L’année 2011 a à peine commencé, que nous entrons de plain-pied dans la folie et le brouillage total des repères en matière de code du travail et de conditions de travail et de rôle du travail dans la vie sociale et économique des individus.
Alors que la principale préoccupation des Français, en ce début d’année, est de voir le personnel politique s’attaquer enfin à la question du chômage et aux problèmes sociaux et économiques que le chômage génère dans leurs familles et parmi leurs voisins, à droite comme à gauche on s’étripe au sujet d’une loi vieille de 10 ans : la loi sur la réduction du temps de travail.
Ce faisant, on oublie totalement que cette loi est une solution à un problème qui a surgi 20 ans avant la promulgation de la loi, celui du chômage endémique que connaissent les français en âge de travailler.
En effet, le problème que le législateur a essayé de résoudre en réduisant le temps de travail était le problème du chômage endémique qui s’était installé en France à cause de l’automatisation des tâches, de l’informatisation des postes de travail dans le secteur industriel, dans un premier temps, puis de la généralisation de la bureautique dans le secteur tertiaire.
De 1970 à 2000, l’implantation massive des outils liés aux nouvelles technologies a entraîné la suppression de 3 emplois sur 4. Parallèlement, chaque année, arrivaient sur le marché du travail environ 300 000 demandeurs d’emploi auquel on ne pouvait proposer aucun emploi.
Le marché du travail s’étouffait petit à petit, la demande étant très nettement supérieur à l’offre. Le travail, son sens, connaissait une véritable métamorphose que bien peu de dirigeants politiques ou d’entreprises et de salariés ont accepté de voir mais que 2 auteurs ont parfaitement bien cerné dès les années 1980 :
- André Gorz,dans son livre intitulé «Métamorphoses du travail»
- Jeremy Rifkin dans son livre intitulé « la fin du travail »
Pour les entreprises, leurs actionnaires, les investisseurs, à partir de 1970 les dividendes ont connu une croissance phénoménale. La culture de toutes ces entreprises s’est focalisée sur la recherche permanente du baisse des coûts production en s’appuyant essentiellement sur le coût de la main-d’œuvre. Le monde de l’entreprise n’a plus été préoccupé que par la quête de la plus-value, des retours sur investissements immédiats et par la rémunération fructueuse des investisseurs. De fait, les entreprises ont totalement abandonné leurs responsabilités sociales, tout en exigeant de plus en plus que la société et les gouvernements leur accordent des privilèges et des passe-droits aux motifs sous entendu que si on ne cédait pas à leurs exigences, elles iraient s’implanter dans d’autres pays et accroîtraient ainsi le nombre de chômeurs.
Depuis 1970, tous les gouvernements qui se sont succédé ont cherché . à masquer, à dissimuler aux citoyens français, le désengagement total des employeurs dans le fonctionnement économique du pays et dans la prise en charge des salariés licenciés. Certains gouvernements ont même fait voter des lois favorisant le licenciement au prétexte de concurrence mondiale, de guerre économique.Ils ont également cherché à faire en sorte que la prise de conscience par les citoyens du nombre toujours croissant de personnes sans emploi ne favorisent une révolte sociale incontrôlable.
Les gouvernements de droite et de gauche n’ignorent pas que nous vivons, en France comme partout ailleurs sur la planète, dans un système économique marchand, dans lequel les transactions s’effectuent grâce à la monnaie. Système dans lequel, pour satisfaire nos besoins essentiels, nous devons avoir de l’argent (par fortune personnelle,par le travail, par l’investissement boursier ou industriel). En fait, l’équation très simple : si l’on n’a pas d’argent, on ne peut pas survivre , a titre individuel ou familial, car on ne peut pas satisfaire les besoins essentiels: se loger, se prémunir physiquement contre le froid et la chaleur, se nourrir, se vêtir et encore moins satisfaire les besoins secondaires, se soigner, se cultiver.
Les gouvernements de droite et de gauche n’ignorent pas que permettre une croissance exponentielle du chômage reviendrait, qui plus est, par appauvrissement substantiel de la population, à annihiler le système économique actuel.
En conséquence, la question lancinante qui hante nos dirigeants politiques, et au vu des sondages d’opinion, l’ensemble des citoyens français, et la question du chômage, de l’emploi. Légitimement, les citoyens attendent de leurs dirigeants qu’ils apportent des solutions aux problèmes économiques et sociaux que pose le chômage endémique.
Parmi les solutions que les différents gouvernements ont proposé depuis 1970, on trouve séparément ou concomitamment, l’allongement de la durée de scolarisation, l’incitation à entrer dans des cycles universitaires diplômants, la formation professionnelle en vue d’une reconversion, le reclassement, l’action sur l’âge de départ à la retraite, l’action sur la durée hebdomadaire légale du temps de travail, le blocage des salaires, etc.
- La formation professionnelle en vue d’une reconversion, a , au bout de 15 ans, face à un marché du travail totalement sclérosé,montré ses limites. Si elle permettait d’occuper les chômeurs, de faire baisser momentanément le nombre de chômeurs, elle n’était qu’une déviation qui aboutissait inexorablement, en fin de formation, dans la plupart des cas, à une réinscription à l’agence nationale pour l’emploi.
- Le reclassement au sein d’une entreprise dont l’objectif était de diminuer la masse salariale a été rejeté par bon nombre d’employeurs. La reconversion professionnelle dans un bassin d’emploi a aussi montré ses limites, des régions entières étant dévastées par les délocalisations, la fermeture d’usines et d’entreprises de services.
Dès le milieu des années 1970, des groupes de travail pluridisciplinaires ont été mis en place par les ministères concernés pour réfléchir à la question du partage du travail.
Constatant que la masse globale de charge de travail allait en diminuant alors que le nombre de demandeurs d’emploi croissait d’année en année, la seule solution politique et sociale, pour endiguer l’appauvrissement de la population et conjurer le risque d’un effondrement du système économique, résidait dans le partage du travail entre tous les individus en âge de travailler. Certes, on aurait pu, plutôt que d’entrer dans cette logique du partage du travail, laisser faire. On aurait parfaitement pu continuer le système stérile des formations à l’emploi. On aurait pu rendre la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de 35 ans. Mais n’oublions pas que c’est la collectivité nationale qui supporte le coût financier de ces actions . C’est un paramètre du problème non négligeable que les responsables politiques ne pouvaient ignorer.
Marché du travail hyper saturé + chômage endémique + gouffre financier de l’indemnisation du chômage+ risque d’explosion sociale, voilà les paramètres qui ont amené le gouvernement socialiste de l’époque a préférer la logique du partage du travail, au travers de la loi “réduction du temps de travail” . Cette loi faisait obligation à toutes les entreprises de plus de 20 salariés, à partir du1er janvier 2000, de réduire la durée hebdomadaire de travail de chaque salarié à 35 heures.
L’objectif était de réduire la durée de travail des actifs pour sauvegarder et/ou créer des emplois.
Il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre que, du moins pendant les premières années de mise en place de cette loi, l’objectif n’a pas été atteint. En effet, et ce malgré la crise de 2007, la France a sauvegardé les emplois et si certains disparus d’autre ont été créés, n’en déplaise à ceux qui critiquent l’idée du partage du temps de travail.
Et tant qu’à faire, puisque ce sont les salariés et les retraités qui financent le chômage, autant que ce soit en travaillant moins et en partageant la charge de travail avec les demandeurs d’emploi, non?
Que ce ne soit pas toujours au même de tirer des bénéfices du travail productif…car ne nous leurrons pas, c’est parfois notre force physique, notre savoir-faire qu’apprécient les employeurs, mais c’est notre temps passé à produire du bénéfice financier pour lui et les actionnaires qu’il achète en versant un salaire. La preuve en est que toutes les négociations salariales sont basées sur le coût horaire du travail et que,de nos jours, la qualification du salarié n’est qu’un paramètre secondaire.
Or donc, la logique voudrait que dans un contexte économique comme celui que nous vivons depuis 40 ans, plutôt que de proposer de relever la durée légale du travail hebdomadaire, si l’on voulait réellement faire diminuer le nombre de personnes au chômage, la solution serait de voter une loi faisant passer la durée hebdomadaire légale de temps de travail à 30 heures par semaine.
Je me suis livrée à une rapide estimation qui devrait être affinée. On comptabilisait, au mois d’août 2010, 10 millions de salariés en France employés par des entreprises de plus de 20 salariés.
Si on fait passer ces 10 millions de personnes à 30H/semaine, sans diminution de salaire, on gagne 50 millions h/semaine cela fait 1,6 millions d’emplois à proposer aux chômeurs actuels….sans augmenter la masse salariale des entreprises et en diminuant la charge de l’indemnisation pour les finances publiques.
A moins qu’on revisite, comme le proposaient les 2 auteurs cités précédemment, le sens et la valeur du travail dans notre monde qui automatise de plus en plus l’activité productive de biens et services…Il serait peut-être temps, avant que de mauvais esprits n’envisagent une autre solution utilisée depuis plus d’un siècle pour réguler ce genre de problèmes; la guerre mondiale…
Sources: Eco89; Gérard Filoche ;Le Point; L’expansion; Europe1; Wikipédia; Ecogesam
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