mardi 23 mars 2010

L’originalité de Ségolène Royal

Une fois de plus, à l’occasion de son entretien télévisé au 20h de TF1, Ségolène Royal a su montrer qu’en politique, elle incarnait une autre façon de faire de la politique.

Ce n’est pas en annonçant quelle serait peut-être  «candidate à l'élection présidentielle»… mais qu’ «A l'heure où je vous parle, je ne le suis pas» que se situe l’originalité de Ségolène Royal.

Non.

C’est dans son  appel à un grand débat national sur le sujet des retraites:  «Cette question appartient aux Français… Les retraités ont peur», a précisé la vice-présidente de l'Internationale socialiste.

Et ce soir, le constat s’impose:

Alors que Martine Aubry a exigé, avant toute chose, que le gouvernement supprime la réforme territoriale, Ségolène Royal appelle les Français à se saisir du débat sur la réforme des retraites.
Au travers de ces deux interventions, il est est aisé de constater les priorités de chacune et leur différence d'approche, d'idéologie, concernant la Politique.

  1. L'une se préoccupe avant tout de garder le pouvoir territorial qui serait remis en cause dans 4 ans. Elle pense avant tout à défendre l'appareil politique, quelque peu élitiste, qu'elle représente. C'est une femme "d'appareil"
  2. L'autre souhaite que les français ne se laissent pas déposséder de leur acquis et participent activement au débat sur les retraites qui commence sous peu. Elle engage tous les citoyens à s'approprier leur pouvoir démocratique. C'est une femme politique, au sens noble du mot.

Je ne dis pas que j'approuve la réforme territoriale, loin de là...mais tout de même, à la veille des grandes manœuvres qui visent à casser le système de retraites et  dont sont exclus les citoyens non encartés dans un parti, un syndicat ou une association, je trouve l'appel de Ségolène Royal nettement plus intéressant et novateur que celui de Martine Aubry!

Personnellement, je suis lasse des ces "usines " que sont les partis politiques, de ces "bureaucraties militaires" qui ne se bougent que pour gagner les élections et de ces “appareils” tout juste bons à placer leurs élites à des postes lucratifs.... mais qui, se faisant, s'enferment dans leur propre logique, leur propre "instinct de survie" et ne défendent plus que leurs propres intérêts.

Ségolène Royal a vraiment de l'avance sur tout ceux qui actuellement ne sont préoccupés que par la recherche d'un chef, d'un patron pour mener le combat, sans entamer la prédominance de l'économique sur les vies humaines.

En préparant les citoyens, au travers du participatif, à se substituer aux hiérarques et à une élite défaillante depuis un siècle, elle fait prendre énormément d'avance à la logique de l'Humain...au détriment de la logique de l’économie hégémonique dont certains des dirigeants de gauche sont les premiers défenseurs….

Cela explique probablement pourquoi Ségolène Royal dérange tant et pourquoi on tente actuellement de remettre à la mode le culte du chef de type bureaucratique, y compris au sein du Parti Socialiste.

***

Pour alimenter la réflexion sur la réforme des retraites, je vous invite à lire cette entretien publié par le journal Le Monde.

Je trouve sa conclusion particulièrement réaliste et c'est surtout sur l'amélioration du rapport de force, dont elle parle, que j'attends ceux qui se prétendent socialistes!
"Les travailleurs sont aujourd'hui en position de faiblesse face aux détenteurs de capitaux qui menacent en permanence d'aller ailleurs si on ne les satisfait pas. Ce rapport de forces génère des réformes qui se font uniquement à l'avantage des détenteurs de capitaux"

Source: Le Monde ; 20minutes ;Le Parisien

2 commentaires:

  1. Vous mettez l'accent très clairement sur ce qui différencie la méthode Royal : on voit que c'est une vraie "révolution" . A terme, si elle réussit à faire passer l'idée, avec pédagogie que le peuple peut retrouver des pouvoirs et donc de l'espoir : elle aura gagné ...
    Le "ségolénisme" est en marche !
    A nous de le relayer ......

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  2. et fabius qui sur les retraites sur f.inter récemment affirmait doctement ses "nous, socialistes pensons que..." sans que le moindre débat public n'ait commencé...
    comme quoi des "nous" sont plus écrasants que des "je" qui n'ont pas peur d'intégrer tous les citoyens...

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