mardi 30 mars 2010

Réforme des retraites le grand silence sur l'état des lieux

La réforme des retraites est probablement l'un des plus gros projets auxquels le gouvernement va être confronté. Il est également pour chacun d'entre nous la clé de vieux jours sereins et heureux. Malheureusement nous sommes une fois exclus de ce débat qui nous concerne au plus haut point! Pire encore, personne ne pense à nous donner les tenants, les aboutissants de ce qui nous est présenté unanimement comme un problème.
Faisant l'impasse sur une information sur le fond du dossier des retraites, la plupart des "discoureurs", experts ou politiciens, qui s'expriment actuellement sur le sujet, ne l'abordent qu'en le qualifiant de problème ou en donnant leur solution.
Ce qu'en disent les acteurs sociaux
Dans une interview du Journal du dimanche, le 13 Février 2010, Laurence Parisot, présidente du Medef, a exhorté à accepter un changement de l'âge légal de départ à la retraite. À son avis :"ce relèvement de l'âge légal" entraînera une hausse du taux d'activité des seniors, comme tout le monde souhaite. ". Ce " comme tout le monde souhaite" au regard des sondages est FAUX. Elle n'hésite pas à avancer un autre argument FAUX: L’espérance de vie approche les 100 ans," . Question financement, "le maintien du régime par répartition mais complété par un système de retraite par capitalisation" ont sa préférence.
Elle se prononce, d'après Le Figaro contre l'idée de François Fillon de relever les cotisations retraite et, en contrepartie, baisser les cotisations chômage. Augmenter les cotisations retraite, selon elle, "alourdirait à nouveau les charges des entreprises et réduirait le salaire net des salariés".
La "profession de foi" de Laurence Parisot trahit la problématique que représente, en termes de productivité, 30 à 40 ans sans travailler , financé sans rapporter d'argent au patronat. Perspective intolérable pour ceus qui entende bien rentabiliser, profiter de la productivité de leurs concitoyens. Tout cet "argent potentiellement perdu" pourrait les rendre fou. (Intégralité de cette interview dans Le Journal du Dimanche)
Plus axée sur la stratégie de négociation,Bernard Thibault ,au nom de la CGT, s'inquiète davantage du timings des négociations que du contenu de ces dernières. Il est donc facile au président de la république de le rassurer en promettant, le 24 mars 2010 de "ne pas passer en force" mais en assurant que la réforme des retraites sera adoptée "dans les six mois". Il a justifié cet agenda par le fait que : "compte-tenu du temps que les mesures que nous prendrons mettront à produire leur plein effet, si nous voulons sauver le système de retraite, nous ne pouvons plus différer les décisions".
Plus globalement, il semble que côté syndicats le maintien de l'âge de départ à la retraite à 60 ans soit une revendication centrale : " Reporter l'âge ou augmenter la durée de cotisation (…) conduirait les salariés à travailler sans fin». Abordant l'aspect financier du problème de financement des retraites Jean-Claude Mailly propose de récupérer " 25 milliards d'euros» de recettes par an en augmentant d'un point les cotisations vieillesse ou en taxant l'intéressement et les bénéfices non réinvestis."
On voit donc déjà, à la lecture des positions des principaux acteurs sociaux qu'il n'est question que de solutions, de timings, mais jamais, où très rarement de l'état des lieux exhaustifs, ce qui rend extrêmement difficile pour tout un chacun la compréhension des enjeux, de la gravité du problème.
Voyons ce qu'en disent les différents leaders politiques de droite comme de gauche.
A aucun moment, lors du sommet social du 15 février 2010, le chef de l'État n'a donné d'éléments de diagnostic pour justifier de la nécessité de réformer les systèmes de retraite. Il n'en avait d'ailleurs pas donné non plus lors de la campagne présidentielle! Il s'est contenté des banalités d'usage prétendant souhaiter«un débat approfondi, qui ne s’enlise pas, qui ne s’éternise pas mais qui prendra le temps qu’il faut»
François Fillon affirme dans un entretien au Figaro que la question de la hausse des cotisations sera "posée" à l'occasion de l'examen de la réforme des retraites. Il écarte "une remise à plat complète" du système.
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'assemblée nationale, interrogé sur la réforme des retraites lors du Grand Rendez-Vous Europe 1-Aujourd'hui en France, considère que l'âge de 60 ans, pour un départ à la retraite, est une barrière.
Eric Woerth partage l'approche comptable de Jean-François Copé et considère que cette réforme est nécessaire et obligatoire pour « revenir à un niveau de déficit plus soutenable ».
Mis à part des "yaka fokon", rien, dans les propos des principaux responsables gouvernementaux, n'est dit pour que nous comprenions les tenants et les aboutissants, les enjeux pour nous de cette réforme des retraites.
Hélas, ce ne sont pas les leaders de l'opposition qui vont nous éclairer.
Olivier Besancenot , porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a appelé les responsables des partis de gauche à "monter un collectif unitaire pour défendre la retraite à 60 ans".
Au parti socialiste, Martine Aubry interrogée au «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI» sur un éventuel report de l'âge légal de la retraite, se déclare pour une retraite « à la carte », est dit envisager "un âge légal de départ porté à 61 ou 62 ans". Mais devant le tollé provoqué par ses propos , elle "rétropédale" et a depuis réaffirmé son attachement à la retraite à 60 ans.
Le journal du dimanche rapporte que Jean-Christophe Cambadélis a déclaré , sur Radio J: "le rôle de la gauche n'est pas de nier les changements démographiques, ni cacher l'ampleur des déficits". Pour lui il n'y a "pas de sujet tabou" sur la réforme des retraites, même sur l'allongement de l'âge minimal de départ . Jouant la "guerre des gangs internes" et prenant à contre-pied Manuel Valls, député-maire d'Evry qui, dans une interview au Monde annonçait "La gauche peut défendre une retraite à la carte et l'allongement de la durée de cotisation... à quatre conditions: augmentation du taux d'activité des seniors, prise en compte de la pénibilité, élargissement de l'assiette des cotisations et relèvement des petites pensions", Jean-Christophe Cambadélis estime qu'il faut "que les banques, les compagnies d'assurance qui font des bénéfices participent à la solidarité nationale et à la solidarité sur les retraites".
Voilà, avec tout ça, on a ceux qui veulent allonger la durée de cotisation, ceux qui veulent qu'on travaille plus longtemps, ceux qui veulent combler le déficit, ceux qui veulent que les vieux bossent encore et toujours plus, bref, ceux qui veulent que NOUS fassions, plus, avec moins, comme d'hab. Mais aucuns, vous pouvez aller lire tous les articles en liens, aucuns ne prend la peine de nous dire pourquoi, comment et à cause de qui nous en sommes arrivé là, sur quelles données émanant de qui ils fondent leurs affirmations!
Moi ça me dérange énormément. pas vous?
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1 commentaire:

  1. Bah, euh, non, puisque justement y a le rapport du COR qui répond à ces questions ?

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