ont plus le droit de marcher la tête haute.
  2. Si cette inflammation est entretenue par la rancune que provoque le constat le constat quotidien de l'irrespect des valeurs inscrites au fronton des édifices publics qu'affichent de nombreux élus de droite ou de gauche .
  3. Si le bubon a enflé petit à petit à cause de l'amertume que provoque la perte de l'idéal d'une société meilleure pour tous, à cause de l'impuissance que chacun ressent quand il voit que ni à droite ni à gauche, en 30 ans, personne n'a rien fait pour empêcher le pays de sombrer dans l'enfer des promesses jamais tenues, des déficits financiers jamais résorbés, des cadeaux sans contrepartie faits à ceux-là mêmes qui sont responsables de la mise au chômage de millions de personnes et enfin amertume en constatant que si le « petit peuple » est de plus en plus surveillées, contraint, pressuré, sanctionné, le « peuple d'en haut », lui, est de plus en plus privilégié, libre, impuni, même quand il commet les plus lourdes atteintes à la République.

En y regardant de près, le bubon qui nous éclate a la figure aujourd'hui, s'il est certes puant, ne saurait masquer l'incompétence, l'amateurisme social et politique de Marine Le Pen.

Il serait pour autant très facile de “juguler l'inflammation”, de “désenfler le bubon”, notamment en mettant en évidence que le discours "laïcard" de Marine Le Pen ne tient pas la route. Car depuis toujours elle, sa famille, les membres du Front National sont des catholiques convaincus. Il serait tout aussi facile de démontrer que son programme économique est risible, grotesque et qu'elle n'a aucune solution réaliste aux problèmes de chômage, de pouvoir d'achat, d'Education publique, de Culture. Il serait aisé de prouver qu'elle se moque de la sécurité tout autant que Nicolas Sarkozy et tant d'autres. Il serait enfantin de montrer qu'elle vend du rêve aux électeurs en prétendant que fermer les frontières et "bouter les étrangers hors de France" serait la solution à tous le problèmes qu'ils rencontrent. Ne serait-ce pas mettre en évidence que sur ce sujet elle ne vaut guère mieux que Nicolas Sarkozy? Aucune des solutions qu'elle a proposées, depuis que l'ensemble des médias lui ont ouvert leurs portes et leurs micros, n'est viable. Le Front National n'a jamais su gérer une simple petite mairie, peut-on imaginer un seul instant qu'il sera capable de gérer un pays?

Marine Le Pen est comme tous les politiciens actuels, elle s'appuie sur un pseudo diagnostic (tous nos problèmes viennent des étrangers qui vivent sur le territoire français) et prétend soigner tous les maux avec un seul médicament (expulser les étrangers). Mais elle ne dit rien sur ce qu'elle fera vis-à-vis des banquiers boursicoteurs. Elle ne dit rien au sujet des patrons du CAC 40 qui s'approprient de manière éhontée le patrimoine et le capital de la France, en s'exonérant de plus en plus des impôts, charges sociales et taxes sur la valeur ajoutée. Elle reste muette sur les questions du temps de travail, des contrats de travail, et de l'impunité des chefs d'entreprise qui ne respecte pas le code du travail. Elle se garde bien de promettre une baisse des prix du gasoil, du gaz, de l'électricité, des denrées alimentaires. Elle ne parle jamais d'une répartition plus juste des profits que génère le travail des ouvriers et des employés qu'elle prétend représenter. Elle se garde bien de nous parler du rôle qu'elle entend donner au Medef et aux lobbys économiques et financiers. Elle est carrément frappée de mutisme sur la façon dont elle entend combler le déficit des finances publiques et rembourser la dette de la France...

Oui, il serait facile d'arrêter la Peste...

À condition de le vouloir et ne pas se contenter,  pour gagner la prochaine élection présidentielle, de s'appuyer sur la peur ou sur un appel au vote utile. Il serait facile d'arrêter la Peste en « mettant sur la table » les vrais sujets qui inquiètent réellement les Français :   : l’emploi, la santé, l’éducation, le pouvoir d’achat.

Alors, il est serait souhaitable qu'au travers des sondages, plutôt que de les mettre en doute ou de se livrer à l'éternelle partie de ping-pong qui consiste à se renvoyer la faute, notre personnel politique prenne conscience du "bubon noir" qui infecte les Français, car ne l'oublions, le bubon est visible et il vaut mieux. Lorsqu'un bubon n'est que peu apparent c'est que la Peste a pris une forme plus grave et très contagieuse.

Sources: Le Parisien ;Philippe Sage ; Futura Sciences

Laurent Wauquiez, DSK, l'argent et le terroir.

Lors de la visite de Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay, cette semaine, Laurent Wauquiez, qui cumule la fonction de maire de cette ville et de ministre des affaires européennes, interrogé sur ce qui différencie le directeur du FMI et le chef de l'État, a répondu :

"Ce n'est pas la même approche, Dominique Strauss-Kahn est à Washington, il a sûrement une très belle maison qui donne sur le (fleuve) Potomac. Ce n'est pas la Haute-Loire, ce n'est pas ces racines-là".

Puis il a cru bon de préciser :

"Dominique Strauss-Kahn est quelqu'un qui a perdu le contact avec ça, qui n'a pas du tout cette même osmose avec cette France des territoires... "

Laurent Wauquiez a cru qu'il était  probablement judicieux de faire oublier, en critiquant la mondialisation dont Dominique Strauss-Kahn serait le porte-parole, que c'est le gouvernement auquel il collabore qui met en place en France, la logique ultralibérale qui est le “bras destructeur” de cette mondialisation... avec les effets désastreux que l’on connaît sur le Travail, la Santé, l'Education de millions de français, jeunes et vieux !

Mais au-delà de cette manœuvre d'enfumage, qui est la caractéristique principale de l'UMP depuis le début des années 2000, il est assez surprenant d'entendre Laurent Wauquiez stigmatiser "la très belle maison sur le Potomac" de Dominique Strauss-Kahn, et de l'entendre parler, et défendre, l'appartenance au terroir de la Haute-Loire en sous-entendant que lui, Laurent Wauquiez, est en osmose avec ce terroir.

Une simple recherche sur les sites généalogiques et sur les fiches professionnelles de Laurent Wauquiez montre parfaitement qu'il n'a aucune racine historique en Haute-Loire et que son patronyme n'a absolument rien à voir avec le terroir français.

En effet, ce patronyme est majoritairement porté dans le département du Nord, en France, mais ses racines "walah" (= étranger) et "hari" (= armée), sont indubitablement d'origine germanique, et correspondent à de nombreux patronyme de famille installée de l'ouest de l'Allemagne à l'extrême pointe de la Russie.  Les racines de la famille de Wauquiez sont donc très éloigné du territoire de la Haute-Loire et de la ville du Puy-en-Velay.

Qui plus est, Laurent Wauquiez, né à Lyon, est issu d'une famille d'industriels de la région de Tourcoing.  Je doute fort qu'il soit le mieux placé pour illustrer la dimension culturelle du terroir du département de Haute-Loire, situé au centre de la France. Son origine sociale, identique à celle de Dominique Strauss-Kahn, ne le rend pas plus "apte" à une osmose avec la « France des territoires ». Elle le rend tout au plus apte à défendre les intérêts de sa caste de grands bourgeois.

Qu'un normalien, qui plus est sorti major de l'agrégation d'histoire , se permettent une telle mystification en parlant de “racines” et de” France des territoires” pose question. Cependant, on ne peut attendre mieux d'un politicien qui fut imposé en Haute-Loire , par Jacques Barrot ( condamné pour financement illégal de son parti, mais amnistié grâce à une loi votée par ses amis de la majorité présidentielle),  puis repéré par Jérôme Monod ( mis en cause dans l'affaire Carignon ) .

Quant à prétendre que Dominique Strauss-Kahn ne serait pas en osmose avec la France et les Français, uniquement parce qu'ils côtoient la haute finance mondiale, c'est, de la part de celui qui n'hésite pas à se rendre à Londres, pour alimenter son micro parti à coups de subsides récoltés auprès de très riches hommes d'affaires, lors d'un dîner débat , voire la paille dans l'œil de son voisin mais ignorer la poutre qu'on a dans le sien. C'est également oublier les liens étroits de l'UMP avec Guy Wildenstein. Représentant (UMP) de la circonscription de Washington au sein de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE), et les très nombreuses réunions du "premier cercle Premium" des généreux et très riches donateurs internationaux de l'UMP!

Ainsi donc, il serait néfaste de côtoyer le monde de la haute finance quand il s'agit de DSK, mais pas quand il s'agit de l'UMP, le parti politique qui a permis à Laurent Wauquiez, entre autres, d'être élu dans une ville à laquelle il est totalement étranger, de par ses origines, et de cumuler allègrement les fonctions.

Ainsi donc, côtoyer les riches financiers et hommes d'affaires mondiaux serait une preuve de manque de racines "françaises" quand il s'agit de DSK, mais pas de Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez.

Ainsi donc habiter dans une "belle maison" sur lePotomac serait preuve qu'on manque de racines françaises quand on est DSK,  mais pas quand on est le Représentant de l’UMP de la circonscription de Washington?

Décidément Laurent Wauquiez , dans le genre "décomplexé" ose tout, même le ridicule!

 

Sources: le Figaro; France2; Généanet; Le Point; L’Express; Libération;

mercredi 2 mars 2011

Modification de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'État : Quel objectif réel?

Depuis 2003, Nicolas Sarkozy essaye désespérément de définir et de poser des jalons sur la pratique de l'Islam en France.

Pour ce faire, il a publié en 2004 un livre intitulé " la République, les Religions, l'Espérance", pour lequel le père dominicain Philippe Verdin ne tarit pas d'éloge notamment quand Nicolas Sarkozy prétend : « On trouve naturel que l'Etat finance un terrain de football, une bibliothèque, un théâtre, une crèche ; mais à partir du moment où les besoins sont cultuels, l'Etat ne devrait plus engager un centime ! ». Puis il a créé le Conseil Français du Culte Musulman , institutionnalisant ainsi l'Islam de France. Ce faisant il porte atteinte à un des principes fondamentaux de la République Française, à savoir qu'en aucun cas l'État où un de ses représentants ne doit intervenir de quelque façon que ce soit dans l'exercice des cultes. Depuis le mois d'août 2010, il répète à qui veut l'entendre qu'il veut absolument imposer le principe de laïcité à toutes les religions, et plus particulièrement à l'islamisme, qui de son point de vue, se refuse à intégrer la laïcité républicaine. Et c'est ainsi que sur TF1, le 10 février dernier, il a repris l'idée de confier à Jean-François Copé le soin d'animer en avril 2011 un débat au sein de l'UMP. Selon le Figaro, Nicolas Sarkozy veut rappeler la place que doivent occuper les religions dans le pays, à commencer par l'Islam.

Dominique Paillé, l'ex-porte-parole de l'UMP, aujourd'hui président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), prétend que " L'objectif sera de dégager les principes républicains auxquels l'ensemble des gens vivant en France doivent adhérer ...". Le secrétaire d'Etat aux Transports et député UMP, Thierry Mariani pense que "C'est une opération nécessaire car il y a un vrai problème concernant la pratique de cette religion et la question du financement de lieux de culte. Il faut clarifier l'espace dévolu à la laïcité et celui accordé à la pratique de l'islam....Pourquoi l'islam ? ... Les autres religions ne posent pas de problèmes... L'islam est une nouvelle religion en France. Les pratiquants ont beaucoup augmenté à cause de l'immigration et de la politique de regroupement familia ... Non, il ne faut pas remett."

On constate, à ce stade, que, l'objectif qui serait poursuivi, n'est clair pour personnes, que ce soit Nicolas Sarkozy ou ses fidèles lieutenants. Entre un constat, fait en 2004, qui laisse entendre qu'il pourrait y avoir un financement des lieux de culte et l'objectif de dégager des principes républicains, il y a une marge énorme. D'autant plus que, si l'on étudie de près la loi du 3 juillet 1905 , on s'aperçoit, qu'à part si l'on veut financer les lieux de culte, les lieux d'enseignement religieux et le personnel religieux, ou réintroduire un lien étroit entre les églises et l'État, cette loi est parfaitement adaptée à la situation actuelle.

Premièrement parce qu'elle affirme dans son premier article l'indépendance de l'État Français par rapport à quelques Église que ce soit. Deuxièmement parce qu'elle crée une séparation nette entre l'Eglise et l'État . Tout en reconnaissant à chacun la liberté de conscience et le libre exercice des cultes, elle précise que ces deux libertés ne peuvent s'exercer que dans le respect de l'ordre public. On voit bien qu'en votant cette loi, le Gouvernement et les Parlementaires de l'époque ont clairement voulu faire comprendre qu'ils entendaient laisser à chacun la liberté de croire et de penser ce qu'il voulait, mais uniquement dans l'intimité, dans la sphère privée. L'État est neutre vis-à-vis des religions, il n'en privilégie aucune et ce principe va être réaffirmé en 1958, dans la constitution. Comme l'a souligné Jeanne-Hélène Kaltenbach* : l’Etat est « subjectivement neutre parce qu’il a exclue les religions de son sein et il est objectivement neutre parce qu’il est impartial avec elles »

Mais, tout en entendant garantir le libre exercice des cultes (notez bien que dès 1905, le législateur parle de culte au pluriel), la loi du 3 juillet 1905 va préciser dans les 44 articles qui la composent les restrictions à l'exercice des cultes qui sont nécessaires pour que l'État puisse remplir sa mission de protecteur de l'ordre public et concrétiser la séparation des intérêts de l'État et de ceux des Églises.

Cette séparation est « spirituelle » ET financière. L'article 2 précise que "la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". Contrairement à ce qui se pratiquait depuis des siècles, l'État annonce clairement qu'il ne veut plus prendre en charge tout ou partie du financement des cultes et qu'il ne privilégiera pas un culte par rapport aux autres.

De l'article 12 à l'article 17, la loi organise et prescrit la manière dont les édifices qui servent de lieux de culte doivent être déclarés, entretenu et elle précise qu'ils ne peuvent en aucun cas servir à autre chose qu'aux cultes religieux.

De l'article 18 à l'article 24, la loi organise les structures associatives qui devront être créés pour subvenir aux frais, à l'entretien et à l'exercice public d'un culte. Elle donne notamment des précisions sur l'organisation et les obligations comptables de ces associations, sur leur mode de financement, sur les services de l'État auquel elles devront rendre compte et elle précise également dans son article 22 que : « les associations et unions peuvent employer leurs ressources disponibles à la constitution d'un fonds de réserve suffisant pour assurer les frais et l'entretien du culte » mais elles ne peuvent en aucun cas employer ses ressources à une autre destination.

De l'article 25 à l'article 44, la loi fixe de façon très précise les règles auxquelles les associations cultuelles, quelle qu'elles soient, doivent se soumettre. Dans l'article 26, par exemple, il est précisé qu'il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte. Dans l'article 27, il est précisé que toutes les manifestations extérieures d'un culte doivent être réglées en conformité avec les lois municipales. Dans l'article 30, le législateur précis que l'enseignement religieux ne peut être donnée aux enfants âgés de six à 13 ans inscrits dans les écoles publiques. Dans l'article 35, le législateur a averti que si un discours est prononcé ou un écrit un fichier distribué publiquement dans les lieux où s'exerce le culte et qu'il contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois et aux actes légaux de l'autorité publique, le ministre du culte en sera rendu coupable et sera puni d'un emprisonnement.

On voit donc, au travers des quelques exemples que je viens de vous citer, que le législateur de 1905 à totalement cerné la problématique que peu poser le "multicultualisme" à une nation qui se veut laïque, libre et indépendante de toute religion.

Devant un texte aussi limpide, aussi complet, je trouve particulièrement inquiétant d'entendre notre personnel politique justifier une modification de cette loi en avançant notamment des arguments fallacieux.

D'aucuns prétendent que le phénomène d'islamisations et nouveaux en France. C'est faux, déjà en 1905, lors des 48 séances de débats qui ont précédé le vote de la loi sur la séparation de l'Église et de l'État, et donc établi le principe de laïcité de la République Française, on considérait que la pratique de la religion islamique était très répandue sur le territoire français. Et pour cause, l'Algérie faisait, au travers de ces départements, partie intégrante du territoire français. Et donc, la religion islamique y était majoritairement représentée. Le gouvernement et le parlement de l'époque ont totalement intégré ce paramètre dans leur réflexion et leur vote de la loi de 1905. La réflexion s'est d'ailleurs affinée en 1907, par un décret règlementant , entre autre, dans les départements d'Oran, d'Alger, de Constantine, le contrôle des mosquées.

Les mêmes et d'autres, croyant peut-être donner du poids à leur argument, s'appuient sur des statistiques sur les pratiquants de la religion islamique en France. Or, ces statistiques ne sont qu'une extrapolation de la population issue de l'immigration de pays musulmans. Elle comptabilise en vrac, les pratiquants, mais non pratiquants, les athées ou les agnostiques. Elles ne correspondent à aucun recensement des pratiquants de la religion islamique.

D'autres véhiculent la légende des racines chrétiennes de la France. Il convient là aussi de modérer les propos de ceux qui prétendent que les racines de la France sont Chrétiennes. En effet une telle affirmation pousserait à croire que la France, le sol Franc n'est sorti des eaux qu'au 2ème siècle après Jésus-Christ.Il n'en est bien évidement rien. Pendant près de 2000 ans AVANT l'évangélisation de la population française, le polythéisme et le la doctrine celtique était dominant dans la culture de nos ancêtres! Les racines les plus profondes de la culture religieuse françaises sont donc tout sauf chrétiennes!

Du reste, probablement au grand dépit des intégristes chrétiens, cela se retrouve de nos jours si l'on observe les statistiques qui proviennent des recensements effectués par l'Église Catholique de France. On constate que si 25 % des Français font encore, en 2007, baptiser leurs enfants, il n'y en a plus que 5 % qui poussent leurs enfants à aller jusqu'à la confirmation. Il y a un peu moins de 33% de Français qui se marient à l'église. Donc très peu des personnes qui se déclarent pratiquants de la religion chrétienne observent les 7 sacrements que prône son dogme. Force est donc de constater que, malgré les "remontrances" de l’historien israélien Elie Barnavi, observateur privilégié du continent, reproche aux Européens de ne pas affirmer et assumer leurs racines chrétiennes, comme nos ancêtres celtiques, les Français, sont plus "adeptes" de rites de passage universels que de l'unique foi chrétienne.

Nous voilà donc face un projet de débat dont les objectifs sont extrêmement flous, et, qui plus est, dont les arguments avancés sont faux. Et nous nous retrouvons dans la même situation que lors des précédents débats sur la réforme des retraites ou l'identité nationale, alors qu'il paraît évident que la loi de 1905, déjà modifié par les huit décrets parus entre le 18 mars 1970 et le 12 mai 2007, est non seulement suffisantes pour être appliquée à toutes les religions implantées sur le territoire français et qu'il n'est nul besoin d'y apporter de modification.

Il devient donc totalement légitime et pertinent de se demander pourquoi Nicolas Sarkozy et la majorité présidentielle tiennent-ils tant à mener ce débat alors que les préoccupations principales des Français s'orientent depuis plus de trois ans vers le chômage, les revenus du travail, l'avenir de leurs enfants ?

Pourquoi envisager un débat qui aboutirait à la modification d'un texte de loi, alors qu'une bonne campagne de communication, des réunions avec les représentants des cultes religieux, voire même des affiches placardées dans les lieux de culte, peuvent parfaitement permettre un rappel à la loi auprès des pratiquants de quelque religion que ce soit?

D'aucuns prétendent qu'il ne s'agit que d'une manœuvre politique visant à faire plaisir et à récupérer l'électorat du Front National. On peut trouver la confirmation de cette hypothèse dans les propos du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire. Ce dernier prétend en effet que "Le Front national recueille un véritable écho et si nous ne sommes pas capables de répondre aux problèmes qui se posent aux gens en termes d'emploi ou de logement, ils auront un vote défouloir en disant : On ne nous a pas entendus ? Eh bien, nous votons pour les extrêmes".

D'autres, comme le premier ministre François Fillon, semblent écartelés entre la peur d'une stigmatisation d'une partie de la population française mais pense tout de même que le débat est nécessaire pour permettre de réévaluer le principe de laïcité et son application pour tenir compte des évolutions de la société française. Je les encourage à prendre connaissance de la situation de la France en 1905 et leur rappelle qu'il n'y a aucune évolution de la société française en la matière depuis cette date. Je suis même certaines que si nous comparions le nombre de pratiquants de la religion islamique en 1905 et le nombres de pratiquants réels de la religion islamique en 2010 sur le territoire français, nous constaterions que la pratique de cette religion est très nettement en baisse comme l'est d'ailleurs celle de la religion catholique.

Personnellement, j'aurais tendance à rejoindre Eddy Khaldi, spécialiste de la laïcité à Unsa-Education, et Henri Pena-Ruiz , qui considèrent que Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé tente d'instrumentaliser l'islam pour attaquer la loi sur la laïcité. Je crains, comme George Sarre, que modifier la loi de 1905 ne revienne "à réintroduire les religions dans l'espace public au nom de la tolérance " . L'objectif implicite, non-dit, étant de modifier toute la partie du texte de loi, notamment l'article 22, concernant le financement des lieux de culte et des associations culturelles ainsi que celui de l'enseignement privé. C'est d'ailleurs, comme le souligne le journal Rue89, ce que préparent les députés réunis dans le groupe d'études sur l'enseignement privé sous contrat et hors contrat. J'ajouterai que si ce débat poursuit un objectif électoraliste, on peut également supposer qu'en modifiant les articles de loi portant sur le financement des cultes, il peut également être possible de permettre aux églises, y compris l'église de scientologie, de ne plus être obligé de consacrer leur argent uniquement au culte. Et, dans cette hypothèse, je pense que la nomination de Claude Guéant au ministère de l'Intérieur n'est pas neutre du tout, Car c'est lui qui va être chargé, si besoin, de présenter le projet de loi au Parlement. Or, je ne peux pas m'empêcher de me souvenir que le même Claude Guéant a déclaré que l'église de scientologie ne représente aucun danger pour la population, et que Nicolas Sarkozy, en septembre 2004, alors qu'il était ministre du budget, avait reçu à Bercy un scientologue très connu du nom de Tom Cruise. Le même Claude Guéant qui a avoué à demi-mot, à la suite du renvoi du lieutenant Palisson (qui s'intéressait de trop près à l'église de scientologie), que les investigations et les surveillances sur l'église de scientologie avaient été réduites, voir annulées. Au grand plaisir de la porte-parole de l'église de scientologie, Daniel Gounord, qui s'est félicité d'avoir, depuis ce renvoi, des contacts plus aisés avec les pouvoirs. Je ne peux, non plus, m'empêcher de me souvenir que L'Église de scientologie a été condamnée pour escroquerie mais, grâce à une loi du 12 mai 2009, votée en urgence par la majorité présidentielle, elle n'a malheureusement pas pu être dissoute.

Dès lors, connaissant la force de lobbying de l'église de scientologie et celle de l'église catholique, ainsi que leurs immenses richesse, on peut craindre effectivement que la modification de la loi de 1905 poursuive l'objectif de financer des Églises qui, en retour, pourraient participer au financement de l'UMP. D'aucuns pourront me dire que je fais là un procès d'intention. À ceux-là je répondrai que, certes, je ne base mon hypothèse que sur l'observation de ce qui s'est passé ouvertement depuis 2007 mais de façon beaucoup plus sournoise depuis une dizaine d'années. Je répondrai également que lorsqu'on entend modifier un texte de loi fondamentale, si on est un citoyen responsable, on se doit d'examiner toutes les hypothèses et toutes les conséquences que peuvent avoir les modifications envisagées.

Ça n'est pas parce que notre personnel politique ne parle pas de ces hypothèses qu'il faut nous exempter de les envisager. Ça n'est pas parce qu'il veut se livrer à un combat d'arrière garde contre l'Islam soit par visées électorale, soit pour établir un lien financier avec de puissantes églises, qu'il faut les suivre dans cette dérives! D'autant plus que des solutions existent. certes elles nécessitent de la fermeté de de la volonté, comme le suggère Ségolène Royal qui a proposé de:

- "Refuser toute remise en cause de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, et intégrer à la Constitution une charte de la laïcité." Extrait du pacte présidentiel de Ségolène Royal (2007).

- "Défendre l’universalité des services publics et le droit de tous à y accéder, quel que soit son sexe ou sa confession."

- "Exiger la mise en place de l’Observatoire de la Laïcité créé en mars 2007 et dont les membres n’ont jamais été nommés."

- "Être vigilant et exigeant sur l’application de la Charte de la laïcité pour qu’elle protège effectivement les usagers et les agents du service public."

* (Jeanne-Hélène Kaltenbach – La laïcité en Europe. Colloque des Associations Familiales Protestante – 16 septembre 2005).

Sources: Rue89; Le Monde; le JDD; Le Point; Le Post, 20 Minutes; Légifrance; Ma vie en Narcisse; Dailymotion; Fakir; Ségothèque