vendredi 8 avril 2011

Projet socialiste pour 2012: un projet pour les “nantis”?

Ce qui suit va probablement  vous paraitre un peu dure, mais   je suis en colère contre le projet que le parti socialiste vient de rendre public.

Voilà bientôt deux jours que, depuis sa mise en ligne sur le site du parti socialiste, j'ai pris connaissance de ce projet ainsi que des différents documents qui l'accompagnent. Je précise (histoire qu'on ne vienne pas me taxer d'antisocialisme primaire) que j'ai commencé la lecture de ce document avec toute la bienveillance qui s'impose. Je ne m'attendais certes pas à des miracles, mais tout de même, je ne m'attendais pas, sur la forme, à un document aussi broussailleux, aussi prétentieux dans sa terminologie, et surtout aussi éloigné des préoccupations de la grande majorité de mes concitoyens, et en particulier les plus fragiles et les plus démunis d'entre eux. Je ne m'attendais certes pas un projet en forme de « manifeste du parti socialiste », mais je ne m'attendais certainement pas non plus à ce que j'ai lu et que je résumerai comme : « un projet pour les nantis ».

Deux jours a essayer de lire attentivement et de comprendre en quoi ce projet peut “galvaniser les foules” d'électeurs et porter le  socialisme au pouvoir.

La première remarque je me suis faite, c'est que, pour un document qui ne devait être au départ qu'un document de cadrage - que chaque candidat à l'élection primaire aurait tout loisir d'enrichir et d’amender au cours d'un travail de rencontre avec les militants et des sympathisants de gauche - 70 pages de projet (dont quelques thèmes sont très précisément décrits), cela allait laisser très peu de marge de manœuvre aux candidats, aux militants et aux sympathisants.

La seconde remarque porte sur la forme mais a également une incidence sur le fond.

J'ai fait une première lecture du texte pour essayer de trouver le diagnostic, l'état des lieux, que le parti socialiste faisait de notre société. Cela pour comprendre pourquoi le document était intitulé “projet de changement”. Étant entendu que si l'on veut changer quelque chose il faut au préalable faire une mise à plat de la situation que l'on veut changer, de ce qui est problématique dans cette situation, pour pouvoir élaborer, dans un premier temps des pistes de solution, puis des actions de changement. C'est ce que nous faisons tous consciemment ou inconsciemment, lorsque nous décrétons : « il faut que ça change ».

Si j'ai trouvé quelques bribes de diagnostic, je n'ai pas trouvé de diagnostic global clairement énoncé ni de problématique concrètement décrite. Il m'a donc été impossible de globaliser l'ensemble des thèmes abordés dans le document à fin d'en sortir un objectif de changement et de répondre aux questions : “ou veut-on aller? à quoi veut-on aboutir”?. Il y a bien un document d'une trentaine de pages dans lequel on trouve quelques éléments qui pourraient s'apparenter à un diagnostic, mais ils ne forment pas entre eux un tout cohérent, suivi d'une description des problèmes et des impacts qu'ils ont sur la société française. Du coup, l'articulation avec les propositions contenues dans le document de 70 pages, censées être le projet socialiste pour 2012, manque de cohérence. Dès lors, on a énormément de mal à déterminer de quel changement parlent les socialistes, quels en sont les objectifs, avec quels moyens ils comptent les atteindre.

Je conviens que ce n'était là que déformation professionnelle de ma part. J'ai donc laissé tomber cette grille de lecture, tout en me disant que, malgré tout, nombre de mes concitoyens se demanderaient eux aussi en quoi consistait le changement proposé par les socialistes et où la longue liste de thèmes, constituant le projet présenté, allait nous mener.

J'ai alors adopté une autre grille de lecture en essayant de me mettre à la place de ceux de mes concitoyens qui veulent vivre mieux du revenu de leur travail - non seulement matériellement mais également psychologiquement - ne plus craindre pour leur avenir et celui de leurs enfants, avoir la certitude qu'ils pourront être soignés de façon optimale  sans être obligés de s'endetter pour cela, pouvoir se loger, se chauffer, se laver, sans que tous les trois mois on leur annonce que cette part de leur budget s'accroît encore, etc..

Et la, nouvelle déconvenue, il apparaît très nettement, au travers de l'ordre dans lequel les différents chapitres se suivent, que le projet présenté est totalement déconnecté des préoccupations prioritaires des Français, telles qu'elles apparaissent, par exemple, dans les réponses aux différents items  du baromètre des préoccupations des Français de mars 2011, réalisé par TNS Sofres. Pour mémoire, si on analyse le classement des préoccupations, on constate que :

  • Le chômage et l'emploi sont les deux préoccupations qui arrivent en tête chez 67 % des personnes sondées
  • la santé et la qualité des soins arrive en seconde position pour 51 % des personnes sondées
  • l'évolution du pouvoir d'achat préoccupe 50 % des personnes sondées
  • le financement des retraites vient en quatrième position pour 49 % des personnes sondées, l'école
  • la qualité de l'enseignement préoccupe 44 % des personnes sondées, à égalité avec les inégalités sociales.
  • L'environnement et la pollution arrive en septième place pour 31 % des personnes sondées.
  • Le financement de l'assurance-maladie préoccupe 30 % des personnes sondées,
  • le logement préoccupe 28 % des personnes sondées
  • la sécurité des biens et des personnes préoccupent 22 % des personnes sondées à égalité avec la sécurité alimentaire et la qualité de la nourriture
    le rôle de la famille préoccupe 18 % des personnes sondées
  • la mondialisation de l'économie et des échanges commerciaux préoccupent 16 % des personnes sondées à égalité avec l'individualisme dans la société
  • la sécurité routière préoccupe 13 % des personnes sondées
    l'intégration
  • les relations entre groupes sociaux préoccupent 12 % des personnes sondées.

On voit bien que les trois préoccupations qui arrivent en tête font parti de ce que Maslow appelait les besoins de sécurité. De toute évidence la grande majorité de nos concitoyens rencontre, ou craint de rencontrer dans un avenir proche, des problèmes de survie. Il me paraît donc évident qu'un projet politique de société doit en priorité chercher à répondre à ces préoccupations et trouver des solutions concrètes à ces problèmes que rencontrent nos concitoyens. De même il doit communiquer clairement et concrètement sur des pistes de solution.

Or, que constate-t-on lorsqu'on prend connaissance du document de projets du parti socialiste ?

Le premier chapitre de 19 pages, concerne le redressement de la France et le nouveau modèle de développement. On y disserte de croissance, de production, de finances, d'Europe, de prestige de la Nation, d'immigration, mais rien dans ce premier chapitre ne vient parler concrètement aux français de leurs préoccupations prioritaires.

Il faut attendre le second chapitre, lire 19 pages de considérations très élevées mais trop éloignées de nos préoccupations quotidiennes, pour qu'enfin , en seulement 8 pages, soient abordées les questions importantes pour nos concitoyens. Celles-ci touchent à leur logement, à la sécurité des revenus et des ressources, à la sécurité physique contre la violence, à la sécurité sociale, à l'avenir des enfants, etc.

Certes vouloir que l'homme aspire à s'élever au-dessus des considérations bassement matérielles, l'intention est louable, mais, l'Homme actuel étant ce qu'il est, je crains fort que les grandes considérations du genre “respecter les droits et faire respecter les devoirs” ne semblent quelque peu fumiste et inintéressante à tous ceux qui, en ce moment en France, cherche désespérément à satisfaire les besoins essentiels de logements, de nourriture, de sécurité du revenu et de ressources, de sécurité physique, de stabilité familiale, de sécurité sociale et notamment sanitaire.

C'est courir le risque de voir bon nombre de nos concitoyens se détourner du projet socialiste que de leur parler davantage de promesses républicaines et de nouveau modèle de développement, c'est-à-dire de satisfaire des besoins « supérieurs » alors que leurs besoins élémentaires ne sont pas satisfaits... Et qu'on ne se propose pas de les satisfaire de façon évidente. C'est, en quelque sorte, prendre le problème à l'envers que de présenter à la grande masse des électeurs une réponse aux questions qui les préoccupent le plus, prises en sandwich entre deux pavés énormes de théorie économique et politique.

Il me paraît en effet un peu suréaliste, sachant que chaque besoin supérieur (culture, reconnaissance sociale, aspiration nationale) ne devient conscient et impératif que lorsque les besoins intérieurs sont satisfaits, de présenter un projet dans lequel, finalement, on ne trouve aucune réponse concrète ( du genre comment on va s’y prendre pour obtenir tel résultat)  aux questions que l'on se pose quant à la satisfaction de nos besoins essentiels et aux actions concrètes que les socialistes comptent entreprendre pour se faire, si ils gouvernent le pays.

Dès lors, en l'état actuel du projet, sur la forme, il ne me paraît ni attrayant (parce que beaucoup trop lourd en taille et trop confus quant à la présentation des différents thèmes) ni convaincant pour la grande masse de nos concitoyens qui, je le répète, sont préoccupés au quotidien par des questions de survie. À moins que, au travers de son projet, le parti socialiste ne s'adresse qu'à une population d'électeurs qui a la certitude, grâce à sa situation sociale et économique, que ses besoins élémentaires seront toujours satisfaits et jamais mis en péril.

Auquel cas, et la nous en arrivons aux questions de fond de ce projet, cela pourrait vouloir dire (ou être interprété comme tel) que le parti socialiste ne s'adresse absolument pas aux classes moyennes médianes et basses, et encore moins aux employés et aux ouvriers.... Cela pourrait vouloir dire que son projet de changement n'a pour seule ambition que de revenir à la situation économique et sociale des années 80 - 90 en y rajoutant une simple touche écologique à vertu électorale.

Si tel était le cas, ce serait une énorme maladresse, un désaveu complet des valeurs socialistes fondatrices ainsi que la garantie d'une victoire de la droite en 2012.

Sources : parti socialiste ; TNS Sofres.

2 commentaires:

  1. bonjour Louise, pour moi leur seul programme c'est nous baratiner pour nous en mettre plein la vue et avec ça se remplir les poches sur notre labeur, voilà ce que j'avais écris au sujet des socialistes et des prochaines élections Présidentielle de 2012;

    Non ni D.S.K et encore moins Sarkozy ni aucun de ceux qui prétendent actuellement à la présidence pour 2012 ils n’ont pas la sagesse ils n’ont pas l’envergure ni même les compétences car ces prétendants aux plus hautes responsabilités de l’état ne vois pas plus loin que le bout de leurs nez et de leurs intérêts.
    Il faut du sang neuf et ce n’est point une question d’âge mais surtout pas ce genre d’ambitieux égocentriques actuels ou autres ultra libéraux et encore moins ces xénophobes de droite ou d’extrême droite qui ne connaissent rien du terrain ou des besoins réel de la France de l’U.E et aussi du monde.

    Il ne faut ni un politicien ni un économiste ou autre farfelu qui s'associe avec les forces de guerre comme l'O.T.A.N.

    Un bon chef d'état (femme ou homme) c'est avant tout un sage, une personne d'expérience et de terrain, un esprit scientifique et clairvoyant, quelqu'un qui met l'humanité et l'univers au premier plan des préoccupations d'aujourd'hui et du futur.

    Choisissons bien les prochains élus qui devront gérer la nation, ils devront œuvrer dans le bon sens et savoir que pour leurs propres intérêts le bien de TOUS et primordial sinon nous sommes vraiment foutu...

    Je pourrais donner mon idée sur ma façon de voir la gouvernance des nations de ce monde mais ça c'est encore un autre point à débattre plus sérieusement...
    Aujourd’hui c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

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  2. hello, cette nuit je vais faire une publication assez forte sur mon site equal together et sur Agoravox et je vais la diffuser partout ou je peux j'aimerai que tu recopie mon texte aux cas ou... je serais inquiété ou arrêté ou autre choses, bonne soirée chère Amie !

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