Manifestement, les hommes et femmes politiques ultralibéraux sont déchaînés en ce début d'année 2011 !
Pas un jour sans qu'ils ne lancent des offensives contre les conditions de travail et ce indifféremment, qu'il s'agisse des salariés du privé ou de ceux de la fonction publique.
Après une première vague offensive visant à supprimer le seuil légal de 35 heures de travail par semaine, c'est au tour du statut des fonctionnaires de passer à la moulinette libérale.
Dans un entretien au mensuel Acteurs publics de janvier, Christian Jacob, homme politique cumulard de profession, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, interrogé sur le statut des fonctionnaires, a déclaré qu'il "ne faut pas s'interdire non plus de réfléchir à la pertinence de l'embauche à vie des fonctionnaires".
"Ne pourrait-on pas envisager, à l'avenir, des contrats d'objectifs sur cinq ou dix ans, qui permettraient à des gens de passer du secteur privé au secteur public et vice versa", s'est-il interrogé.
Par ailleurs, l'ancien ministre de la fonction publique pense que la règle de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est une bonne règle, "parfois compliquée à gérer par les ministères. "
Voilà à quoi ce monsieur réduit une règle dont l'impact est monumental pour l'ensemble des citoyens.
Il gomme d'un seul coup le fait que dans de très nombreuses communes françaises, alors que les habitants payent , rubis sur l'ongle, impôts et taxes locales, ne bénéficient plus d'aucun service public, que ce soit le service postal, les services de justice, les services de l'éducation nationale, les services de santé, etc. . Ainsi, bien qu'ils continuent à payer ce pour quoi les impôts ont été instaurés, un nombre de plus en plus croissant de citoyens doivent, pour bénéficier des services publics, achetez une voiture, payer de l'essence, faire des kilomètres de trajet, et donc perdre du temps, ce qui représente pour eux un coût financier supplémentaire et non négligeable.
Certes pour notre politicien de métier , ce coût supplémentaire n'étant pas intégré dans la comptabilité nationale, ne saurait être examiné de près. Pourtant, ce coût existe et pèse lourdement sur le pouvoir d'achat des ménages.
Je trouve particulièrement incongru, au regard du parcours professionnel de Christian Jacob, que ce monsieur se permette de parler d'embauche à vie des fonctionnaires. Je trouve particulièrement amoral qu'un monsieur qui est déclaré agriculteur et éleveur alors que depuis 33 ans, il mène sa carrière uniquement dans la représentation syndicale et politique, ose parler de contrats d'objectifs, alors que lui même et ses confrères en sont totalement dédouanés.
Voilà un monsieur qui dès l'âge de 28 ans est multi-salarié des institutions publiques tout comme les fonctionnaires (mais avec un salaire nettement plus lucratif) qui se permet d'émettre l'idée que les fonctionnaires pourraient passer du secteur privé ou secteur public sans aucun problème, alors que lui est depuis 33 ans dans le secteur politique et ne connaît donc rien aux difficultés qu'un tel passage peut générer en termes de carrière chez un individu.
Depuis plusieurs décennies les tenants du dogme libéral militent pour la fin des monopoles et la privatisation du secteur public.
Sous couvert de progrès, de fin des archaïsmes, tout ce petit monde de nantis et de privilégiés, qui a été incapable, comme l'ont fait certains dirigeants d'autres pays, d'accepter une diminution de leurs revenus, depuis la crise économique de 2007, qui vit de copinage, de magouilles électorales, défend aveuglément et bêtement que le secteur public, et son personnel salarié, coûte cher à l'État.
Notons tout de même, et ce n'est pas négligeable, comme la suppression du secteur public, telle que pratiquée actuellement par L'UMP, si elle coûte moins d'argent, au niveau comptable, à la collectivité, coûte individuellement beaucoup plus cher aux citoyens.
Notons également que, comme l'a démontré le gouvernement canadien, si le transfert de très nombreuses activités du secteur publiques vers le secteur privé s'avère, à très court terme, favorable à un équilibre des comptes publics, on s'aperçoit, au bout de quatre ans, qu'à activité constante, le coût facturé par le secteur privé est nettement moins intéressant pour les finances publiques et que les citoyens sont largment perdant en matière de qualité de service. Ce qui veut dire que si un pays veut que ses citoyens bénéficient de services publics, il n'a pas intérêt financièrement à passer, pour ce faire par les entreprises privées.
Ainsi donc, on ne peut que déduire que des gens comme Christian Jacob, en tenant les propos qu'il a tenus aux mensuels Acteurs Publics, tronquent le débat sur la privatisation du secteur public et stigmatise le statut des fonctionnaires, en oubliant tout simplement que la sécurité de l'emploi de ces derniers est uniquement liée au fait qu'à compétence égale ils sont nettement moins bien payés que leurs homologues du secteur privé. C'est sur ce contrat de base, qui donne un avantage aux fonctionnaires en contrepartie d'économie pour les finances publiques, que voudraient revenir les libéraux comme Christian Jacob.
Qu'un monsieur qui est “fonctionnaire de la politique”, qui se prétend agriculteur et éleveur, alors qu'il n'a pas vu le cul d'un tracteur autrement que pour poser pour une photo à usage électoraliste, vienne pontifier et nous inonder de sa propagande libérale, commence sérieusement à me porter sur les nerfs.
Que certains de mes concitoyens, aveuglés par leurs haine des fonctionnaires, qui dissimule très mal leur envie d'avoir un statut professionnel qui leur permette d'envisager l'avenir de façon sereine moyennant des sacrifices financiers et une lutte syndicale déterminée, soutiennent des politiciens cumulards comme Christian Jacob commence sérieusement à me questionner sur leur capacité à défendre leurs propres intérêts.
Leur intérêt comme le mien est de bénéficier d'un service public de proximité qui coûte le moins cher possible non seulement à la collectivité mais à chaque citoyen. Ce n'est certainement pas en le privatisant et en cassant le contrat de base du statut des fonctionnaires, comme le prétendent les libéraux de droite, que cet intérêt sera défendu dans l'intérêt de tous.
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