Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, dans une interview au Monde publiée samedi 21 août,défend sa politique sécuritaire de façon tellement démagogique que ça en serait presque un cas d'école...
La démagogie est une concept politique et rhétorique désignant l'art de conduire le peuple, de savoir lui parler et le charmer en s'attirant ses faveurs, notamment en utilisant un discours flatteur s'appuyant sur des préjugés populaires.
Souvent confondue avec le terme populisme, la démagogie se différencie de celui-ci en ce qu'elle renvoie à l'idée de dire au peuple ce qu'il veut entendre, alors que le populisme renvoie à l'idée de faire ce que l'opinion publique souhaite que ses élites mandatées fassent.
A quoi reconnait-on un discours démagogue?
1) Le discours démagogue sort du champ du rationnel. Il s'adresse aux passions, aux frustrations du peuple.
Ainsi en est-il des propos de Brice Hortefeux lorsqu'il emploi le mot "milliardaire " pour stigmatiser "certaines voix de la gauche" . Etre milliardaire, en cette période sombre de notre pays ou la pauvreté s'étend de plus en plus jusqu'au classes moyennes, ou des suspicions de conflits d’intérêts, si ce n'est de concussion des plus hauts représentants de l'Etat, apparaissent chaque jours,être milliardaire est extrêmement suspect....et encore plus quand on se dit "de Gauche ".On est en plein préjugé populaire...un milliardaire ne peut, c’est évident, qu'être de droite, enfin!
"La réalité, c'est que l'action engagée sous l'autorité du président de la République rassemble les Français",
Ici, l'utilisation du verbe rassembler n'est pas neutre du tout. Oubliant que même à droite, la politique sécuritaire gouvernementale ne fait pas l'unanimité, loin de là, il s'agit de donner à croire que "le peuple " appuie l'action du gouvernement. L'effet de masse est recherché.
2) Le discours démagogue recourt à la satisfaction immédiate des souhaits ou des attentes d'un public ciblé. Il ne recherche pas l'intérêt général mais vise uniquement à s'attirer la sympathie et de gagner le soutien.
Le meilleur exemple de ce recourt est indéniablement le "Je vous ai compris " de Charles de Gaulle.
Mais Brice Hortefeux n'est pas mal non plus, dans le genre, lorsqu'il nous parle de " la réalité de la société française " ou qu'il affirme que "La sécurité est l'un des tout premiers droits. Ceux qui le nient ne sont généralement pas les moins privilégiés."
Là le ministre appuie à fond sur le registre du "les élites et vous c'est pas pareil, ça vit pas dans le même monde...moi s " i! tend à nous laisser croire qu'il connait LA réalité de la société française. Outre le fait que Brice Hortefeux fait aussi partie des "élites ", il laisse croire qu'il y a un "classement " parmi nos droits de citoyens, alors que TOUS sont de même valeur et importance.
Il en profite au passage pour "tacler " l'opposition: "Sur la sécurité et l'immigration, comme sur la fiscalité ou les retraites, la gauche se tait, car elle n'a strictement rien à dire. Son silence est un programme"
Après avoir affirmé que ce droit à la sécurité et en quelque sorte nié par les privilégiés....Ce qui n'apparait pas dans les discours des opposants aux méthodes du gouvernements. Brice Hortefeux omet tout simplement de dire que ce n'est pas l'insécurité qui est remise ne question mais les moyens utilisés par le gouvernement pour lutter contre l'insécurité qui sont remis en question.
3) L'argumentation démagogique fait souvent appel à la facilité, à la paresse intellectuelle en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes. En cela, elle se différencie totalement du discours pédagogique.
"Vous êtes aveuglés par le sentiment dominant des soi-disant bien-pensants, qui, en se gargarisant de leur pensée, renoncent à agir"
L'analyse est simpliste: VOUS êtes aveuglés...Ça n'est pas lui, c’est nous qui ne voyons pas...
La preuve, Brice Hortefeux n'hésite pas à la fournir
«Tout n'est pas résolu, mais j'affirme une chose simple et vraie : notre pays est aujourd'hui un des plus sûrs de la planète"
Satisfécit, auto congratulation et une touche de pseudo pragmatisme pour finir "Sauf à vouloir augmenter les impôts ou y soumettre les ménages qui n'en payent pas aujourd'hui, les contraintes budgétaires nous imposent de maîtriser les effectifs. J'assume cette vérité. "
Ah les contraintes budgétaires, la crise, les marchés, tout ces vrais dirigeants du pays auxquels il faut se soumettre, à en croire le gouvernement … Si ils n'existaient pas pour servir de causes à tous nos maux, je pense qu'il faudrait les inventer!
Mais que sont ces contraintes budgétaires sinon la mise en applications stricte et folles des dogmes comptables issus du libéralisme mondial?
Qu'est donc cette crise si ce n'est la perversion évidente d'un système financier et économique qui cherche désespérément à reprendre son souffle quelque peu coupé par sa goinfrerie?
Qu'est ce donc que ces marchés si ce n'est des hommes et des femmes qui jouent avec l'argent que génère le travail de milliards d'individus?
De cela, Brice Hortefeux ne nous dit rien....Étonnant non?
Sources: Le Monde; Le NouvelObs; Libération;Marianne2 ;Le Parisien; Paul Jorion
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