Dans cette affaire relatée largement pendant le mois de juillet, plusieurs éléments « à charge » ont été mis à jour. Il s'agit d'éléments matériels ( mémo, enregistrements, carnets et agendas) et des témoignages ( secrétaire d'André Bettencourt, comptable de Liliane Bettencourt, Majordome et Chauffeur des Bettencourt, Patrice de Maistre)
1) Les éléments matériels
Parmi les documents qui ont été saisis, le 6 juillet 2010 par les policiers de la brigade financière aux sièges des sociétés Thetys et Clymène, à Neuilly-sur-Seine et au domicile de Patrice de Maistre figurent un mémo de Patrice de Maistre envoyé le 29 septembre 2006 au couple Bettencourt, les agendas de Patrice de Maistre.Les enquêteurs disposent également des carnets de caisse tenus par la comptable de Liliane Bettencourt. Carnets de caisse que Me Georges Kiejman,l'avocat de cette dernière a, d'après LCI, remis à la police, le 7 juillet 2010.
Ils disposent enfin de la totalité des enregistrements originaux effectués au domicile de Liliane Bettencourt.
Ces éléments vont leur permettre de remonter les pistes des retraits d'argent, des rendez-vous et de comparer les propos des employés de Liliane Bettencourt, notamment de Claire Thibout, avec ceux de Patrice de Maistre et d'Eric Woerth. Ils devraient également permettre de vérifier si l'ex-comptable de Liliane Bettencourt à fait de faux témoignages dans ces déclarations concernant un financement illégal de parti politique.
1- Le mémo du 29 septembre 2006
Ce document porte, selon Le Monde, sur des dons à l'UMP. Le site Internet du le NouvelObs a mis en ligne, le 15 juillet 2010, ce mémo,confirmant ainsi les dons faits par le couple Bettencourt à l'UMP.
"Strictement personnel et confidentiel", le mémo a été adressé le 29 septembre 2006 à André et Liliane Bettencourt. Patrice de Maistre, après avoir rappelé que, hors campagne présidentielle, les contributions étaient plafonnées à 7 500 euros, invite les deux époux à faire chacun deux chèques: l'un à l'Association nationale de financement de l'UMP et l'autre à l'Association de soutien à l'action de Nicolas Sarkozy. Il précise "Monsieur Woerth m'a fait savoir que vous aviez déjà envoyé un chèque de 7 500 euros à l'UMP, mais que celui-ci a été utilisé par Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres. Il faut donc que vous joignez un petit mot à votre chèque, pour spécifier qu'il est bien destiné à l'UMP." Dès 2006, le couple Bettencourt a donc participé au moins à hauteur de 30 000 euros au financement de l'UMP en signant 4 chèques pour ces deux associations.
2- Les agendas de Patrice de Maistre et les carnets de caissei de Claire Thibout
Ils sont particulièrement important dans cette enquête car ils permettent d'établir des corrélations entre les propos de Claire Thibout et l'emploi du temps de Patrice de Maitre. Par exemple:
Selon Le NouvelObs, Claire Thibout, aurait dit aux enquêteurs de la BRDP, "que M. de Maistre lui avait demandé de retirer 150.000 euros en espèces "Quand je lui ai demandé pourquoi c'était faire, pourquoi une telle somme, il m'a répondu qu'il devait organiser un dîner avec M.Woerth pour la lui remettre". A l'époque, elle a refusé car elle n'avait qu'un accréditif de 50.000 euros à la banque. On lui a donc demandé de retirer ces 50.000 euros, ce qu'elle a fait le 18 janvier 2007, sur le compte BNP. comme le démontre son carnet de caisse, à cette date là.
Selon France2, « Claire Thiboult dit avoir supposé que Patrice de Maistre s'était procuré le reste sur les comptes suisses de l'héritière de l'Oréal. Elle ajoute: "J'ai été là au moment où Mme Bettencourt a remis une enveloppe à Patrice de Maistre". Elle a précisé ne pas avoir assisté au dîner de M. de Maistre avec M. Woerth mais assure qu'il a bien eu lieu "car M. de Maistre me l'a dit..."
Dans l'agenda de Patrice de Maistre, il est inscrit, au 19 janvier 2007, une entrevue à l’heure du déjeuner pour un « café » avec Eric Woerth, alors trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.M. de Maistre, il convient avoir vu plusieurs fois le ministre, mais nie toute remise d'argent.
3 - Les enregistrements
Aucun des enregistrement ne mentionne que Patrice de Maistre a pu donner de l'argent, sous forme de liquide, à Éric Woerth. Cependant dans un enregistrement retranscrit par Le Monde, le 4 mars 2010, Patrice de Maistre demande à Liliane Bettencourt de signer trois chèques:un pour Valérie Pécresse, un second pour Eric Woerth, un troisième pour Nicolas Sarkozy.
Cet enregistrement révèle une pratique qui n'a certes rien d'illégale, si ce n'est qu'on découvre alors que de nombreux politiciens de l'UMP, sont a la tête de micros-partis politiques....
2) Les témoignages des employés de Liliane Bettencourt
Les témoignages de l'ancienne secrétaire particulière d'André Bettencourt, de l'ex-comptable des Bettencourt, de leur majordome et du chauffeur d'André Bettencourt laissent entendre que le couple Bettencourt versait régulièrement de l'argent liquide à des personnalités politiques .Mais c'est plus particulièrement l'ancienne secrétaire et l'ex-comptable qui vont décrire très précisément le processus de financement et donner des précisions sur les personnes politiques qui fréquentaient assidument les Bettencourt, précisément après des retraits d'argent conséquents.
Paradoxalement, si la presse a beaucoup mis en lumière le témoignage de l'ex-comptable, c’est celui de l'ancienne secrétaire particulière d'André Bettencourt, recueilli par les policiers de la brigade financière le 8 juillet 2010, qui a le mieux décrit le processus utilisé par le couple Bettencourt pour donner de l'argent à différentes personnalités politiques.
-- L'ex-secrétaire d'André Bettencourt:
Chantal Trovel, secrétaire du mari de Liliane Bettencourt de la fin des années 90 jusqu’à son décès en novembre 2007, dans un procès-verbal d'audition auquel Le Monde a eu accès et dont Mediapart déclare: "Je savais que M. et Mme Bettencourt aidaient financièrement des personnes politiques. C'était une évidence que ces personnes venaient pour cela". Elle parle de "candidats qui cherchaient à financer leur campagne ou des candidats sortants".
Elle recevait, en tant que secrétaire particulière, des demandes de rendez-vous de personnalités politiques qu'elle se chargeait de soumettre à André Bettencourt, qui choisissait. "Lorsqu'il disait oui, il recevait cette personne. Ils s'entretenaient ensemble durant une demi-heure à 45 minutes. Puis la personne repartait. Parfois, il arrivait que monsieur Bettencourt me dise 'il est venu vraiment pour ce que je pensais'. Mais il restait évasif".
D'après Le NouvelObs, Chantal Trovel est très affirmative sur la circulation des enveloppes d'argent liquide .
"J'ai effectivement eu connaissance de cela. Il arrivait parfois que M. Bettencourt fasse un don à une personnalité politique. Je savais que M. et Mme Bettencourt aidaient financièrement des personnes politiques. […] Il s'agissait d'argent liquide...M. Bettencourt avait dans son bureau un coffre contenant entre autres des grosses liquidités. Si une personne venait et qu'il avait la somme qu'elle lui demandait, alors il lui remettait les fonds. Mais si M. Bettencourt manquait de liquidités, soit il demandait à Claire Thibout de le contacter, soit il la faisait contacter par moi."
Les dépositions de Chantal Trovel, dont Le Monde et Mediapart publient des extraits jeudi 15 juillet, et dont Le Nouvel Observateur avait déjà dévoilé la teneur, confirment point par point les déclarations de Claire Thibout.
-- L'ex-comptable de Liliane Bettencourt:
Elle affirme qu'Eric Woerth aurait reçu 150.000 euros. Elle évoque notamment un épisode remontant à mars 2007, mettant en scène Eric Woerth, aujourd'hui ministre du Travail. Celui-ci, alors trésorier de l'UMP, se serait vu remettre, via le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, une somme de 150.000 euros destinée à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Elle affirme aussi, selon Lci, que Nicolas Sarkozy, quand il était maire de Neuilly de 1983 à 2002 est "un habitué" de la table des Bettencourt, "recevait aussi son enveloppe".
Claire Thibout a clairement affirmé que les visites des femmes et hommes politiques avaient toujours eu lieu le jour même où le lendemain du jour au Liliane Bettencourt demandait à sa comptable d'effectuer d'importants retraits d'argent à sa banque.
– Le majordome
Auditionné le 9 juillet, Pascal Bonnefoy confirme nous dit Le NouvelObs: "Ces enveloppes, elles existaient, j'en ai d'ailleurs vu une, une fois sur son bureau, papier kraft sans nom" Il explique également: "Tout d'abord Monsieur et Madame sont nés dans les années 1920 et à l'époque il n'y avait pas de chéquier ou de carte bancaire. Monsieur et Madame avaient donc tendance à toujours vouloir avoir des espèces, c'était leur mode de fonctionnement." Précisant: "Moi personnellement je n'ai jamais vu une enveloppe destinée à telle ou telle personne, mais lors des déjeuners ou des réceptions, il nous est arrivé entre nous de dire qu'effectivement ces réceptions étaient d'abord et avant tout conviviales mais que les convives venaient aussi pour solliciter Monsieur et Madame. Monsieur et Madame étaient très courtisés".
Le JDD nous éclaire sur les noms des personnalités politiques étaient invités dans des réceptions chez les Bettencourt, notamment un "grand diner" s'était tenu début 2007: « Nicolas Sarkozy, aperçu une seule fois, monsieur et madame Woerth, monsieur de Maistre, monsieur Kouchner et madame Ockrent. Monsieur Woerth, je crois que c'est monsieur de Maistre qui l'avait invité"
Le majordome, d'après le NouvelObs, se souvient « du couple Balladur, d’Éric Woerth, de Bernard Kouchner, de Pierre Messmer, de Maurice Druon, de Renaud Donnedieu de Vabres, du couple Chirac. De Nicolas Sarkozy aussi, "à l'époque il était ministre de l'intérieur je crois - période de 2002 à 2004 - et je ne l'ai vu qu'une fois".
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Je ne vous parle ici que de ce que nous avons su par médias interposés.J'imagine aisément que les enquêteurs, disposants de l'intégralité des pièces matériels et témoignages, ont relevé d'avantages encore de relations troublantes entre les témoignages du personnel de Liliane Bettencourt et les carnets, agendas, petits mots cachés qu'ils ont trouvé au cours des différentes perquisitions....
Sources: Le Parisien; LC; Le Monde; le NouvelObs; France2; Le JDD; Mediapart
i- Ce sont des carnets dans lesquels la comptable, qui était habilité à retirer des sommes en espèces effectués sur deux comptes bancaires de la milliardaire, notait précisément, de 1995 à novembre 2008, la date des retraits, l'emploi de ces sommes et leurs destinataires. D'après Claire Thibout, lorsqu'elle portait la mention « Bettencourt » au regard de la somme , cela voulait dire qu'il « s'agissait de l'argent destiné aux politiques, car il ne fallait pas de trace écrite ». Certaines sommes très importantes ne sont pas justifiées sur le plan comptable.
Mots clés Technorati : Affaire Bettencourt-Woerth,Eric Woerth,Patrice de Maistre,Claire Thibout,Chantal Trovel,Pascal Bonnefoy
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