Interrogé par Le Monde, le sénateur socialiste de Côte-d'Or, François Patriat a déclaré que Dominique Strauss-Kahn, lors de sa dernière visite en France fin novembre, avait donné des « signes positifs » qui permettaient de croire qu'il serait candidat à l'élection présidentielle de 2012. L'argument suprême du sénateur consiste à affirmer que si Dominique Strauss-Kahn "avait choisi de ne pas revenir, il l'aurait fait savoir plus vite".
François Patriat sous-entend donc que Dominique Strauss-Kahn ne s'étant pas prononcé, c'est qu'il a choisi de revenir. Il oublie cependant que Dominique Strauss-Kahn s'est prononcé on ne peut plus clairement, pas plus tard que le 13 novembre, au cours d'un entretien avec le journal allemand Stern. Entretien mis en ligne sur le site du Fonds Monétaire International !
Voilà ce que dit très exactement Dominique Strauss-Kahn, en fin d'entretien, alors que les journalistes lui demande : « allez-vous concourir contre Sarkozy à la prochaine élection présidentielle ? »
« Strauss-Kahn: Et je vais vous dire ce que je dis tout le monde: je vais mener mon mandat de Directeur général du FMI jusqu'à la fin. Et le mandat se termine en 2012. » (Très exactement le 1er novembre 2012)
Il faut vraiment avoir envie de prendre des vessies pour des lanternes pour interpréter les propos de Dominique Strauss-Kahn comme le font actuellement certains « soutiens » de Dominique Strauss-Kahn.
Ou bien il faut croire que Dominique Strauss-Kahn est un sacré menteur qui dit officiellement quelque chose et qui se prépare à faire le contraire. Auquel cas, ayant largement donné ces 10 dernières années avec ce genre d'individu à la tête de l'État Français, il ne me semble pas intéressant d'encourager un tel candidat !
Dominique Strauss-Kahn, a dit très clairement qu'il avait choisi de ne pas revenir, de ne pas se présenter aux primaires du parti socialiste. Pourtant, certains me disent « oui mais tu comprends, si il annonce maintenant sa candidature, il perd toute crédibilité à la tête du FMI »...
Je leur ferais remarquer que si il a décidé d'être candidat à la présidentielle française et qu'il continue à laisser croire qu'il va diriger les FMI jusqu'à novembre 2012, c'est auprès du FMI et des institutions internationales qu'il va perdre toute crédibilité. Surtout lorsqu'on sait qu'il a, lors du dernier G20 de Séoul, en novembre 2010, accepté des missions extrêmement importantes pour le développement du FMI. Missions qui n'auraient certainement pas été confiées à cet organisme si Dominique Strauss-Kahn n'avait pas été à sa tête. Je rappelle également que ces missions seront évaluées au prochain G 20 qui aura lieu à la mi-novembre 2011, à Cannes.
Si Dominique Strauss-Kahn fait faux bon au FMI en juin 2011, pour se consacrer à la campagne présidentielle française, cela veut dire qu'il laisse tomber sa mission en cours de route. On reconnaîtra que c'est loin d'être une attitude responsable et qu'elle handicapera énormément, dans l'hypothèse où il est élu président de la république française, son action internationale.
On pourrait cependant penser que cette impossibilité de se présenter aux primaires n'empêchera pas Dominique Strauss-Kahn de se présenter à l'élection présidentielle de mars 2012. Mais c’est oublier que la fin de son mandat au FMI doit avoir lieu en novembre 2012. En outre je le vois mal s'affranchir , ce faisant, des règles du PS , de son soutient...sans provoquer une énorme rupture politique avec la gauche française ;-)
Je remarque tout de même, et c'est à mettre au crédit de Dominique Strauss-Kahn, que ça n'est pas lui, mais son entourage, qui entretient l'ambiguïté sur sa candidature. Il est intéressant de se demander pourquoi tous ces gens agissent ainsi en une période ou l'électorat, le peuple français, à besoin plus que jamais de clarté. Ce comportement est atterrant.
Au premier abord, il fait penser à ces enfants auxquelles on vient d'annoncer que le Père Noël n'existe pas et qui se raconte des histoires, cherchent désespérément des preuves de cette existence, tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas croire que leur rêve n'étaient qu'un rêve. Mais ce qui est valable pour des enfants de 7 ou 8 ans, me paraît quelque peu déplacé chez des adultes en âge de voter et encore plus chez des adultes qui ont en charges la gestion des affaires publiques....
Il y a donc tout autre chose derrière ce déni des propos de Dominique Strauss-Kahn. Autre chose qui est à mon avis plus proche de la tentative « de faire pression », en tant que courant politique interne au Parti Socialiste, pour que les idées du courant idéologique, dont Dominique Strauss-Kahn est l'icône, supplantent les idées des autres courants du Parti Socialiste.
Un constat simple montre que le courant Strauss-Kahnien n'est pas un courant majoritaire au sein du PS. Il a même, ces derniers temps, perdu énormément de poids au sein d'un Parti Socialiste qui est en train de revenir aux fondamentaux du Socialisme. Cette perte de poids politique, au moment où se construit un programme de gouvernement qui devra non seulement contenter les socialistes mais aussi l'ensemble des partis de la gauche française (en s'orientant vers une politique beaucoup plus sociale est beaucoup moins assujetti aux lois du marché que ne le souhaiteraient les Strauss-Kahnien) pourraient se concrétiser par des pertes en cascade de mandats électifs et par une perte notable d'influence dans les orientations gouvernementales, en cas de victoire de la gauche àla présidentielle et aux législatives de 2012.
Vu sous cet angle, il devient alors primordiale, pour les Strauss-Kahnien, de donner artificiellement plus de poids à leur courant. La manœuvre serait alors la suivante.
1° jouer sur l'image de Dominique Strauss-Kahn.
Dominique Strauss-Kahn est reconnu comme un présidentiable acceptable par l'électorat centriste, voir même certains électeurs UMP. Pour une gauche centriste ( social-démocrate) il peut être un atout pour gagner la présidentielle, sans avoir besoin de l'électorat de gauche ( à condition toute fois que ce dernier ne se mobilise pas en 2012).
2° Utiliser les sondages actuels
Les sondages, bien que très peu fiables, mettent Dominique Strauss-Kahn en tête d'une opposition contre la droite de Nicolas Sarkozy. Bien évidement les sondages vont évoluer avec le rapprochement de l'échéance électoral. Mais peu importe, c’est dans les 6 mois qui viennent qu'il est important de peser sur les bases du programme socialiste. Une fois ce dernier acté, le plus dur sera fait, surtout si le processus des primaires est écorné en ce qui concerne la construction participative du projet.
3° Alimenter le doute sur la candidature de Dominique Strauss-Kahn
Cela évite aux électeurs potentiels de se démobiliser et de reporter leur attention sur un autre candidat. Psychologiquement on alimente le fantasme, le désir . Politiquement cela évite d'avoir à préciser un programme, une orientation économique et social. Tout est dans le non dit, dans le pré-supposé, dans le suggéré et l'électeur potentiel s'en contente. C'est un peu la technique que Bayrou a utilisé en 2007.
En manœuvrant ainsi, on se dote d'un pouvoir virtuel, donné par l'opinion et le doute, qu'on aurait certainement pas si tous les socialistes reconnaissaient que Dominique Strauss-Kahn veut finir son mandat au FMI.
De fait, avec ce doute entretenu, ce courant politique interne peut influer beaucoup plus fortement sur le projet socialiste puisse que ce dernier doit être repris par le candidat qui sortira vainqueur des primaires sans handicaper sa crédibilité. Ainsi, d'un courant qui est loin d'être majoritaire au sein du PS, on peut devenir un courant beaucoup plus influents qu'il ne l'aurait été autrement. Mais on voit bien aussi, qu'il ne s'agit pas là de défendre l’intérêt général mais des intérêts particuliers. Qu'ils ne s'agit pas non plus de travailler pour l'union de tous mais pour la survie d'un petit groupe....
Or, si il y a actuellement une certitude, outre le fait que Dominique Strauss-Kahn a affirmé vouloir aller jusqu'à la fin de son mandat au FMI, c’est que bon nombre d'électeurs en ont plus qu'assez des petits calculs sordides et de l'instrumentalisation de l'opinion par le personnel politique. Les électeurs savent lire surtout quand le message est aussi clair que celui que Dominique Strauss-Kahn a délivré au journal Stern et ils attendent une gauche unie, soudées, réaliste et qui propose un projet de société et non un projet comptable, ni un jeu les titillant sur « l’obscure objet du désir »..
Sources: Le Monde, Fonds Monétaire International
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