En utilisant l'échelle de la participation construite par la consultante américaine Sherry R. Arnstein, il est possible à tout un chacun de faire l'analyse de la manières dont les pouvoirs publics font participer les citoyens aux prises de décision et de se rendre compte que la simple capacité d'écoute n'est qu'une contrefaçon de la démocratie participative.
Par définition, la démocratie participative désigne un ensemble de dispositifs, de procédures, visant à augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et dans la prise de décision.
L'objectif de la démocratie participative est d'étendre la participation du peuple à l'exercice du pouvoir au travers de la préparation concertée aux décisions, la prise de décision et le suivi et l'évaluation de ces décisions.
C'est pour pallier les lacunes de la démocratie représentative, et en particulier l'éloignement des élus du terrain, la méfiance envers les hommes politiques, la faiblesse des contre-pouvoirs, l'augmentation de l'abstention, que la nécessité de mettre en place une démocratie participative est devenue incontournable.
Elle est un compromis efficace entre la démocratie représentative et à la démocratie directe.
Elle se distingue de cette dernière car elle remet pas en cause l'élection, la légitimité, de représentants des citoyens. Par contre elle a en commun avec la démocratie directe la contestation du monopole du processus de décision par les élus.
Quels sont les principes de la démocratie participative?
Trois principes prédominent dans la démocratie participative:
La concertation :Le premier principe consiste à associer les citoyens à la discussion des choix collectifs à travers une série de dispositifs. Cette concertation ne peut avoir de sens que si elle est régulière et si elle peut être à l'initiative des élus et/ou d'un nombre significatif de citoyens. La concertation ne peut avoir d'intérêt que si, lors des débats, on aborde le fond des sujets , en se débarrassant de toute contrainte institutionnelle. La concertation n'aura d'importance que si les "règles de la concertation" sont établies en commun. Enfin, elle ne sera prise au sérieux que si il y a confrontations d'idées et négociations pour aboutir un projet commun.
La proximité : Le second principe est celui de la proximité. La démocratie participative est par essence une démocratie de proximité et qui permet, dans un quartier, dans une commune, de discuter des enjeux propres à cette commune,a ce quartier. Il est très important de veiller à ce que toutes les composantes " socio-démographiques" de la commune, du quartier, soient représentées. Il est également primordial, pour que la démarche soit crédible qu'il y ait un engagement solennel, de la part des élus,que les suggestions émises seront bien prises en compte.
Le débat égalitaire :Le troisième principe est celui du débat égalitaire entre citoyens « ordinaires », experts et élus, à partir d'une information complète, diffusée à tous les participants,sur les données du problème traité. Il ne s'agit pas, lors des débats égalitaires et participatifs, de se contenter de recueillir les avis sans qu'il y ait confrontation, ni apport de connaissances objectives. Dans tous les cas, le principe est d’organiser sur un thème précis un débat en assurant à l’ensemble des participants une égale considération et une information complète sur les données du problème traité. En ce sens, elle ne se confond pas avec une « démocratie d’opinion », qui se contenterait de recueillir différents avis sans organiser leur confrontation ni les nourrir de connaissances objectives ou de déverser des paroles d'experts sur un public qui n'aurait pas le droit de donner sa propre expertise issue de son expérience.
Les outils de la démocratie participative :
La mise en place une démocratie participative s'appuie sur plusieurs outils qui ont tous déjà fait preuve de leur efficacité en matière d'implication des citoyens dans les processus de décision et de contrôle de la mise en œuvre des décisions. parmi ceux-ci, on peut citer:
Les Jurys Citoyens (1), les Budgets Participatifs (2), les Sondages délibératifs, Internet, les Conseils d'enfants et de jeunes, la conduite de réunion.
Une réunion participative n'est pas une réunion de défoulement, une séance de thérapie de groupe, un sondage d'opinion. Elle est une réunion de travail (avec un objectif à atteindre, des décisions à prendre, un consensus à trouver) au cours de laquelle chaque intervenant est considéré comme un expert dans son domaine.
Le processus de la démocratie participative s'appuie presque entièrement sur l'échange contradictoire d'idées, de réflexions, d'informations, d'avis dans le cadre de réunions dont le but est de prendre des décisions. La méthodes de conduite de réunion, respectant les principes d'un débat respectueux et égalitaire, est donc un des outils essentiels de la mise en oeuvre de la démocratie participative.
Les méthodes de conduite de réunions les plus simples sont les plus efficaces pour favoriser la participation. Inutile donc de multiplier les mises en scène, les gadgets qui pourraient détourner l'attention des participants. Seule une bonne préparation, une bonne animation et l'exploitation du contenu de la réunion garantiront une "bonne pratique" de la démocratie participative.
Les techniques de résolution de problèmes font aussi partie de la « boîte à outils » que tout participant aux réunions doivent maîtriser.
Conclusion :
Après des dizaines d'années de confiscation du processus de décision par les élites (élus ou experts), il est donc très difficile pour ces dernières et pour les citoyens de partager ce processus.
Pour les élus, ils perçoivent la démocratie participative comme une perte de pouvoir et croient souvent, à tort, que développer une bonne capacité d'écoute sera suffisante. Il n'en est rien, il va leur falloir une volonté politique forte afin d'étendre le droit de vote (essence même pouvoir de décision), sa fréquence (au-delà du calendrier électoral traditionnel), de développer "l'initiative législatives" des citoyens.
Sur ce point, les citoyens vont aussi devoir s'impliquer davantage, en temps et en matière grise, en dehors des périodes électorales, dans la participation à la résolution des problèmes locaux.
Débattre librement, au travers d'une concertation dynamique, respectueuse de l'avis des autres, prendre des décisions collectivement, non plus sur le mode professoral ou en émettant des jugements de valeur, mais par confrontation de point de vue, est également quelque chose que les élus et les citoyens doivent réapprendre à faire pour que le processus de démocratie participative se déroule de façon satisfaisante.
Mettre en place un système organisé garantissant que toutes les idées constructives, novatrices, des citoyens seront examinés et prises en compte de façon acceptable par la grande majorité des personnes concernées et dans une logique de "bien communs", sera probablement l'engagement le plus difficile à prendre pour les élus alors qu'il est l'attente principale des citoyens qui se lancent dans une démarche de démocratie participative.
Pour en savoir plus:
Méthodes de participations locales:
Exemples de formes émergentes de démocratie participative en France
Réflexions sur la démocratie participative
Démocratie participative : des valeurs, une méthode
(1) et (2) Mis en place en Région Poitou-Charentes
Sources: Toupie.org ; Forumgc ; Paris Match; Marclemo ; Sciences Humaines
Mots clés Technorati : Démocratie participative,Sherry R. Arnstein
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