jeudi 21 avril 2011

C'était un 21 avril, il faisait beau et certains tentaient de me persuader de « voter utile »

En lisant les derniers billets en date d'Intox2007  et de Melclalex  , je me suis souvenue de ce 21 avril 2002, du résultat du premier tour de l'élection présidentielle à l'issue duquel le candidat socialiste Lionel Jospin était éliminé , laissant en lice pour le second tour Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Ce qui revenait, de mon point de vue, a demander aux électeurs de choisir entre Charybde et Scylla, entre la peste et le choléra.

Je me souviens de la déplorable réaction de Lionel Jospin, prenant acte de ce résultat du premier tour et de mon soulagement en l'entendant, déclarer qu'il se retirait de la vie politique.

Car ce 21 avril 2002, j'en voulais à Lionel Jospin premier ministre, à ses successifs ministres des finances que furent DSK et Laurent Fabius, à des prétendues socialistes comme Pierre Mauroy, Jean-Pierre Chevènement,Martine Aubry, Élisabeth Guigou,  Marylise Lebranchu, d'avoir transformé le parti socialiste en un parti de centre droit, d'avoir sacrifié l'idéal humaniste (si tant est que ces gens-là l'aient un jour partagé) du socialisme initial au profit de l'idéal économique libéral.

Ce faisant, ils sont certes devenus d'excellents gestionnaires, mais ça n'était plus pour assurer à l'ensemble de la population une qualité et un niveau de vie épanouissant. C'était bien plus pour rassurer les marchés, favoriser la mondialisation et la dérégulation économique tout en essayant de maintenir une paix sociale absolument nécessaire pour que ces réformes profondes de notre société puissent se faire en toute opacité et sans demander l'avis des citoyens.

Alors certes, on peut mettre au crédit des gouvernements Jospin d'avoir mis en place les 35 heures sans perte de salaire, les emplois jeunes, des droits nouveaux du travail, le maintien des retraites, la CMU, l’APA, le PACS, la parité. On peut leur reconnaître d'avoir fait retomber le chômage sous la barre fatidique de 2 millions (tout de même) de chômeurs. On doit reconnaître, si l'on veut rester objectif que c'était qui a su équilibrer les comptes sociaux et qu'elle a mis en place une police de proximité dont l'action positive ne peut être niée.

Mais dans ce bilan, il ne faut pas oublier que le gouvernement Jospin a amputé la France d'une grande partie de son patrimoine et de ressources financières importantes en privatisant à tour de bras.

Privatisation des banques et assurances publiques ont été amorcées, facilitées, préparées par le gouvernement Jospin et sa majorité présidentielle. Il en va de même pour des secteurs comme l'énergie (EDF), les télécommunications et les multimédias (France Telecom et Thomson), la construction et le transport aérien (Airbus, Air France). Nous voyons, neuf ans après, en consultant la terrible augmentation permanente de nos factures, et en la comparant avec la stabilité qu'elles avaient avant la privatisation, à quel point nous avons été lésés par ses décisions du gouvernement Jospin et en observant l'accroissement perpétuel du déficit des caisses de l'État, à quel point les finances publiques, et donc l'ensemble des citoyens français au travers des impôts et des taxes, pâtissent du manque à gagner que ces privatisations ont généré.

Au-delà des privatisations, j'avais encore en tête la désinvolture  avec laquelle Lionel Jospin avait pris position , en 1989, lors de l'affaire du plan social de Michelin . Entendre un premier ministre socialiste déclarer « L'Etat ne peut pas tout », constater que malgré cela il a la prétention d'être président de la république, c'est une atteinte à l'intelligence.

Entendre le même prétendre depuis Villepinte en octobre 1997  que "la première des libertés, c'est la sécurité" , bafouant ainsi la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui loin de priorité nos libertés, met à égalité la sécurité, ou "sûreté",  avec la liberté, la propriété et la résistance à l'oppression, c'était, aller à l'encontre de de la défense DES libertés, entrer dans le discours traditionnel de la droite conservatrice et outrepasser la "Lettre à tous les Français" (1988) de François Mitterrand, qui lui valut d'être réélu et dans laquelle le discours sécuritaire était absent.

Alors, ce 21 avril 2002, lorsque je ne suis pas allée voter pour soutenir Lionel Jospin, c'est parce que j'avais non seulement en tête les privatisations qu'il avait décidées mais également parce que, au travers de ce qui s'était passé dans d'autres pays, je savais qu'inéluctablement cette décision n'avait rien à voir avec l'étiquette socialiste et serait préjudiciable à la France et aux Français, notamment les plus modestes d'entre eux.

Dès lors, c'est un choix assumé, éclairé que j'ai fait ce jour là en m'abstenant d'aller, par mon vote, soutenir une politique que je désapprouvait. Non seulement j'assume ce vote de 2002, mais je ne le regrette pas du tout.

Neuf ans après, je regrette que tous ceux (excepté Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon), socialistes, écologistes, etc., qui, à gauche, avaient soutenu, soit en tant que ministre soit en tant que parlementaire, la politique du gouvernement Jospin, sévissent encore dans les milieux politiques et aient encore la prétention de représenter le Socialisme, la gauche sociale.

Je regarde même avec un certain cynisme , depuis 2007, les mêmes “pseudo socialistes”, saboter la campagne de Ségolène Royal et, aujourd'hui, surfer sur la montée du Front National pour essayer, en appelant au vote utile, à la candidature unique pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2012, de nous fourguer Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry comme président de la république.

Je comprends parfaitement que pour ces gens-là, la démarche de Ségolène Royal, notamment sa volonté de proximité avec les électeurs et d'enrichissement des connaissances des citoyens, grâce aux universités participatives populaires, est perçu comme un socialisme beaucoup trop démocratique et révolutionnaire.

Je comprends également que la franchise sans gants, ainsi que les propositions de bon sens de Jean-Luc Mélenchon, représentent un immense danger pour ceux-là mêmes qui marchent main dans la main, au nom d'un pragmatisme illusoire, avec les plus néolibéraux des « oligarques mondialisants ».

Et je comprends enfin que pour des gens qui pensent que « l'État ne peut pas tout » - et surtout que cela arrange que l'État ne puisse pas tout - il soit indispensable de faire taire tous ceux qui, par leur action ou par leurs propos, pourraient révéler aux yeux des électeurs la supercherie de parties qui se disent de gauche ou écologistes alors qu'au final ils soutiennent la logique libérale, ne considère le socialisme et l'écologie que comme un emballage de leur carriérisme.

Dès lors, si brièvement , moi qui regarde rarement le passé, je me suis demandée aujourd'hui ce que j'avais voté en 2002 et pourquoi un tel choix, je reconnais que cela aura eu au moins l'avantage de me permettre de réaliser que ce qui a motivé mon vote de 2002 est toujours d'actualité.

Il est donc fort probable que pour l'élection présidentielle et les élections législatives de 2012, faute d'un changement profond de l'idéologie du PS et du fonctionnement de EELV, si par malheur Ségolène Royal ne remporte pas l'élection primaire socialiste, ce ne seront pas des appels désespérés au vote utile, à une candidature unique, ni même des sondages douteux qui ressemblent plus à des machines à laver cerveau qu'à des démarches scientifiques, et encore moins la crainte de voir le Front National accéder aux hautes fonctions de l'État, qui me décideront à aller mettre un bulletin de vote, autre qu'un bulletin blanc, dans l'urne.

Que voulez vous, je ne suis pas de ces électeurs qu’on manipule par la peur, par l’imposition des idée de ceux qu’on désigne comme les penseurs, et encore moins par idéologie dévoyée…Et en cela je crois que je ressemble à énormément de mes concitoyens….

Sources : Intox 2007  ; à perdre la raison  ; Dailymotion ; Rue 89 ; Libération ;résistances et changements

vendredi 15 avril 2011

Pendant les diversions politiques ou médiatiques, la casse sociale continue

Il y a eu énormément d'annonces a visé électorale ces derniers jours, dans les médias, de la part du personnel politique et du gouvernement.

  • Annonces concernant essentiellement les candidatures des uns et des autres à des élections présidentielles et législatives qui, somme toute, n'auront lieu que dans plus d'un an.
  • Annonces qui manifestement n'ont pour but que de constituer l'échiquier politique de 2012, de racoler des catégories socioprofessionnelles à grands coups de pré projets plus ou moins précis, plus ou moins évalués financièrement.

Annonces qui se multiplient probablement afin de nous faire oublier que “pendant les travaux, la casse sociale continue” d'une façon on ne peut plus hypocrite et sournoise, car elle mélange l'électoralisme, le clientélisme électoral, tout en visant à faire baisser, sans que les principaux intéressés ne s'en rendent compte, le coût du travail et donc le revenu de l'ensemble de ceux dont le salaire “calé” sur le SMIC.

Quels points communs entre le discours de M. Guéant qui est fermement décidé à mettre un frein à l'immigration professionnelle, la proposition de quelques députés de l'UMP visant à obliger les prisonniers à travailler et celle de Xavier Bertrand et de quelques autres de rétablir le service du travail obligatoire pour les chômeurs percevant le RSA ?

Réfléchissez un peu... Le point commun entre ces trois projets , au delà des populations visées que certains présentent, par opportunisme, comme des assistés redevables à la société, c'est le coût horaire du travail.

La politique contre l'immigration  a pour conséquence immédiate de créer, sur le marché du travail, une pénurie de main-d'œuvre non qualifiée et bon marché. Ce faisant, ces immigrés qui ne viendront plus travailler en France, il faudra bien les remplacer au même prix (et si possible à un prix inférieur) pour l'employeur, car il est bon de le répéter, cette main-d'œuvre étrangère est principalement employée dans le bâtiment et les travaux publics, le nettoyage, qu'ils soit communale ou industriel... Et donc ce travail doit être fait si l'on ne veut pas que la France se transforme en poubelle et qu'elle n'ait plus d’infrastructures construites et entretenues.

Et donc, pour alimenter le marché du travail que les mesures xénophobes auront fragilisé, la droite présidentielle nous sort de son chapeau de mesures dont les conséquences immédiates, outre le fait qu'elles sont parfaitement amorales, illégales au regard de la Constitution, vont permettre de pallier le vide qu’occasionne, sur le marché du travail, la politique migratoire française.

Mais comme la majorité présidentielle ne poursuit jamais un objectif unique et qu'elle est spécialiste des “coups à trois bandes”, ces projets de lois vont avoir comme conséquence immédiate de faire baisser le coût horaire du travail.

  • La première mesure consiste à obliger les bénéficiaires du RSA a effectué 5 heures par semaine de travail d'intérêt général.

Outre le fait que dans notre législation, le travail d'intérêt général a toujours été considéré comme  le premier échelon de punition avant l'incarcération, on peut se demander de quoi les bénéficiaires su RSA sont coupables pour qu’on veuille les punir!  Et même les punir doublement puisqu’on les sous payerait… En effet,  si l'on en croit Martin Hirsch, le coût de l'heure travaillée par un bénéficiaire du RSA serait de 5 euros , alors que le montant du SMIC horaire net est de 7,6 euros (9 euros bruts).

Avec le projet de loi de la majorité présidentielle, les bénéficiaires du RSA perdraient entre 2,6 et 4 euros par heure de travail. Et pourtant ils effectueraient le même travail que les 600 000 personnes qui actuellement sont employées par les collectivités locales, les associations, les services de l'État et qui se verraient mis au chômage si cette loi était votée.

Depuis 1987 les prisonniers, sur la base du volontariat, et uniquement du volontariat, peuvent demander à travailler ou à être formé pendant leur incarcération. Mais, ne vous faites pas d'illusions, un détenu qui travaille, quand bien même il fournit généralement un travail manuel à l’une des 500 entreprises (très souvent sous-traitantes de grands groupes économiques et industriels)  liées à l'administration pénitentiaire, ne va pas gagner une fortune puisse que l'administration a fixé à 3,70 euros le montant du salaire horaire d'un détenu. En réalité, le détenu,  ne perçoit pas 3,70 € par heure puisque le l'administration pénitentiaire prélève sa dime sur cette somme. Du coup, lorsque Christian Vanneste, député du Nord, prétend que le travail des détenus devrait être obligatoire parce que cela permettrait de payer leur hébergement, il oublie de considérer qu'en étant  moitié moins à travail égal, le détenu paye déjà amplement son hébergement mais également le personnel de surveillance. Alors qu'il effectue un travail reconnu dans les nomenclatures officielles, un détenu perd 3,36 € nets par heure de travail (5,3 euros bruts). Employeur et administration sont donc largement bénéficiaires lorsqu'ils emploient des détenus.

Alors, si au-delà de l'enfumage, de la démagogie, que représentent ces annonces concernant l'immigration, le travail obligatoire pour ces « feignants de chômeurs », le travail obligatoire pour ces délinquants « logés nourris blanchis par la société », le constat est simple. La majorité présidentielle continue la casse sociale en s’en prenant , cette fois ci, aux plus fragilisés d’entre nous, à ceux qui paient déjà leurs erreurs, comme les détenus et à ceux qui paient celles des employeurs, comme les bénéficiaires du RSA.

Les « néo - beaufs » qui seraient tentés d'approuver une telle mesure, ferait mieux, surtout s'ils font parti de cette catégorie de travailleurs dont le salaire dépend indirectement du montant du SMIC horaire, de se méfier.

Car, en acceptant que le taux horaire du travail soit dévalué en fonction de la situation du salarié et non évalué à partir du contenu du travail effectué, il court le risque de se voir très très vite appliquer les mesures qu'on entend appliquer actuellement aux catégories les plus fragilisés des travailleurs (chômeurs, détenus).

Qu'ils n'aillent pas s'imaginer que les employeurs et l'État, qui depuis 10 ans n'ont de cesse que de casser les acquis sociaux et le coût du travail, ne chercheront pas à faire baisser le taux horaire du SMIC au prétexte que des ouvriers, des employés, des agents de maîtrise soutiennent le Front National et l'UMP...

Gagner, pour chaque heure travaillée, entre 2,60 € et 3,70 € de plus, c'est une aubaine qu'aucun actionnaire ne laissera passer, surtout si il bénéficie comme c'est le cas actuellement, d'une majorité présidentielle qui fait vraiment tout pour lui faire gagner plus au détriment des salariés.

Sources : Le Point; 20minutesRMC; Les horaires; le journal du net; les Échos; le Figaro ; CGT

dimanche 10 avril 2011

L'Islande, le pays d'une autre démocratie

Il est toujours intéressant de comparer, quand on parle de Démocratie, comment, d'un pays qui se prétend démocrate à l'autre, les pratiques démocratiques divergent. Mais il est encore plus intéressant d'effectuer cette comparaison lorsque les sociétés traversent des périodes de crise, car cela permet d'évaluer comment elles utilisent les pouvoirs (c'est-à-dire la capacité d'agir) de contrôle des règles, des décisions et des moyens (financiers ou humains).

Dans un système, quel qu'il soit, une crise se manifeste par une rupture, un dysfonctionnement. Elle entraîne un désordre. Désordre qui, dans une société humaine, peut générer une perte de confiance dans l'ensemble du système.

Selon le type de Démocratie pratiquée par les états, les conséquences du désordre peuvent être plus ou moins graves pour l'avenir des citoyens. Elles peuvent aller du renfermement sur soi, tels que le prône actuellement les partis d'extrême droite - qui ne remettent toutefois pas en cause le libéralisme en tant que doctrine économique - à ce que d'aucuns appellent l'anarchie, faisant ainsi une confusion déplorable avec l'anomie  (la désintégration des règles et des normes qui régissent la conduite des hommes et assurent l'ordre social) .

Notons, dès à présent, que les tenants de la doctrine ultralibérale - qui prône, depuis une trentaine d'années, le libre-échange sans contrôle des Etats, la limitation des obligations sociales au profit du libre choix des entreprises, tout en acceptant que les états viennent à leur secours en cas de difficultés - pratiquent une forme d'anomie particulièrement hypocrite et dangereuse.

  • Dangereuse pour le fonctionnement d'une société qui serait obligée, comme cela a été fait depuis 2007, d'engager des sommes phénoménales pour sauver de la faillite des banques et des entreprises qui n'entendent pas, lorsqu'elles sont florissantes, rétrocéder aux mêmes sociétés une partie de leurs bénéfices.
  • Dangereuse parce que l'aide à ces entreprises se fait au détriment de la mission première de l'État qui est , notamment en France, “d'assurer à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement” . Ainsi, en France, depuis 2008, des pans entiers du système social qui permettait à la nation d'assurer cette mission prioritaire ont été négligé voire même supprimés.
  • Dangereuse également par ce que les états qui sont obligés de se porter caution réduisent leur rôle social à celui de partenaire économique, abandonnant ainsi des pans entiers de pouvoir sans pour autant augmenter leur capacité de contrôle.
  • Dangereuse enfin pour le fonctionnement démocratique d'une société.

Mais, sur ce point il faudrait prendre conscience du type de Démocratie que pratique un état français depuis bon nombre d'années. Et le constat est plutôt dur.

Nous sommes très éloignés, comme l'a souligné Ségolène Royal, d'une démocratie participative, mais bien plus proche d'une démocratie élitiste voire même, comme l'a très bien dit Jean-Luc Mélenchon, d'une oligarchie  - c'est-à-dire d'un gouvernement exercé par une caste de personnes influentes ou puissantes (financièrement ou économiquement), dans leurs seuls intérêts et en imposant leurs décisions à l'ensemble des citoyens - devenant ainsi un régime qui vise à maintenir les privilèges des plus riches citoyens au détriment de la grande majorité des autres.

Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon ne font que constater qu'en France, la Démocratie - c'est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple - a été dévoyée.

Et ce constat lucide, que chaque citoyen peut facilement faire, leur vaut régulièrement de la part de ceux-là mêmes qui font parti de cette oligarchie, d'être voué aux gémonies. Cela leur vaut d'être traité de “populiste” par ses oligarques qui ne pratiquent le pouvoir qu'entre personnes cooptées , non élues démocratiquement, qui ne prennent des décisions qu'en recherchant leur intérêt personnel ou celui de leur caste  et non l'intérêt commun. Ça en serait comique si la situation n'était pas si grave et ces propos n’étaient injurieux pour l'intelligence des Français...

En cela, la politique économique, social, mise en place par la majorité présidentielle française depuis le mois de juin 2008  pour tenter de réguler les dégâts de la crise économique déclenchée par la cupidité des banquiers- y compris des banquiers français-  concoure a donner raison à Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon.

Il suffit d'observer la façon dont la majorité présidentielle a utilisé le pouvoir institutionnel sans, à aucun moment, consulter le peuple, ou ses représentants, sur l'opportunité des décisions qu'il devait prendre. Pourtant, la crise économique qui a éclaté à l'automne 2008 a été une crise brutale dont une très large majorité des Français payent les conséquences et payera encore pendant deux à trois générations. N'était-ce pas là le type de décision que, dans une démocratie qui se respecte, on se devait de soumettre à la volonté du peuple ?

Au-delà même de l'aspect économique de cette décision, il y a un aspect moral qui, de mon point de vue, nécessitait absolument qu'un référendum soit proposé au peuple français. Parce que tout simplement à un moment où les législateurs de la majorité présidentielle restreignent de plus en plus le droit à l'erreur du citoyen lambda, où les employeurs licencient le salarié qui fait une erreur infime, il y aurait une certaine amoralité a accepter que certains citoyens bénéficient d'une tolérance plus large.

Un aspect de morale et de justice également, par ce que, comme de très nombreux commentateurs l'ont souligné, il s'agissait ni plus ni moins de valider une aide à des spéculateurs qui, en étant tout à fait conscient des risques qu'ils faisaient courir à des milliards d'individus, prétendaient - alors qu'ils réclament à tout bout de champ le droit à leurs libertés d'expression ou d'entreprendre, même si pour cela ils empiètent sur la liberté des autres - que la communauté leur vienne en aide en épongeant les dettes qu'ils avaient fait de façon inconsidérée. Est-ce juste d'aider quelqu'un qui en toute connaissance de cause met en danger des innocents ?

C'est en quelque sorte à toutes ces questions qu’implicitement un référendum aurait pu apporter des réponses. Mais le gouvernement français ne voulait probablement pas les entendre... Il ne voulait probablement pas demander aux Français: « doit-on rembourser la dette des banques privées ? »

  • Probablement parce qu'en bon défenseur de la doctrine ultralibérale qui se respecte, les membres de la majorité présidentielle pensent probablement que les décisions, que le pouvoir, n'appartiennent plus haut peuple mais à ceux qui détiennent l'argent et l'appareil de production... Et qu'à ce titre la décision ne devrait pouvait que se prendre que dans le petit cercle des décideurs mondiaux, quand bien même ils étaient eux-mêmes coupables de la série de fautes qui ont provoqué la crise économique de 2008.
  • Probablement parce que pour rendre aux citoyens français un tel pouvoir de décision:
    -il faudrait qu'en France nous soyons en Démocratie.
    -Il faudrait qu'en France nos décideurs politiques n'interprètent pas le mandat représentatif comme un blanc-seing et le peuple citoyen comme une bande d'incapables tout juste bon à glisser un bulletin dans l'urne tous les cinq ans...
    -Il faudrait qu'en France nos décideurs politiques ne considèrent pas qu'ils sont les seuls, parmi les citoyens français, à comprendre la complexité du système dans lequel nous évoluons.
    -Il faudrait enfin, qu'en France, nos décideurs politiques réalisent que si le système économique français fonctionne, si le système social français fonctionne, ça n'est pas grâce à eux mais bien grâce à 6 millions de Français qui, par leur travail, par les compétences professionnelles qu'ils ont acquises, permettent à l'économie de fonctionner, et permet également à l'État d'exister.

Pourtant, un petit pays, l'Islande- que nos oligarques se gardent bien de nous donner en exemple- n'a pas hésité, par deux fois, alors que l'une de ces banques privées sollicitait, en accord avec le Parlement, les aides de l'État, à soumettre la décision des décès dans à référendum.

Référendum auquel par deux fois, les Islandais ont répondu non massivement. Ainsi donc, les Islandais n'auront pas à assumer les 4 milliards d'euros de dettes que représente les pertes de la banque privée Icesave . Ils ont refusé de payer avec l'argent public, puisque rien ne les y oblige, les dettes contractées par un des fleurons du libéralisme mortifère qui dévaste le monde : une banque privée.

En termes de Démocratie, l'Islande n'est pas en reste, car, alors qu'elle est obligée de construire une nouvelle Constitution Nationale si elle veut intégrer l'Union Européenne, elle a eu recours à la souveraineté populaire en créant une assemblée constituante composée de 25 citoyens non parlementaires. Ces citoyens devront proposer avant l'été prochain un projet de constitution complet qui sera soumis à référendum en 2012.

Vous me direz qu'en France aussi au fait des référendums, mais en France aussi nos oligarques, quand à l'occasion d'un référendum nous refusons massivement un projet de traité constitutionnel européen  , manœuvrent pour que de toute façon ce soit leur choix qui prévale . On s'étonnera après que certains citoyens français se jettent dans les bras des extrémistes de droite, oubliant de voir que leur discours et d'une démagogie éhontée, qu'ils utilisent les mêmes méthodes d'enfumage que la majorité présidentielle en les poussant à la xénophobie et que leur doctrine économique est tout autant libérale que celle des partis de la droite et du centre français...

Une démocratie participative qui associe directement les citoyens aux choix qui les concernent, un recours au référendum pour prendre des décisions qui engagent lourdement les citoyens et leurs descendants, voilà un bel exemple que nous donne l'Islande qui décidément est bien le pays d'une autre démocratie.

Mais force est de constater qu'en France, cet exemple la, ni les médias ni le personnel politique ne nous le donne à connaître.

Il doit leur faire aussi peur qu'un flacon de Marie-Rose effraye une colonie de poux...

Sources : La Toupie ; Assemblée Nationale ; les éditions du seuil ; intox2007 ; politique actu ; Vie Publique; le Nouvel Obs ; Désirs d'avenir

 

vendredi 8 avril 2011

Projet socialiste pour 2012: un projet pour les “nantis”?

Ce qui suit va probablement  vous paraitre un peu dure, mais   je suis en colère contre le projet que le parti socialiste vient de rendre public.

Voilà bientôt deux jours que, depuis sa mise en ligne sur le site du parti socialiste, j'ai pris connaissance de ce projet ainsi que des différents documents qui l'accompagnent. Je précise (histoire qu'on ne vienne pas me taxer d'antisocialisme primaire) que j'ai commencé la lecture de ce document avec toute la bienveillance qui s'impose. Je ne m'attendais certes pas à des miracles, mais tout de même, je ne m'attendais pas, sur la forme, à un document aussi broussailleux, aussi prétentieux dans sa terminologie, et surtout aussi éloigné des préoccupations de la grande majorité de mes concitoyens, et en particulier les plus fragiles et les plus démunis d'entre eux. Je ne m'attendais certes pas un projet en forme de « manifeste du parti socialiste », mais je ne m'attendais certainement pas non plus à ce que j'ai lu et que je résumerai comme : « un projet pour les nantis ».

Deux jours a essayer de lire attentivement et de comprendre en quoi ce projet peut “galvaniser les foules” d'électeurs et porter le  socialisme au pouvoir.

La première remarque je me suis faite, c'est que, pour un document qui ne devait être au départ qu'un document de cadrage - que chaque candidat à l'élection primaire aurait tout loisir d'enrichir et d’amender au cours d'un travail de rencontre avec les militants et des sympathisants de gauche - 70 pages de projet (dont quelques thèmes sont très précisément décrits), cela allait laisser très peu de marge de manœuvre aux candidats, aux militants et aux sympathisants.

La seconde remarque porte sur la forme mais a également une incidence sur le fond.

J'ai fait une première lecture du texte pour essayer de trouver le diagnostic, l'état des lieux, que le parti socialiste faisait de notre société. Cela pour comprendre pourquoi le document était intitulé “projet de changement”. Étant entendu que si l'on veut changer quelque chose il faut au préalable faire une mise à plat de la situation que l'on veut changer, de ce qui est problématique dans cette situation, pour pouvoir élaborer, dans un premier temps des pistes de solution, puis des actions de changement. C'est ce que nous faisons tous consciemment ou inconsciemment, lorsque nous décrétons : « il faut que ça change ».

Si j'ai trouvé quelques bribes de diagnostic, je n'ai pas trouvé de diagnostic global clairement énoncé ni de problématique concrètement décrite. Il m'a donc été impossible de globaliser l'ensemble des thèmes abordés dans le document à fin d'en sortir un objectif de changement et de répondre aux questions : “ou veut-on aller? à quoi veut-on aboutir”?. Il y a bien un document d'une trentaine de pages dans lequel on trouve quelques éléments qui pourraient s'apparenter à un diagnostic, mais ils ne forment pas entre eux un tout cohérent, suivi d'une description des problèmes et des impacts qu'ils ont sur la société française. Du coup, l'articulation avec les propositions contenues dans le document de 70 pages, censées être le projet socialiste pour 2012, manque de cohérence. Dès lors, on a énormément de mal à déterminer de quel changement parlent les socialistes, quels en sont les objectifs, avec quels moyens ils comptent les atteindre.

Je conviens que ce n'était là que déformation professionnelle de ma part. J'ai donc laissé tomber cette grille de lecture, tout en me disant que, malgré tout, nombre de mes concitoyens se demanderaient eux aussi en quoi consistait le changement proposé par les socialistes et où la longue liste de thèmes, constituant le projet présenté, allait nous mener.

J'ai alors adopté une autre grille de lecture en essayant de me mettre à la place de ceux de mes concitoyens qui veulent vivre mieux du revenu de leur travail - non seulement matériellement mais également psychologiquement - ne plus craindre pour leur avenir et celui de leurs enfants, avoir la certitude qu'ils pourront être soignés de façon optimale  sans être obligés de s'endetter pour cela, pouvoir se loger, se chauffer, se laver, sans que tous les trois mois on leur annonce que cette part de leur budget s'accroît encore, etc..

Et la, nouvelle déconvenue, il apparaît très nettement, au travers de l'ordre dans lequel les différents chapitres se suivent, que le projet présenté est totalement déconnecté des préoccupations prioritaires des Français, telles qu'elles apparaissent, par exemple, dans les réponses aux différents items  du baromètre des préoccupations des Français de mars 2011, réalisé par TNS Sofres. Pour mémoire, si on analyse le classement des préoccupations, on constate que :

  • Le chômage et l'emploi sont les deux préoccupations qui arrivent en tête chez 67 % des personnes sondées
  • la santé et la qualité des soins arrive en seconde position pour 51 % des personnes sondées
  • l'évolution du pouvoir d'achat préoccupe 50 % des personnes sondées
  • le financement des retraites vient en quatrième position pour 49 % des personnes sondées, l'école
  • la qualité de l'enseignement préoccupe 44 % des personnes sondées, à égalité avec les inégalités sociales.
  • L'environnement et la pollution arrive en septième place pour 31 % des personnes sondées.
  • Le financement de l'assurance-maladie préoccupe 30 % des personnes sondées,
  • le logement préoccupe 28 % des personnes sondées
  • la sécurité des biens et des personnes préoccupent 22 % des personnes sondées à égalité avec la sécurité alimentaire et la qualité de la nourriture
    le rôle de la famille préoccupe 18 % des personnes sondées
  • la mondialisation de l'économie et des échanges commerciaux préoccupent 16 % des personnes sondées à égalité avec l'individualisme dans la société
  • la sécurité routière préoccupe 13 % des personnes sondées
    l'intégration
  • les relations entre groupes sociaux préoccupent 12 % des personnes sondées.

On voit bien que les trois préoccupations qui arrivent en tête font parti de ce que Maslow appelait les besoins de sécurité. De toute évidence la grande majorité de nos concitoyens rencontre, ou craint de rencontrer dans un avenir proche, des problèmes de survie. Il me paraît donc évident qu'un projet politique de société doit en priorité chercher à répondre à ces préoccupations et trouver des solutions concrètes à ces problèmes que rencontrent nos concitoyens. De même il doit communiquer clairement et concrètement sur des pistes de solution.

Or, que constate-t-on lorsqu'on prend connaissance du document de projets du parti socialiste ?

Le premier chapitre de 19 pages, concerne le redressement de la France et le nouveau modèle de développement. On y disserte de croissance, de production, de finances, d'Europe, de prestige de la Nation, d'immigration, mais rien dans ce premier chapitre ne vient parler concrètement aux français de leurs préoccupations prioritaires.

Il faut attendre le second chapitre, lire 19 pages de considérations très élevées mais trop éloignées de nos préoccupations quotidiennes, pour qu'enfin , en seulement 8 pages, soient abordées les questions importantes pour nos concitoyens. Celles-ci touchent à leur logement, à la sécurité des revenus et des ressources, à la sécurité physique contre la violence, à la sécurité sociale, à l'avenir des enfants, etc.

Certes vouloir que l'homme aspire à s'élever au-dessus des considérations bassement matérielles, l'intention est louable, mais, l'Homme actuel étant ce qu'il est, je crains fort que les grandes considérations du genre “respecter les droits et faire respecter les devoirs” ne semblent quelque peu fumiste et inintéressante à tous ceux qui, en ce moment en France, cherche désespérément à satisfaire les besoins essentiels de logements, de nourriture, de sécurité du revenu et de ressources, de sécurité physique, de stabilité familiale, de sécurité sociale et notamment sanitaire.

C'est courir le risque de voir bon nombre de nos concitoyens se détourner du projet socialiste que de leur parler davantage de promesses républicaines et de nouveau modèle de développement, c'est-à-dire de satisfaire des besoins « supérieurs » alors que leurs besoins élémentaires ne sont pas satisfaits... Et qu'on ne se propose pas de les satisfaire de façon évidente. C'est, en quelque sorte, prendre le problème à l'envers que de présenter à la grande masse des électeurs une réponse aux questions qui les préoccupent le plus, prises en sandwich entre deux pavés énormes de théorie économique et politique.

Il me paraît en effet un peu suréaliste, sachant que chaque besoin supérieur (culture, reconnaissance sociale, aspiration nationale) ne devient conscient et impératif que lorsque les besoins intérieurs sont satisfaits, de présenter un projet dans lequel, finalement, on ne trouve aucune réponse concrète ( du genre comment on va s’y prendre pour obtenir tel résultat)  aux questions que l'on se pose quant à la satisfaction de nos besoins essentiels et aux actions concrètes que les socialistes comptent entreprendre pour se faire, si ils gouvernent le pays.

Dès lors, en l'état actuel du projet, sur la forme, il ne me paraît ni attrayant (parce que beaucoup trop lourd en taille et trop confus quant à la présentation des différents thèmes) ni convaincant pour la grande masse de nos concitoyens qui, je le répète, sont préoccupés au quotidien par des questions de survie. À moins que, au travers de son projet, le parti socialiste ne s'adresse qu'à une population d'électeurs qui a la certitude, grâce à sa situation sociale et économique, que ses besoins élémentaires seront toujours satisfaits et jamais mis en péril.

Auquel cas, et la nous en arrivons aux questions de fond de ce projet, cela pourrait vouloir dire (ou être interprété comme tel) que le parti socialiste ne s'adresse absolument pas aux classes moyennes médianes et basses, et encore moins aux employés et aux ouvriers.... Cela pourrait vouloir dire que son projet de changement n'a pour seule ambition que de revenir à la situation économique et sociale des années 80 - 90 en y rajoutant une simple touche écologique à vertu électorale.

Si tel était le cas, ce serait une énorme maladresse, un désaveu complet des valeurs socialistes fondatrices ainsi que la garantie d'une victoire de la droite en 2012.

Sources : parti socialiste ; TNS Sofres.

mercredi 6 avril 2011

Primaire socialiste: Copé est-il sot ou est-il manipulateur?

À écouter la dernière déclaration de Jean-François Copé, maire et député, donc sans ces mieux connaître la loi que le citoyen lambda, on peut se demander s'il est légitime qu'un individu qui l'ignore autant qu'il le fait et bien à sa place à la tête d'une municipalité et dans une assemblée dont la principale occupation est de voter des lois.
Ce jour, M. Copé, probablement très contrarié par la miteuse réunion  qu'il avait organisée pour tenir un débat sur la laïcité, réunion qui, grande première, a été précédé par la publication sur tous les grands journaux nationaux des 26 propositions qui devaient en être issues ... Ce qui montre à quel point à l’UMP, les débats ne servent à rien puisqu'avant qu'il ne les décisions sont déjà prises, imprimées, diffusées.

Mais laissons cela. Mon interrogation d'aujourd'hui porte sur le fait que Jean-François Copé, lors de son point presse hebdomadaire, a soulevé quelques questions concernant la légalité de l'organisation et le déroulement de la primaire socialiste de désignation d'un candidat pour l'élection présidentielle de 2000. Ces questions portent principalement autour de trois axes :

  • le fichier des électeurs ;
  • l'utilisation des locaux publics pour en faire des bureaux de vote ;
  • le payement de la somme de un euro par les électeurs pour cofinancer la campagne de l'élection primaire socialiste.

Pour ce qui concerne le fichier des électeurs, Jean-François Copé se dit troublé par ce qu'il appelle un recours au « fichage ».

"En clair, nous nous inquiétons fortement de l'utilisation qui pourrait être faite par un grand parti politique de ces fichiers.Nous allons nous pencher très, très sérieusement sur la légalité de cette initiative qui va bien au-delà d'une élection interne à un parti par ses militants""

Tout vient à point à qui sait attendre, lorsqu'il s'est agi de voter la loi Hadopi, le recours au fichage n'a pas plus que cela inquiété Jean-François Copé !

M. Copé devrait relire l'article L28 du code électoral, modifié par Loi n°88-227 du 11 mars 1988  . En effet, cet article, dans son dernier paragraphe stipule que :

"Tout électeur, tout candidat et tout parti ou groupement politique peut prendre communication et copie de la liste électorale."

Ce qui veut clairement dire que Jean-François Copé n'a aucune raison d'être inquiet, la démarche du parti socialiste est totalement légitime puisqu'elle s'inscrit parfaitement dans le paragraphe 2 de l'article L. 28 du code électoral.Que Jean-François Copé l'ignore est pour le moins inquiétant compte tenu du fait qu'il s'est présenté moult fois à des élections, qu'elle soit municipale régionale ou nationale ... Inquiétude d’autant plus injustifiée que le parti socialiste a d'ores et déjà annoncé que ce fichier serait détruit à l'issue de la consultation électorale et surtout qu'il serait élaboré et validé par la CNIL . .

Par ailleurs, Jean-François Copé s'est interrogé sur la légitimité de la mise à disposition d'établissements publics comme les écoles pour installer les bureaux de vote.

Là aussi, celui qui cumule les fonctions de  Maire de Meaux  et de Président de la communauté d'agglomération du Pays de Meaux  semble ignorer totalement la loi du 30 juin 1881 et les articles L.2122-21, L.2144-3, L.2212-2 du code général des collectivités territoriales.

Rappelons que  la loi du 30 juin 1881 sur les réunions publiques consacre la liberté de réunion, et que la jurisprudence administrative crée le cadre dans lequel les communes doivent mettre à disposition des organisateurs un local communal. Le code général des collectivités territoriales, notamment dans son article L.2144-3, prévoit que les locaux communaux peuvent être utilisés par les associations, syndicats ou partis politiques qui en font la demande. Certes le maire de la commune peut déterminer les conditions d'utilisation de ces locaux, mais il ne peut le faire qu'en invoquant les « nécessités de l'administration des propriétés communales, du fonctionnement des services et du maintien de l'ordre public ».  En aucun cas il ne peut introduire dans son jugement une quelconque discrimination entre les associations, syndicats et partis politiques, dans sa décision d'octroi ou de refus sous peine d'être sanctionnée par le juge administratif (C.E., 15 octobre 1969, Association Caen Demain).

Ainsi donc, contrairement à ce que laisse entendre que Jean-François Copé, les communes propriétaires de locaux communaux peuvent mettre ceux-ci à disposition d'associations pour leur permettre de réaliser leur objet.

Mais Jean François Copé, éternel inquiet, veut également remettre en cause le payement de la somme d'un euro.

"Et puis il y a quelque chose de très troublant, c'est le côté censitaire puisqu'il faut payer… Tout cela a un côté Monarchie de juillet".

Préférerait-il dans la grande tradition élitiste du XIXe siècle que ce soit un collège de grands électeurs, notables et amis des candidats, qui effectue la sélection du candidat ?

Certes, il y a quelque chose de troublant dans le fait de payer avant de voter. Pour un esprit simple, voire même simplet, cela pourrait induire une relation étroite entre le fait de voter et celui de payer. Néanmoins, je ne pense pas que les sympathisants et militants de gauche confondront le fait de payer pour financer l'organisation de la primaire socialiste et le fait de voter. Du reste, puisque le Jean-François Copé oriente son intervention uniquement sur l'aspect légal de cette élection primaire, je lui ferai remarquer qu'il n'y a aucun texte de loi en France qui interdise le financement d'une élection interne à un parti politique.

Mais de mon point de vue, ce qui est le plus choquant, c'est de lire que le trésor qui est du parti socialiste, Régis Juanico, au travers de cette participation symbolique espère "être bénéficiaire pour dégager de l'argent pour 2012" . Il y a là une “marchandisation” de l’élection qui me déplait fortement , quand bien même je comprend que cette opération ne sera pas sans coût financier, je sais pertinemment que le parti socialiste n’est pas un parti politique qui manque d’argent…Qu’il veuille en plus “faire de la gratte” sur l’envie de démocratie des militants et sympathisants de gauche me déplait fortement…

Je ne m'attarderai pas sur la pirouette de la députée Valérie Rosso-Debord qui visiblement en manque de neurones, prétend que dans la Constitution de 1958 "il est bien prévu que l'élection du président de la République est à deux tours.À partir du moment où la République se dote de moyens (publics) pour organiser des primaires, on passe à trois tours", autrement dit "le dispositif est parfaitement anticonstitutionnel". Je note simplement que si Valérie Rosso Debord poursuit son raisonnement jusqu'au bout, les primaires de l'UMP qui aboutirent, le  14 janvier 2007, à l'investiture de Nicolas Sarkozy comme candidat de l'UMP à l'élection présidentielle sont tout autant anticonstitutionnelles.

En conclusion, comme Jean-Pierre Mignard , qui fait partie de la haute autorité en charge du bon déroulement des primaires, je pense que les « interrogations" de Jean-François Copé sont légalement infondées puisque, comme je l'ai démontré ci-dessus, tant sur le fond que sur la forme, l'élection primaire socialiste pour désigner un candidat à l'élection présidentielle de 2012 s'inscrit parfaitement dans le cadre des lois françaises.

Je dirais même plus. Au-delà du code électoral et du code général des collectivités territoriales, cette élection primaire s'inscrit totalement et parfaitement dans l'article 4 du titre Ier de la constitution de 1958. Parce qu'en permettant à des millions de personnes de choisir celui ou celle qui sera leur candidat à la présidence de la république, elle concourt à l'expression du suffrage en respectant les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie dans le respect de l'article premier de la constitution .

Alors, à moins de penser que Jean-François Copé est un sot ignorant, on peut légitimement se demander à quoi rime cette remise en cause de la légitimité et de la légalité de la primaire socialiste. En essayant de faire croire que cette opération conforme aux principes constitutionnels est illégale, l'UMP essaye-t-elle de faire peur aux citoyens tentés de participer à la désignation du candidat socialiste ?

En feignant d'ignorer le code électoral et le code général des collectivités, l'UMP essaie-t-elle d'ancrer dans les esprits ignorants c'est 2 codes, que le parti socialiste fait n'importe quoi ?

Ou bien, profitant de la remise en cause de cette élection primaire par certaines élites du parti socialiste , l'UMP surfe-t-elle sur une vague qui tendrait à décourager les sympathisants et militants de gauche les plus mous, afin de faire échouer la participation à cet exercice démocratique souhaité par bon nombre de nos concitoyens?

Si tel était le cas, on peut vraiment dire que les oligarques du parti socialiste font jeu commun avec ceux de droite pour empêcher l'avènement d'une démocratie pleine et entière dans laquelle le peuple pourrait modestement reprendre une partie des pouvoirs qui lui sont conférés par la république.

Jean-François Copé est-il un sot ou un manipulateur?

Sources : L’Express; Le Point ; Légifrance ; le Nouvel Obs ; Maires Isère ; Le Monde ; Assemblée Nationale.