La liberté d'expression est très « à la mode » en ce moment, que ce soit celle de Stéphane Hessel, d'Éric Zemmour, ou celle « à titre posthume", si j'ose dire, de Louis Ferdinand Céline. L'argument de la liberté d'expression est mis en avant et un peu à toutes les sauces.
Deux principes déterminent l'orientation des lois en général et plus particulièrement celles sur l'expression de l'opinion. Ils sont présents dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui affirme que chacun peut révéler sa pensée à autrui mais limite le fait de l’expression libre à la seule réserve des abus auxquels elle donnerait lieu. Ces deux principes sont:
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la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Réciproquement, cette même liberté des uns commence où s'arrête celle des autres.
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Ne fait pas à autrui les actes dont tu pourrais en reprocher la nature de la part des autres, à ton endroit.
La véritable liberté consiste donc, pour tout citoyen français, dans l'acceptation des contraintes d'une vie sociale, et le respect des autres, de leurs droits et de leur réputation. La liberté d'opinion et d'expression peut se définir comme « la possibilité d'exprimer librement ses opinions sans en être inquiété par autrui». Ce qui exclut, entre autre, la calomnie et la diffamation du champ de la liberté d'expression. Ce sont des restrictions imposées à la notion de liberté d'expression pour toute parole publique, comme pour l'incitation à la haine et au meurtre.
Il est reproché à Éric Zemmour de ne pas avoir respecté la loi française concernant les propos racistes et d'avoir utilisé des des arguments non fondés pour étayer ses propos. Il fait donc l'objet de plaintes pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale .Les plaintes, traitées par la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris. Le 6 mars 2010 sur sur le plateau de "L'Hebdo", une émission de France Ô Éric Zemmour avait affirmé que « Les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs » en répondant à un intervenant qui dénonçait les employeurs demandant aux agences d’intérim de ne pas leur envoyer des personnes noires ou d’origine maghrébine. Dans l'émission de Thierry Ardisson "Salut les terriens", diffusée le 6 mars 2010 sur Canal +, Eric Zemmour avait dit , après l'intervention d'un de ses contradicteurs sur les contrôles au faciès: "Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait".
Il est reproché à Stéphane Hessel, ancien résistant et ex-ambassadeur âgé de 93 ans, d'avoir projeté de faire une conférence, au cours colloque-débat sur le Proche-Orient, prévu le 18 janvier à l'Ecole normale supérieure ( financés par nos impôts). La confèrence devait porter sur la répression (Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, a déposé plainte contre Hessel) de la campagne de boycott des produits israéliens "Boycott, désinvestissement, sanctions", aussi appelée BDS .Parmi les participants au colloque devaient notamment figurer le secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature, Benoist Hurel, la déléguée générale de Palestine auprès de l'Union européenne, Leïla Shahid et une députée du parlement israélien, Haneen Zoabi. L'annonce de ce colloque et de la conférence de Stéphane Hessel a provoqué les vives contestations d'associations juives.
Il est reproché à l'État français, d'avoir souhaité inscrire la célébration du 50e anniversaire de la mort, en 1961,de l'écrivain Céline sur la liste de “célébrations nationales”, dressée par les Archives nationales. C'est donc bien l'artiste, l'écrivain Céline qui devait être célébré et non la personne contestable de Louis Ferdinand Destouches, alias Céline . Indirectement, on lui reproche d'avoir affirmé son antisémitisme au travers de brefs passage de son œuvre littéraire , notamment de « Bagatelles pour un massacre » (1937 - Éditions Denoël). Notons toutefois que cet antisémitisme révoltant n'a pas empêché Émile Brami, un libraire « juif », de publier l'une des plus belles biographies de l'écrivain Céline, reconnaissant ainsi la qualité de son œuvre.
Mais revenons à notre pamphlet et aux propos antisémites qu'on y trouve.
« Je lui apprends tout de suite d’emblée que je suis devenu antisémite et pas un peu pour de rire, mais férocement jusqu’aux rognons ! … Mais si Hitler me disait Ferdinand, c’est le grand partage ! on partage tout ! il serait mon pote ! les juifs ont promis de partager, ils ont menti comme toujours… ».
Éric Zemmour est poursuivi en Justice par cinq associations de luttes contre le racisme: SOS Racisme, la Licra, le Mrap, l'UEJF et J'accuse . À noter que ces associations ne sont pas communautaristes au sens où elle lutte contre toutes les formes de racisme envers toutes les personnes qui pourraient en être les victimes.
Stéphane Hessel, fait l'objet d'une plainte en Justice, mais cette dernière ne s'est pas encore prononcée sur la recevabilité de la plainte et encore moins délivré son jugement et une condamnation. Cela n'empêche pas Richard Pasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) d'exiger que cette conférence soit interdite, au prétexte supposé que pour Stéphane Hessel «Il s’agissait de défendre le collectif BDS et ses membres, autrement dit les partisans du boycott anti-israélien, ce qui est illégal» . La conférence n'ayant pas eu lieu, comment M.Pasquier pouvait-il savoir ce que Stéphane Hessel se proposait de présente? Le président du Crif en avait-il lu le texte de la conférence?
C'est Arnaud Klarsfeld, président de l'association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF),qui c'est chargé de Louis Ferdinand Céline, en déclarant à l'AFP, jeudi 20 janvier 2011, qu'il se tournerait vers Nicolas Sarkozy afin qu'il prenne position si la célébration nationale de Louis-Ferdinand Céline était maintenue. Beau chantage un peu infantile du genre "je vais le dire à papa, faites gaffe!".
Cependant, tous ceux qui tentent de restreindre la liberté d'expression de ces trois personnes n'usent pas des mêmes méthodes pour y parvenir. Pour les uns, on demande à la Justice de notre pays de se prononcer, pour les autres on transgresse allègrement la séparation des pouvoirs, le processus judiciaire et les principes de la République. Cette transgression est significative de la façon dont ceux qui la pratiquent conçoivent la Justice et le gouvernement de notre pays.
Les personnes qui poursuivent Éric Zemmour le font devant la Justice, respectant ainsi l'esprit Républicain , la séparation des pouvoirs, les règles de la Démocratie. Pour des associations qu'on qualifie souvent d'être des défenseurs de la « racaille », un tel respect pour nos institutions et pour leur fonctionnement est tout de même à saluer. Elles laissent à la Justice le soin de dire si Éric Zemmour a commis un délit et si tel est le cas, de prononcer une sentence. Elles ne mènent pas campagne dans les médias, ni auprès des représentants du gouvernement. pour que la liberté d'expression d'Éric Zemmour soit entravée en attendant le jugement. Elles se plient à la chronologie et au timing de la Justice.
Ce qui n'est pas du tout le cas des personnes qui entendent faire taire Stéphane Hessel et, en quelque sorte, faire taire Louis Ferdinand Céline.
Sans aucun respect pour la procédure judiciaire en cours, à la suite de la plainte déposée par le BNVCA, Richard Pasquier, président du Crif, a fait du lobbying auprès du gouvernement français et ce, sans s'en cacher, en s'en vantant même. Plus grave, Richard Pasquier, faute de délit légalement constaté, a cru bon de souligner avoir «signalé aux autorités responsables (ministère, rectorat, direction de l'ENS)» l'objectif de ce colloque. De la délation, en quelque sorte. Reconnaissez que pour quelqu'un qui est censé défendre la mémoire des juifs exterminés lors de la seconde guerre mondiale, en particulier parce que la délation était favorisée par le gouvernement de l'époque, utiliser à son tour le même procédé est quelque peu choquant.
Autre point de différence entre eux la méthode utilisée envers Éric Zemmour et celles utilisées envers Stéphane Hessel et Louis Ferdinand Céline :
Éric Zemmour va avoir droit à un procès équitable, au cours duquel il va pouvoir présenter ses arguments de défense, avant d'être condamné où pas.
Alors que Stéphane Hessel, l'humaniste planétaire , subit une condamnation arbitraire,qui porte atteinte à sa liberté d'expression, sans avoir eu le droit de se défendre.
Louis Ferdinand Céline étant mort ne peut apporter une quelconque défense aux accusations qui sont portés contre lui. Je rappelle qu'en ce qui le concerne, il a été jugé, condamné, à l'issue de la seconde guerre mondiale, pour les faits qui lui sont reprochés aujourd'hui. Il a en outre purgé totalement sa peine. On lui fait là un second procès post-mortem qui n'honore pas ceux qui l'accusent aujourd'hui.
Nous ignorons à l'heure actuelle les résultats du procès intenté contre Éric Zemmour. Quand bien même quelques députés et membres du microcosme politico-médiatique parisien ont crié à l'atteinte à la liberté d'expression, ce sont des juges qui auront à se prononcer sur le fond de ce qu'à dit Éric Zemmour. On peut espérer que dans cette affaire, le ministre de la Justice n'interviendra pas dans le processus.
Il en va visiblement tout autrement en ce qui concerne Stéphane Hessel et Louis Ferdinand Céline.
Le colloque débat auquel devait participer Stéphane Hessel a été purement et simplement interdit par la direction de l'École Normale Supérieure qui avait auparavant autorisé l'utilisation d'une des salles de conférence de l'école pour l'organisation de ce colloque. Le président du CRIF, qui organise tous les ans un dîner auquel sont invités, et participent, bon nombre de nos hommes et femmes politiques, dont l'actuel président de la République, à obtenu gain de cause, sans autre forme de procès, auprès de Valérie Pécresse! Il ne s'en cache d'ailleurs pas et remercie chaudement tous ceux qui l'ont aidé à transgresser la séparation des pouvoirs :
« Valérie Pécresse, ministre des Universités, ainsi que le rectorat de l'université de Paris que nous avons contactés en urgence ont réagi sans ambiguïté : je leur rends hommage... Et une pensé particulière à Mme. Canto-Sperber qui mène un combat incessant contre des dérives inquiétantes ». R.Pasquier
J'attends que nos parlementaires interpellent la ministre, notamment en lui posant trois questions :
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de quel droit dispose-t-elle arbitrairement de locaux financés par les deniers publics, alors que sa mission porte bien davantage sur le contenu de l'enseignement supérieur que sur la gestion au quotidien des biens du domaine public ( mission confiée à l'administration d'État)?
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Sur quel texte de loi, décret,loi organique, Valérie Pécresse, s'appuie-t-elle pour interdire l'accès à des locaux appartenant à l'État français ? Se croit-elle encore administratrice du château de Versailles ?
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Depuis quand les ministres du gouvernement de la République française sont-ils les seuls juges habilités à trancher dans des conflits qui relève du pouvoir judiciaire et à sanctionner d'autres personnes que celles qu'elles ont légalement sous leur autorité en tant que fonctionnaire d'État ?
Le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a annoncé que l'écrivain Louis Ferdinand Céline était retiré du recueil des célébrations nationales 2011, cédant ainsi à la pression de Serge Klarsfeld , président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, qui n'avait pas hésité à déclarer que si le nom de l'écrivain n'était pas retiré de cette liste, il n'hésiterait pas à faire appel à Nicolas Sarkozy pour obtenir gain de cause.
Pour se justifier, Frédéric Mitterrand a déclaré, vendredi 21 janvier:
"Après mûre réflexion, et non sous le coup de l'émotion, j'ai décidé de ne pas faire figurer Céline dans les célébrations nationales". Il a expliqué que sa décision se justifiait par la relecture, du pamphlet "Bagatelle pour un massacre”.
Peu après cette annonce, M. Klarsfeld a exprimé son "très grand soulagement". "Oui, c'est un très grand soulagement", a-t-il commenté au micro de RTL. "Je félicite Frédéric Mitterrand d'avoir eu le courage de désavouer ceux qui, dans son ministère, ont accepté que Céline figure dans ce recueil... Je considère Céline comme un grand écrivain, mais c'est un être abject également. (…) De ce point de vue-là, Céline n'avait pas sa place, ce n'était pas à la République de célébrer entre guillemets le plus antisémite de tous les Français de l'époque.".
Je ne m'étendrai pas sur la deuxième partie de la réaction d'Arnaud Klarsfeld, mais je m'étonne qu'un citoyen français se permettent ouvertement de décider ce que la République française a le droit de célébrer. Je m'étonne également qu'il fasse preuve d'autant d'ignorance en prétendant que Céline était le plus antisémite de tous les Français de l'époque, alors que le président de la République française de l'époque ne s'est pas caché de son antisémitisme forcené ! Mais je ne suis pas là pour parler de la bêtise d'Arnaud Klarsfeld. En tant que citoyenne française s'est bien plus Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, qui me préoccupe.
Certes, contrairement à Valérie Pécresse, le ministre est pleinement dans son rôle et sa mission lorsqu'ils décide d'inclure ou de ne pas inclure tel ou tel artiste dans les listes des commémorations nationales.
Malgré cela, il est tout aussi « condamnable » que sa collègue d'avoir cédé à la pression d'un représentant d'une communauté qui se veut particulière au sein de l'ensemble des citoyens français. C'est oublier qu'un ministre de la République française se doit d'exercer, au nom de tous et pour tous les Français, la fonction qui lui est confiée. C'est accorder un passe-droit intolérable et se laisser dicter sa loi par une personne non élue du peuple. Passe droit d'autant plus intolérable que Louis Ferdinand Céline a déjà été jugé, condamné, et ne peut, puisqu'il est mort, exercer son droit de réponse.
De plus, on ne peut que s'étonner de la décision de Frédéric Mitterrand car elle ne s'établit que sur un court extrait de l'ensemble de l'œuvre de cet écrivain mondialement reconnu. Prétendre que ces quelques lignes entachent l'œuvre entière et lui vaut l'exclusion de la reconnaissance nationale me paraît extrêmement fourbe et tendancieux. De tous les artistes collabos notoirement connus , identifiés et célébrés, jusqu'à aujourd'hui, par la Nation, pourquoi Céline serait-il une exception? Est-ce là faire preuve de justesse de décision que de décider que l'un sera exclu et pas les autres, alors qu'ils ont commis les mêmes fautes?
Et quand bien même dans le pamphlet d'une centaine de pages intitulées « Bagatelles pour un massacre », l'auteur affirme son antisémitisme, il y dénonce également la société de l'époque. Par exemple, lorsqu'il écrit:
« Le monde est plein de gens qui se disent des raffinés et puis qui ne sont pas, je l'affirme, raffinés pour un sou. » Ou encore « Publicité ! Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !... Elle a le goût du faux, du bidon, … »
Le milieu artistique en prend pour son « grade » : « Il ne faut pas imaginer que tous ces gens sont des potes ou le furent… Ce sont les coiffeurs de la vie qui tiennent beaucoup à plaire, les putains. »
En relisant ces quelques lignes, je me suis demandée brièvement si, finalement, Frédéric Mitterrand ne s'était pas plutôt senti visé par la critique acerbe de Céline sur le microcosme politico-intellectuel français de l'époque (qui ressemble étrangement à celui d'aujourd'hui), plus que par les deux phrases antisémites que j'ai citées précédemment.
Notre ministre de la culture a-t-il oublié que le Président de la République, Nicolas Sarkozy, déclarait en 2008: "On peut aimer Céline sans être antisémite, comme on peut aimer Proust sans être homosexuel!
On peut donc parfaitement lire Céline sans pour autant devenir antisémite, si c'est ce que craignaient le ministre de la culture et celui qui a fait pression sur lui. Qu'on le veuille ou non, Louis Ferdinand Céline a été un écrivain qui a su, à l'égal d'un Émile Zola, peindre parfaitement la pauvreté, la misère sociale d'un peuple totalement oublié par les élites de l'époque. Il a, en plus, en tant que médecin, fait preuve d'une empathie, d'une compréhension, d'un soutien envers ce peuple, que bon nombre de nos hommes et femmes politiques veulent ignorer depuis des siècles. Il y a là matière à réflexion quand on est ministre de la culture. Faut-il confondre l'homme et l'artiste ? Il me semble qu'un ministre de la culture ne doit s'intéresser qu'à l'artiste, car c'est l'Art et son apport à la Culture de la nation qu'il a pour mission de favoriser.
Ce qui me choque énormément dans les trois exemples dont je viens de parler , c'est que, chaque fois, la liberté d'expression a été entravé, alors que les personnes concernées se trouvaient dans des situations totalement différents.
Éric Zemmour, journaliste, écrivain, chroniqueur à la télévision, a tenu des propos que d'aucuns ont trouvé diffamatoire et raciste, au regard de la loi. Mais ils ont opté pour que ce soit la Justice qui tranche et dise la loi. Cependant Éric Zemmour est tout à fait libre d'exprimer son opinion, quand et où il veut, jusqu'au jugement et même après, selon ce que diront les juges. La tribune publique lui est totalement ouverte. Sa liberté d'opinion et d'expression n'a en aucun cas été entravé. Elle se heurte simplement aux limites et aux principes de la loi que j'ai cité en introduction.
La liberté d'expression et d'opinion de Stéphane Hessel a manifestement été entravée et de la pire des façons: en utilisant la délation (qui valut à des millions de juifs d'être déporté dans les camps de concentration) et en contournant, sans attendre, le pouvoir judiciaire. Stéphane Hessel se voit interdit de tribune publique et de l'utilisation de locaux,(qu'il a cofinancés avec nous tous, en payant des impôts), au prétexte qu'il aurait participé à cette occasion au soutien du peuple palestinien. Que je sache, il n'est écrit ni dans notre Constitution, ni dans les textes de loi qu'il est formellement interdit, en France, de soutenir le peuple palestinien, n'en déplaise à M. Pasquier qui lui soutient ouvertement, sans être proscrit ni interdit de tribunes publiques, l'État d'Israël. Comme le disent très bien Alain Badiou, Etienne Balibar , et tant d'autres chercheurs et professeurs de l'enseignement supérieur, dans un article de Libération :
« Un homme qui a dédié toute sa vie au combat pour la liberté se voit ainsi interdit de parole pour avoir rappelé les droits du peuple palestinien.... Le droit de critiquer les actes du gouvernement israélien comme de tout autre gouvernement doit être respecté sur notre territoire. Aucune institution n’a le droit de nous prescrire, en fonction des intérêts particuliers qu’elle représente, ce que nous devons dire, écrire, voir et entendre. »
J'ignorais jusqu'à aujourd'hui qu'en France, on pouvait être puni avant que la Justice se soit prononcée.
J'ignorais également que le fait d'organiser des dîners, auxquels participait le microcosme politico- médiatique français, vous donnait des droits extraordinaires, et en particulier celui de faire SA loi en France. Il me semblait que seul le pouvoir législatif avait ce droit et qu'il fallait être élu au suffrage universel pour l'exercer.
Céline, écrivain français mondialement connu, qui a très largement contribué au développement économique et financier de l'industrie culturelle française ( ce qui vaut à des "artistes" bien moins brillants de recevoir la Légion d'Honneur), se voit exclu de la reconnaissance nationale, 50 ans après sa mort, pour les mêmes raisons qui lui ont valu une condamnation par la Justice il y a 70 ans. Il me semble me souvenir qu'un des principes de la Justice française soutient qu'un condamné qui a purgé sa peine ne doit plus être inquiété pour les faits qui lui ont valu sa condamnation. 70 ans après, il serait temps d'appliquer ce principe à Louis Ferdinand Céline,sachant qu'il a été appliqué à beaucoup d'autres qui avaient commis les mêmes fautes mais qui, grâce à leur réseau d'amis influents ont réussi à échapper à une condamnation.
Dans les deux derniers cas, je trouve particulièrement inquiétant que deux associations loi 1901 se permettent de contourner le pouvoir judiciaire et de se glorifier de leur influence sur les décideurs de notre pays. Je trouve particulièrement inquiétant que les mêmes décideurs cèdent à ces deux associations qui, au prétexte des horreurs qu'ont vécu les juifs lors de la dernière guerre mondiale, ne se cachent pas aujourd'hui de soutenir aveuglément et sans discernement les actions de l'État d'Israël, seulement parce qu'il est habités par des juifs. Leurs interventions, et la gloire qu'ils en tirent, en dit particulièrement long sur leur non-respect des principes fondamentaux de la République française.
Tout ceci m'interpelle et je me demande :
- Depuis quand l'État français doit-il uniquement soutenir l'État d'Israël ? Qu'il empêche que les français soient martyrisés uniquement parce qu'ils sont juifs, ou "Arabes", ou "Noirs" est une chose. mais elle est totalement à dissocier de ce qui arrive en Israël.
- Depuis quand est-ce un crime d'avoir une opinion et de proposer des actions concrètes pour la défendre, tant qu'on ne contrevient pas à la loi française ou que l'on n'a pas été jugé comme contrevenant à la loi par le pouvoir judiciaire?
- Depuis quand, en France, ce sont des lobbys financiers ou corporatistes ou communautaristes qui dictent leur loi ?
Une autre chose me frappe et me révolte.
La différence entre le procès Zemmour et l'entrave à la liberté d'expression de Stéphane Hessel illustre parfaitement la guerre que mènent sur le territoire français les soutiens de l'État d'Israël qui fustigent tous ceux qui de près ou de loin pourrait défendre des Arabes, quelle que soit leur origine. Sauf qu'en l'occurrence, ceux qui ont déposé plainte contre Éric Zemmour respectent le pouvoir judiciaire et font appel à lui pour que le droit soit dit. Éric Zemmour semble tenir des propos qui attentent à l'image, aux droits, à la réputation des « arabes » et des «Noirs », segments de la populations considérées comme à haut risque, parce que susceptibles d'être "islamistes extrémistes", par les défenseurs de l'État d'Israël.
Richard Pasquier prête généreusement à Stéphane Hessel l'intention de vouloir étouffer économiquement les habitants de l'État d'Israël, confondant allègrement habitants et produits du travail. Ce qui fait de lui un ennemi de la cause que défend Richard Pasquier. Mais il n'entend pas laisser à la Justice le droit de vérifier si tel est l'objectif de Stéphane Hessel. Il use de ses relations haut placées pour obtenir une sentence exécutable immédiatement et entrave ainsi le droit de Stéphane Hessel à s'exprimer librement dans le cadre prescrit par la loi.
Je pense que nos deux ministres ont fait une énorme erreur en donnant satisfaction à Richard Pasquier et Arnaud Klarsfeld.
Là où on s'attendait à ce que des membres du gouvernement fassent preuve de la neutralité requise dans une République laïque et égalitaire , dans laquelle tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, ils ont pris parti dans un conflit qui ne regarde en rien la République Française . Ils font courir à tous les citoyens français le risque de voir ce conflit se manifester brutalement, à coup d'attentats et de morts!
En outre, leurs agissements renforcent la mauvaise impression latente que les processus électifs démocratiques ne servent strictement à rien et qu'il suffit d'avoir un réseau de relations haut placées pour obtenir satisfaction immédiate de ses desiderata. Ils contribuent , dès lors, à la dégradation continue de l'image de la République et de la Démocratie dont souffrent bon nombre de nos concitoyens.
J'ignore si c'est volontairement, par intérêt, convictions ou par bêtise et incompétence que Valérie Pécresse et Frédéric Mitterrand ont agi. Je n'ai aucun doute, puisqu'ils le clament haut et fort tous les deux, que Richard Pasquier et Arnaud Klarsfeld ont agi en toute conscience de la transgression des règles Républicaines que leur intervention représentait.
Ils doivent cependant être bien conscients de ce qu'il est choquant pour des citoyens français, qui ne sont ni antisémites ni anti-arabes mais juste tolérants, de constater que d'autres Français, ou qui se prétendent tels, ne respectent pas les droits de leurs concitoyens et, qui plus est se moquent ouvertement de la démocratie française.
Sources: Vuparmwa; Le Point; Le Monde; Les Echos;Rue89 ;Crif ; Libération ; Rue89 ; Le NouvelObs; L'Express;
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