dimanche 3 octobre 2010

Manifestations pas de résignation!

Et bien non, cette fois-ci encore, les Français qui se sont retrouvés dans les rues pour manifester leur désapprobation à la réforme des retraites ne se sont pas résignés. Non seulement ils ne se sont pas résignés à accepter qu'on les spolie du plaisir de pouvoir arrêter de travailler pendant que leur corps et leur esprit sont encore à même de profiter de la vie, mais en plus ils ne l'acceptent pas davantage pour leurs enfants.
Il y avait du monde, beaucoup de monde, pour la troisième manifestation contre la réforme des retraites, depuis le mois de septembre. Il n'est nul besoin de comparer les chiffres donnés par les préfectures ou par les centrales syndicales pour se rendre compte, si l'on a assisté, en tant que spectateurs ou acteurs, à ces manifestations depuis le début du mois de septembre, que le mouvement bien loin de s'essouffler s'étoffe et se renforce de l'apport de troupes fraîches, de citoyens qui jusqu'à présent n'avaient jamais manifesté.
La mobilisation ne faiblit pas et si elle n'augmente pas quantitativement elle se régénère spontanément. C'est-à-dire qu'à chaque nouvelle manifestation, se sont des participants différents qu'on peut rencontrer. Si à la première manifestation, début septembre les cortèges étaient essentiellement constitués par des fonctionnaires et quelques travailleurs du privé, les cortèges de la seconde manifestation étaient eux, beaucoup plus « métissée ». On n'y trouvait tout autant des fonctionnaires, des salariés du privé, des retraités, des chômeurs. Il semblerait qu'au fur et à mesure que les arguments donnés par le gouvernement sont contrés par les arguments des médias, des syndicats, des spécialistes du travail, le brouillard volontaire qui a été entretenu par Éric Woerth; dans son plan de communication sur la retraite; soit levé. De plus en plus de personnes qui se croyaient peu ou pas concernées par cette réforme sont en train de prendre conscience qu'en fait ils le sont et qu'ils vont être durement touché sous peu.

Il n'y a pas de résignation. Si on lit les différents sondages faits depuis l'annonce de cette réforme des retraites, on s'aperçoit que l'opinion publique, quel que soit l'organisme de sondages qui la sondent, est de plus en plus défavorable à cette réforme.
Il est évident qu'en répétant, à chaque intervention publique ou devant l'Assemblée, que cette réforme est incontournable et indispensable, que le recul de l'âge de la retraite est nécessaire à cause du recul du vieillissement de la population, le gouvernement a fait une énorme erreur.
- D'abord parce que ces affirmations ont été contredites par les statistiques nationales et internationales et qui est désormais démontré que le gouvernement s'apprête à commettre une énorme injustice.
- Ensuite parce que croyant rattraper cette erreur et masquer l'injustice, Éric Woerth et le gouvernement ont été amené à donner leur idéologie sur le travail. Lorsque Nicolas Sarkozy prétend que le travail rend libre, il s'approche dangereusement de la doctrine nazie et du slogan «Arbeit Macht Frei ».
À une époque où de très nombreuses grosses entreprises connaissent un nombre de suicides de leurs salariés exorbitants , ou des agriculteurs, pris à la gorge par les banques qui les ont poussés à se surendetter, en arrivent eux aussi à se suicider, où la consommation d'antidépresseurs bat des records en France, prétendre que le travail rend libre mériterait qu'on précise qu'il ne rend libre que les actionnaires et les multinationales qui profitent du travail des salariés.
Il est évident que le gouvernement pensait avoir affaire à une population de salariés totalement résignés, convaincus que la crise économique, la compétitivité, nécessitait de leur part le sacrifice de leurs vieux jours.
Mais dans leur intelligence les salariés français ont compris que si sacrifice il devait y avoir, ils n'étaient pas les seuls à devoir en faire. Il semble que les manifestants dans leur ensemble ont compris que si on veut les faire travailler plus longtemps, c'est juste pour que les actionnaires touchent plus d'argent. C'est aussi pour que les fonds de pension, qui ont ruiné les ménages américains, puissent venir se refaire une santé en France,au détriment de celle des Français.
Ils savent aussi lire et ont parfaitement compris que les UNEDIC et les caisses d'assurance-maladie allaient durement pâtir des errances financières du gouvernement dans ce dossier de réforme des retraites. Et pour certains ils se demandent si, dans quelques mois, le gouvernement ne leur réclamera pas de nouveaux sacrifices pour combler les déficits des UNEDIC et les caisses d'assurance-chômage.
Ces mobilisations, qui certes n'augmentent pas quantitativement, pour le moment, sont de toute évidence le signe que le passage en force et uniquement basée sur de la communication tronquée, qu'envisageait le gouvernement pour faire passer la réforme des retraites, est un cuisant échec.
Qu'il doit être difficile de réaliser pour ce gouvernement que le peuple français ne sont pas à l'image des militants de droite. Qu'ils ne sont pas des salariés résignés, serviles est prêt à être réduit en esclavage.
Qu'il doit être ennuyeux d'observer qu'il reste en France des millions de Français qui résistent et tiennent tête, et que lorsque les uns s'épuisent, d'autres se lèvent pour contester l'injustice.
Qu'il doit être affolant de constater que la rue parle, lorsque le pouvoir s'entête.
Il est d'ailleurs assez remarquable de noter le dépit d'Éric Worth et de Luc Chatel dans leurs commentaires au sujet de la dernière manifestation. Ils ont bien compris qu'il ne servait à rien d'ironiser sur le décompte des manifestants. Ils savent parfaitement que nul n'est dupe des comptages des uns et des autres et que tous savent que les préfets aux ordres n'auront de cesse que de plaire à leur hiérarchie. Alors, tous les deux focalisent uniquement sur le fait il n'y a pas d'augmentation de la mobilisation et font semblant de craindre cette augmentation. Sous-entendant, ainsi qu'il se pourrait que si le nombre de manifestants augmentait, le gouvernement pourrait céder sur ce projet. Comme si le nombre de manifestants était assimilable à un nombre de votants.
Mais si tel était le cas, pourquoi ne pas soumettre leurs réformes un référendum?
Sources: Le NouvelObs; Médiapart; ;Le Point

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