mardi 11 janvier 2011

La leçon de politique de "maîtresse Aubry"

Martine Aubry a une façon assez peu subtile, de s'attaquer à ses adversaires au sein du parti socialiste, qui me fait parfois sourire. Il n’y a d’ailleurs qu’à ces occasions qu’elle provoque chez moi un sourire. Le reste du temps…bref.

Tout le monde se souvient du panier garni offert à Georges Frêche. Un trésors de vulgarité....qui se voulait pertinent et drôle, mais qui n'était digne que d'un comique troupier de bas étage.

Cette fois-ci, à la sortie du cimetière de Jarnac, le 8 janvier 2011, la première secrétaire du parti socialiste a voulu remettre au pas les quelques candidats déclarés aux primaires socialistes et, ce faisant, nous livrer, en une brève leçon, sa définition de ce qu'est la politique. Je ne vais pas m'appesantir sur cette définition. Je dirai simplement qu'elle est révélatrice d'une approche très élitiste, bureaucratique, et peu démocratique de ce qu'est la politique.

Non, ce qui m'a amusé, c'est tout l'hypocrisie du début de son intervention. Lorsqu'elle dit :

« la politique, ça n'est pas parler de soi. Ça n'est pas parler de la façon dont on arrive au pouvoir. »

Je suis très loin de partager cette affirmation de Martine Aubry , même si je comprends que, pour elle qui assista à de nombreuses fois aux dîners du Siècle, il puisse être un peu délicat de parler de la façon dont on arrive au pouvoir. Quant à parler de soi, Martine Aubry n'a certes pas besoin de le faire. Elle laisse soigneusement ce soin à des journalistes complaisants qui se chargent d'écrire des livres de sur elle , de la défendre, au besoin.

Je trouve cela assez lâche et très hypocrite car je pense qu'il est important non pas de faire parler de soi par d'autres, mais, sans aller jusqu’à dévoiler sa vie privée, de parler directement de soi aux électeurs. Il est encore plus important, à mes yeux, de parler sans intermédiaires ni détours, de la façon dont on arrive au pouvoir et de ce qu'on fera de ce pouvoir si on me fait l’honneur de me le déléguer.

Si un certain Nicolas Sarkozy avait davantage parlé de la façon dont il est arrivé au pouvoir et de ce qu'il allait faire du pouvoir que le suffrage allait lui donner, je n'ai pas l'ombre d'un doute qu'une majorité de ceux qui ont voté pour lui en 2007, aurait voté tout à fait différemment en apprenant que le premier cercle de l'UMP n'était constitué que par des personnes très très riches qui entendaient bien, grâce à leur sponsoring du candidat à la présidence de la République, bénéficier d'un fructueux retour sur investissement.

En outre, il est fort appréciable, pour un électeur ou une électrice, d’avoir confiance en celui ou celle qui demande son suffrage. Or pour inspirer confiance, il ne suffit pas de clamer '”faites moi confiance!” ou bien “je suis le chef qu’il vous faut!” ou bien “je suis un expert mondial!” ou de le faire clamer par d’autres ( la délégation de confiance, ça n’existe pas).

Non! Il faut que les électeurs vous connaissent le mieux possible, parce que vous leur aurez parlé de vous au travers de vos mots et de vos actions. Par ce que vous leur aurez montré l’usage que vous faites du pouvoir qu’ils vous ont confié. Parce qu’enfin ils sauront que la façon dont vous êtes arrivés au pouvoir visait bien à leur rendre service et non a rendre service à d’autres. Parce qu’en leur parlant de vous sans intermédiaires et sans fioritures, vous leurs montrez également que vous leur faites confiance, que vous ne les méprisez pas.

Ainsi, vous le comprendrez, la leçon de politique que Martine Aubry s’est permis de donner , n’est pour moi qu’un verbiage sans substance et dénote une vision rétrograde et passéiste de la politique. Si son objectif était de tacler Ségolène Royal, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, pour ce qui me concerne, elle leur a donné un sérieux coup de main pour les démarquer positivement du PS conservateur (et approximatif dans ses valeurs), qu’elle représente et pour lequel je ne me mobiliserait en aucun cas.

Sources:  Nouvelobs; La Toupie; Libération;SOS Crise

4 commentaires:

  1. Ouaw! Excellent article!je partage entierement cette analyse

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  2. Tout à fait d'accord avec vous. Cette réflexion, au mieux déplacée, au pire hostile, dénote une ignorance feinte ou réelle de la chose publique et de l'engagement de soi dans les meilleurs termes, qu'elle nécessite. Ce n'était de plus ni le lieu ni le moment. Cela voulait semble-t-il répondre à une phrase de Ségolène Royal dans le Monde, phrase tronquée d'ailleurs dans le chapeau, où elle disait avoir envie de "succéder à François Mitterrand" "par amour de la France , du peuple français, de son histoire, de sa culture", cette deuxième partie, essentielle pour le sens de la phrase, n'étant bien sûr pas mentionnée en titre.
    L'argument redondant employé par les uns et les autres, qui invoque l'ego conte le "collectif" est un faux-nez et une mauvaise foi absolue.

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  3. Pour ma part je n'ai de l'estime que pour ceux qui ont le courage de ne pas avancer masqués ....

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  4. Analyse très pertinente qui devrait être diffusée sur d'autres médias ou blogs...
    Dans la cacophonie généralisée que nous traversons en France, les petits poisons quotidiens se distillent avec aisance. Il est toujours bons de les faire monter à la conscience comme ici...
    Merci

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